Gérard Filoche a été exclu du parti socialiste et voué aux gémonies pour avoir rediffusé un photomontage antisémite le 17 novembre dernier sur son compte Twitter. Je laisse de côté l’interrogation de l’opportunisme politique de ses (ex-)camarades de parti, qui ont saisi au vol l’occasion de se débarrasser d’un énergumène un peu trop voyant. Sur le fond, il s’agit manifestement d’une erreur de l’ancien inspecteur du travail, qui a admis avoir rediffusé trop vite cette image, sans distinguer son arrière-plan. Les plus bienveillants ont mis cette bévue sur le compte de l’âge ou de la précipitation de la culture du retweet. Mais nul ne s’est interrogé sérieusement sur les ambiguïtés de la caricature, pas plus que sur l’écart entre son invisibilité dans son contexte original et l’émoi suscité par sa citation tardive par une personnalité connue – qui sont pourtant les questions les plus intéressantes du point de vue de la culture visuelle.
Un mot sur le mode de rediffusion, élément essentiel de l’appréciation du geste malheureux de Filoche. Si, comme l’affirment certains, sa source avait été le site Egalité et Réconciliation, dirigé par l’agitateur d’extrême-droite Alain Soral, qui publie ce photomontage le 12 février 2017, en pleine campagne électorale, alors le soupçon d’un préjugé antisémite ne pourrait être écarté. Mais Gérard Filoche, qui parle de «retweet», suggère que sa source est bien le réseau social Twitter. Personne n’a effectué de vérification sur la plate-forme. Or, la seule diffusion antérieure au message du militant socialiste est celle effectuée la veille par le compte Stopmensonges, le 16 novembre, peu après l’annonce par le site Egalité et Réconciliation des poursuites judiciaires visant Alain Soral pour incitation à la haine raciale, en raison de la diffusion du photomontage anonyme.
Le compte Stopmensonges (3743 followers) est celui d’un blogueur indépendant, regorgeant de fake news et d’informations conspirationnistes, mais est aussi nettement anticapitaliste. Si cette source est bien celle de Filoche, nous pouvons y voir l’explication du choix de la copie d’image plutôt que celle du retweet, destinée à masquer cette origine douteuse. Ce scénario n’est guère reluisant, mais il est cohérent avec l’idée d’une apparition décontextualisée du photomontage, condition d’une interprétation dépourvue de la clé de lecture antisémite.
Les erreurs d’interprétation d’une image ne sont pas nombreuses dans le débat public. Je répertorie soigneusement ces exemples de dyslexie, car ils contredisent l’idée reçue de «l’image qui vaut mille mots» – l’universel préjugé de la transparence des formes visuelles. Un article d’un spécialiste nous l’assure: «cette image relayée par Gérard Filoche est antisémite», et nous livre les clés du photomontage.
L’iconographie du complot, qui associe figures géographiques (globe terrestre, drapeaux) et personnifications allégoriques (ici les personnages de Patrick Drahi, homme de médias, Jacob Rothschild, banquier, et Jacques Attali, influenceur politique), marquée également par la thématique de l’ombre et le rejet à l’arrière-plan, qui expriment l’influence occulte. Les signes de l’argent, représentés par des billets de banque à l’arrière-plan ou par le brassard d’inspiration nazie sur lequel figure le symbole du dollar. Sans oublier le marqueur juif, représenté par les trois personnages d’arrière-plan et par le drapeau israélien: l’ensemble de ces éléments ne laisse aucun doute sur l’intention antisémite de l’auteur anonyme du montage.
Mais Nicolas Lebourg le reconnaît: l’interprétation correcte de ces signaux requiert de maîtriser des «argumentaires» qui ne vont nullement de soi: «comprendre le lien fait entre nazisme, dollar et drapeau israélien réclame de passer par plusieurs points» constitutifs de la rationalité antisémite. L’érudition mobilisée par l’expert paraîtra familière aux connaisseurs de l’histoire politique et médiatique du XXe siècle, mais l’erreur lourde de conséquences de l’ex-apparatchik montre que cette rationalité n’est plus aussi accessible que dans les années 1930-1940.
Alors même que j’ai consacré mon DEA et plusieurs années d’études à l’imagerie nazie, je n’ai d’abord accordé qu’une attention distraite à cette image, lorsqu’elle a ressurgi en vignette sur Twitter. Immédiatement gêné par le motif du brassard, contradictoire en apparence avec le récit antisémite (ce sont les nazis qui sont antisémites), je me souviens n’avoir identifié de prime abord ni le personnage de Jacob Rothschild qui surplombe Macron, ni le drapeau israélien bleu sur fond bleu, ni les billets de banque obscurcis à dessein par le montage.
