Plus encore que lors des saisons précédentes, le dénouement de la 5e saison de Games of Thrones a secoué l’univers des fans. Même si le feuilleton a habitué ses spectateurs à une nouvelle figure de style: voir disparaître l’un après l’autre ses héros préférés, le massacre romain d’un des personnages les plus aimés de la série, Jon Snow, ne passe toujours pas. Dès la diffusion du dernier épisode, et la parution de l’interview de l’acteur Kit Harington, assurant qu’il n’allait pas revenir, une longue plainte s’est fait entendre, relayée y compris par Barack Obama. Passé le premier moment de sidération, les fans ont remué ciel et terre pour trouver la preuve de la résurrection de leur idole.
Cette enquête participative est caractéristique des nouvelles formes narratives entretenues par les séries. A rebours d’une narration centrée sur l’histoire, le feuilleton valorise le personnage, devenu le principal fil conducteur d’une intrigue au long cours. GoT a tout particulièrement travaillé cette dimension, en multipliant de manière inédite héros et personnages secondaires, et en faisant reposer sur l’incarnation individuelle le ressort principal de l’arc narratif.
Cette évolution trouve un renfort précieux dans les médias spécialisés, qui entretiennent depuis longtemps la confusion entre le rôle et la personne de l’acteur, production typique de l’espace promotionnel, à l’origine de la presse people. L’un des secrets de la prosécogénie des séries tient au travail considérable de valorisation assuré en permanence par un système médiatique centré sur la persona publique de l’acteur.
La disparition de Jon Snow illustre à la perfection les paradoxes d’un état qui rappelle le chat de Schrödinger, à la fois vivant et mort. A la fois mort comme personnage et vivant comme acteur, Kit Harington devient le support par substitution des interrogations portant sur l’avenir de la série. De fait, le comédien est doté d’un savoir pragmatique sur le rôle, et apparaît comme une source fiable d’informations sur la fiction. Ainsi, l’apparition à Wimbledon de l’acteur doté de l’abondante chevelure qui lui est imposée par contrat a été interprétée comme la preuve de la survie du Lord Commander dans la saison 6.
En attendant la confirmation ou l’infirmation des espoirs des fans, le personnage Jon Snow évolue dans un espace parallèle où il n’est déjà plus tout à fait mort – ce qui représente à l’évidence une consolation. Il est fascinant de constater la force d’un attachement pour un héros de fiction, dans une temporalité qui permet d’entretenir l’espoir. Cet attachement conduit à refuser sa disparition dans l’intrigue, préservant ainsi la possibilité des retrouvailles avec le personnage aimé, dans les formes inédites qui sont celles, non de la répétition d’une fiction, mais de la surprise du récit encore à venir – si proche de la vraie vie.
5 réflexions au sujet de « Jon Snow, vivant et mort, pour l’amour des fans »
Pour les inconsolables (un peu anglophones quand même), cette preuve de vie qui m’a fait mourir de rire. https://www.youtube.com/watch?v=BabsgCQhpu4
Sympa de nous faire passer pour des illuminés ! Nos preuves de retour vont plus loin que la coupe de cheveux de l’acteur! Renseignez vous avant de juger !
@miss: Hum, vous me paraissez un peu susceptible! Je ne vois pas ce qui peut faire passer ici un fan pour un illuminé (surtout si l’on tient compte du fait que j’en suis un… ;) voir: http://imagesociale.fr/1117 ou http://imagesociale.fr/1645)
« A moins qu’il soit bel et bien question de le ressusciter prochainement, au même titre que Ned, que l’on reverrait dans le flashback à la Tour de la Joie s’il devait voir le jour. Les rumeurs ne font que commencer. »
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18644514.html
« Une scène de bataille, prévue pour l’épisode 9 de la nouvelle saison, est actuellement en tournage à Saintfield en Irlande du Nord et l’acteur y aurait été aperçu. »
http://www.vanityfair.fr/monde-de-vf/articles/game-of-thrones-le-retour-dun-personnage-important-dans-la-saison-6/27985
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