En dépit de centaines de films post-apocalyptiques, l’humanité ne finira pas dans une catastrophe nucléaire, ni dévorée par les zombies: elle finira cuite, et plus vite qu’on ne pense. Tel est le pitch de l’article très remarqué du New York Magazine du 10 juillet (voir son résumé français sur Usbek et Rica), qui prend pour la première fois la parti de décrire les effets du réchauffement climatique en dressant le portrait d’un monde insupportablement chaud.
Abandonnant la métaphore de l’ours polaire, menace lointaine et paradoxale, le magazine choisit une autre image emblématique: celle d’une planète brunie et calcinée, en couverture d’un faux Catalogue de la Terre condamnée, citation parodique du fameux Whole Earth Catalog (1968) de Stewart Brand.
Le manuel contre-culturel inaugurait la célébration d’une des figures les plus marquantes de la conscience postmoderne, issue de la conquête spatiale (voir “Blue Marble. La terre vue de l’espace”): la planète bleue, symbole d’un monde à partager et à préserver.
Un demi-siècle plus tard, le détournement de cette icône représente un choix iconographique sensiblement plus alarmiste que l’imagerie écolo-friendly de la communication climatique, et le renversement d’une histoire. Un tournant qui traduit le changement de perspective marqué par la perception de la montée au présent des périls et des dérèglements liés au réchauffement planétaire.
- Lire la suite: «Le récit du dérèglement climatique se réchauffe».
3 réflexions au sujet de « Un tournant: la Terre inhabitable »
Et bien, apres avoir lu l’article, une chose est sure: Je prefererais de loin vivre la fin du monde en companie de Stewart Brand et the Whole Earth Catalog, qu’avec l’auteur de cet article a vomir… (tiens il a oublie de parler de l’odeur du vomi, en plus de celle du caca, pourtant ca sentira pas la rose dans les colonies martiennes et les abri anti-atomique et anti-secheresse des milliardaires restes sur terre)
Bon, blague de mauvais gout a part, votre billet sur l’impuissance des images a parler du rechauffement climatique est vraiment tres bien. Amitav Ghosh parle de la meme chose dans son dernier livre. La faiblesse de notre imagination. C’est un probleme non seulement pour la communication mais aussi (et surtout) parce que ca nous empeche de trouver des solutions!
Nous sommes en 2088.
La température planétaire a augmenté de 5°C depuis le début de l’ère industrielle, faisant monter les océans et déplaçant les populations. Dans Clear atmosphere, l’air est doux, conditionné et pur. C’est ce que dit la publicité. Le centre commercial est le seul lieu de la ville où il est possible, moyennant paiement, de respirer à l’aise tout en accédant à mille services. Avant de replonger dans la fournaise extérieure saturée de particules fines…
http://choses-dingen.tumblr.com/post/157315459998/nous-sommes-en-2088-la-temp%C3%A9rature-plan%C3%A9taire-a
Les commentaires sont fermés.