Les deux clés qui me faisaient le plus défaut pour saisir au premier coup d’oeil sa signification, était l’association spontanée du personnage de Macron au “complot juif” – idée sans doute logique du point de vue antisémite (Macron est ancien banquier d’affaires chez Rothschild), mais qui paraît évidemment baroque pour quiconque ne partage pas la conviction que les juifs dirigent le monde. Par ailleurs, n’ayant pas reconnu Jacob Rothschild, et ignorant les origines de Patrick Drahi (il a fallu que je vérifie sur Wikipédia), je n’ai pas non plus repéré chez Attali le caractère “juif” – clé de l’interprétation de la présence du trio à l’arrière-plan. En d’autres termes, c’est parce que je ne suis pas antisémite, c’est-à-dire obsédé par l’identification des juifs aux postes d’influence, que je n’ai pas reconnu d’emblée ce qui fait le sens du montage pour son émetteur (un cas similaire à celui de l’affiche anti-avortement sortie de son contexte droitier, incompréhensible pour une rationalité de gauche).
Bien sûr, ce brouillard s’est dissipé en l’espace de quelques secondes, au prix d’une deuxième lecture plus attentive. L’identification du drapeau israélien a notamment permis de réorganiser l’ensemble des informations du montage. Cette reconstitution ne paraît pas d’une grande difficulté. Reste que la relecture attentive qu’impose cette image n’est pas notre manière habituelle de nous comporter face au flux iconographique, soigneusement préparé pour être consommé en un instant. L’association de Macron au “complot juif”, récit de la fachosphère qui n’a heureusement pas passé le seuil de l’information générale, n’est pas un réflexe spontané de la majeure partie du public. Seule la contextualisation produite par les énoncés accompagnant l’image permet l’identification rapide d’une rhétorique éloignée du débat public.
Ces observations permettent de comprendre le geste malheureux de l’ex-responsable socialiste. La proximité historique du récit anti-juif et de la rhétorique anti-capitaliste, qui partagent la détestation de la finance, contribue à expliquer, dans un contexte d’attention oblique, la dyslexie de Filoche, d’abord sensible à l’anti-macronisme du message.
A dire vrai, l’hermétisme relatif que documente ce cas devrait être considéré comme une bonne nouvelle. Le rejet de l’antisémitisme, qui a fortement atténué son empreinte publique, a aussi contribué à éloigner sa rationalité du common knowledge. C’est bien pour cette raison que les caricatures régulièrement diffusées par le site Egalité et Réconciliation, toutes plus étranges et monstrueuses les unes que les autres, ne sortent pas d’un entre-soi confidentiel. Le paradoxe de l’erreur de Filoche aura été d’attirer l’attention sur une production qui n’en suscite habituellement aucune dans le débat public. Mais c’est bien parce qu’il ne partage rien de la culture antisémite qu’il a pu rediffuser cette image
34 réflexions au sujet de « L’inquiétante étrangeté de la caricature antisémite »
Excellente déconstruction de l’utilisation trop pressée de cette image…
Il est vrai que le PS n’est plus à un membre près !
ayant trouvé cette image parfaitement conforme à ce que je pense du nouvel élu président des riches (comme on dit) et remarqué la présence de l’influenceur (comme joliment écrit – édulcorant, cependant, le retournement de veste dont le producteur affligeant de verbatim détient une maîtrise quasiment spontanée sinon sacrée) lui-même ayant mis le pied à l’étrier du micron suscité, je suis même allé jusqu’à partager cette image sur ma time-line fb (ainsi que le gérard viré en son tweet manifestement désinformé et probablement pas plus antisémite que vous ou moi) : depuis, j’ai effacé cette recommandation (nul doute qu’elle reste dans la mémoire de l’algorithme, j’imagine), mais ce commentaire juste pour apporter une eau (frelatée, certes) à un moulin peu ragoûtant… (j’avais, je me souviens pourtant, légèrement tiqué sur le brassard mal orienté s’il en est – mais la police et la sécurité (la loi, par extension ?) n’en portent-elles pas toutes ?) (pas reconnu ni le banquier ni l’endetté de 2021…)
Votre dernière phrase « il [GF] a cliqué sur le bouton du retweet » : non, c’est un tweet, il l’a rédigé et y a inclus l’image (depuis son ordinateur ou en copié-collé).
Je n’en attendais pas moins de toi André. Merci.
@AlexM: Merci pour la rectification!
Qui représente le mieux ce monde de la finance dont est même issu macron?
