Le smartphone touché par la grâce

Photo Alessandra Tarantino (AP).
Photo Alessandra Tarantino (AP).

Roland Barthes, qui considérait la photo comme «une magie, non un art», aurait adoré. D’un geste, le pape François a balayé le dogme des essentialistes, pour lesquels seule la transmission directe du rayon lumineux donne son prix à la trace argentique.

Adepte du selfie, le pape argentin a une fois de plus démontré son goût pour l’innovation en bénissant un enfant par l’intermédiaire de l’écran d’un smartphone, lors d’une audience le 16 janvier dernier (source: La Repubblica). Face à l’illusion de la cyber-présence, François a joué la force de l’acte rituel. Sur un plan sémiotique, il a estimé que l’image numérique renvoyait à son référent de manière aussi certaine qu’une empreinte par contact.

Nouvelle application de la technologie multitouch, ce geste mérite d’entrer dans l’histoire des théories photographiques. Face au modèle du rayogramme invoqué par Rosalind Krauss, il restitue à la croyance indicielle sa dimension tactile et sa condition surnaturelle.

5 réflexions au sujet de « Le smartphone touché par la grâce »

  1. Le geste est effectivement intéressant, même s’il est dans la continuité des pratiques de bénédiction. En cela, l’usage de la photo ne change pas, on s’adapte au support et on reste dans une bénédiction directe du support représentant la personne. Mais visiblement certains ont déjà eu l’idée d’aller plus dans la dématérialisation des supports de bénédictions : http://www.usine-digitale.fr/article/godblessyoo-une-appli-pour-benir-ses-photos.N324776

  2. Le geste n’a rien de nouveau. souvenez-vous de Jesus qui guérit un malade qu’il n’a jamais vu simplement parce que son père a la foi…

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