Qui représente le mieux le magnat des medias qui ont porté macron (message SFR, BFM etc..) ?
Qui représente l’intellectuel qui forment et désignent ouvertement les futurs présidents ( la prochaine sera une femme dit-il…) ?
Sont ils sionistes ou juifs pratiquants les preceptes de la Torah dont un qui demande au peuple d’israel d’attendre ?
Quel pays mène le monde avec 50% de puissance militaire mondiale ?
Ou voyez vous une stigmatisation claire des juifs comme appartenance religieuse ici ? ont ils l’etoile jaune etc.. ?
Il faut arrêter l’hypocrisie, cette image reflète les réelles forces « motrices » en présence, et qu’un antizemitisme bien utile sert bien évidement à masquer…
Rothschild et Attali ne sont même pas juifs au sens strictes, mais ouvertement kabbalistes adeptes de Szvi et Frank qui ont tous deux perverti cette religion en se déclarant messie. (ultime blasphème pour les fidèle à la Torah), Pour Drahi plus discret, on sait simplement qu’il ne pratique pas le shabbat comme il se doit.
Pour un inculte qui ne lit que libé et ne regarde que la télévision, oui c’est une caricature antisémite, pour les autres plus informé, ce n’est que la stricte vérité bien loin de la question juive et qui mènera,oui, jusqu’au désastre si cela continue, et pour les juifs pratiquants, ou tout autre qui embrasse le livre abrahamique c’est un réel danger parce que c’est eux qui pâtiront de cette méprise, tel connue en 33, que vous colportez…
Un opéré le 8ème jour inquiet…
Tweet et pas retweet, important cette précision, car cela veut dire qu’il faut la récupérer cette image, qu’elle ne tombe pas comme ça par hasard. Et quand on va sur le site de Egalité et Réconciliation, on ne peut pas dire que l’on ne comprend pas clairement de l’endroit où l’on met les pieds.
L’argument de l’ignorance et de l’erreur d’interprétation ne passe pas. Il ne s’agit pas de condamner, il s’agit de pas justifier…
Après la cuisine interne du PS, c’est une autre histoire qui ne peut en aucun cas noyer le poisson.
sauf erreur de ma part l’auteur de cet article se fourre le doigt dans l’oeil, jusque dans le choix du titre. Si en effet on accepte de le suivre dans son raisonnement, et de le croire sur parole là où il prétend que le triste sbire n’aurait pas réalisé ce qu’il faisait alors il fallait sans aucun doute titrer : « L’inquiétante BANALITE’ de la caricature antisémite »
Laisser la possibilité de commenter sous un billet indique que mon souhait n’est pas d’imposer mon point de vue, et que la discussion est ouverte. Toutefois, pour que celle-ci soit profitable, il est préférable de rester correct, et de présenter au moins un argument qui puisse être discuté en retour. Par ailleurs, il n’y a aucune raison de s’énerver à propos d’un débat iconographique, dont la virulence ne s’explique que par les inimitiés politiques. Faut-il préciser que ce n’est pas ici l’angle que l’on privilégiera?
J’allais oublier… « L’inquiétante étrangeté » est une citation d’un célèbre essai de Freud, « Das Unheimliche », ainsi traduit en français par Marie Bonaparte. Cet essai porte sur le retour du refoulé, qui est générateur d’angoisse. On peut consulter l’article de Wikipédia à ce sujet. Je pense que cette expression s’applique très précisément au cas de ce photomontage.
En regardant l’image pour la première fois, à la suite de sa publication par Filoche, je n’ai moi non plus pas compris en quoi elle posait problème. Il m’a fallu un moment et même des explications. Des trois visages, je ne connaissais que celui d’Attali. Drahi, je l’avais peut-être vu aussi, mais pas au point de le reconnaître. Les drapeaux, je ne les avais pas distingués, c’est trop sombre. Ce langage iconique n’est identifiable que par les antisémites et par ceux qui s’y intéressent.
Comment l’image est arrivée sur le bureau de Filoche, ça, effectivement, on n’en sait rien. Mais vraiment rien.
J’ajoute un point: l’image est si laide qu’on n’a pas envie de la regarder. Elle rebute le regard, elle le fait fuir et décourage les examens plus approfondis qui permettraient de localiser la source précise du malaise qui s’en dégage – l’antisémitisme.
S’agissant de Filoche, votre explication me semble très pertinente. C’est un homme politique, ou un militant, si spécialisé (dans le droit du travail) qu’il est comme analphabète à tous les autres langages. Cette image, il l’a donc lue avec ses propres mots, et il lui a donné un tout autre sens que ceux qui l’ont conçue. Lors des débats entre socialistes préalables aux primaires, on voyait bien cette incapacité de Filoche à sortir de sa spécialité, pour parler diplomatie, discriminations raciales, féminisme, école etc. Dès qu’il fallait parler d’autre chose que du droit du travail, il ne savait plus. C’est sa seule langue – il la parle parfaitement, et manquera terriblement au débat public – mais il ne comprend rien, ou alors de travers, au reste.
Je suis stupéfait par la facilité avec laquelle certains -dont vous- excusent Filoche de son tweet (et non retweet) dégueulasse. Oui, Gérard Filoche est un homme politique important pour une partie de la gauche, qui a apprécié ses analyses pour s’opposer à la réforme sarkozyste des retraites, ou ses interventions sur la crise économique, sur la possibilité de construire une autre Europe, etc. Mais cela ne justifie en rien qu’on excuse ses errements ultérieurs.
Quelqu’un qui a son âge et sa culture ne peut pas prétendre ne pas avoir vu les éléments de la caricature… toute caricature montrant un globe terrestre surplombé par un personnage est suspecte ; les drapeaux sont très rapidement visibles, et immédiatement je crois qu’on comprend l’ensemble du message.
On ne doit pas se laisser aveugler par notre proximité idéologique avec Filoche en ce qui concerne les luttes sociales, et refuser de pointer des comportements abjects. Ses premières réponses lorsque les remarques lui ont été adressées étaient de l’ordre de l’entêtement, pas de l’erreur comprise et admise.
J’espère qu’il ne suivra pas la même évolution qu’un Chouard, ou que d’autres rouges devenus de réels rouges-bruns.
@Thibaud: Je ne suis pour ma part pas surpris de rencontrer une réaction qui reprend le triste motif du « expliquer, c’est excuser », cher à Manuel Valls. Une telle confusion n’a évidemment pas sa place sur un blog de chercheur.
Je n’éprouve ni antipathie ni sympathie particulière à l’égard de Gérard Filoche, dont la mention sur ce blog n’est due qu’à son apparition dans un débat de culture visuelle.
Le problème que pose mon billet à ceux qui préfèrent le procès d’intention à l’analyse, c’est que même si Filoche était un immonde salopard antisémite, personne ne peut me convaincre d’avoir vu ce que je n’ai pas aperçu, ni compris ce que je n’ai pas su décoder au premier coup d’oeil. Pour quelqu’un qui revendique d’être un spécialiste des images, on imagine qu’un tel aveu n’est pas chose aisée. Mais être spécialiste des images, c’est précisément comprendre à quel point notre vision est déterminée par des schèmes mentaux préalables, qui conditionnent l’interprétation. Je sais bien que dans un monde persuadé de la transparence des images, cette leçon est difficile à entendre. Elle ne fait pourtant que confirmer une lignée déjà longue de travaux spécialisés (voir notamment: Ernst Gombrich, L’Art et l’Illusion, Paris, Gallimard, 1971).
@André Gunthert : je ne conteste pas votre bonne foi, mais votre approche -et ce pour… quatre raisons, pas moins.
La première est qu’un type qui va faire ses courses chez Soral sait très bien où il met les pieds.
La seconde est qu’à la limite peu nous importe de savoir si « au fond de lui-même » Filoche est, ou n’est pas, « un antisémite » : quelqu’un peut très bien agir en ce sens parce qu’il y trouve son intérêt, mais sans autre obsession.
La troisième, et non la moindre, est qu’on voit mal en quoi une information cesserait d’être antisémite au motif qu’un nombre grandissant d’internautes ne disposent pas des références leur permettant de la percevoir comme telle.
La quatrième est que vous jouez sur le mot : « antisémite ». Certes cette caricature n’est pas… formellement, antisémite, mais elle ne l’est pas moins, tendanciellement -et même très directement.
Admettons, que les personnages à l’arrière-plan ne soient pas formellement identifiés comme Sémites : ce n’en sont pas moins des gens qui « tirent les ficelles, dans l’ombre ». Voyez ce que je veux dire !
Admettons, que le dollar présent sur le brassard du personnage au premier plan ne soit pas de… l’argent juif : ce n’en est pas moins le symbole du bien-connu « cosmopolitisme ». Pas gêné aux entoure-loupe, le bureaucrate…
@luc nemeth: Filoche a indiqué avoir supprimé son tweet dès qu’il a eu connaissance de la provenance du montage, et l’ensemble de ses déclarations impliquent que sa découverte de l’image relève de la sérendipité du web. Une recherche sur Twitter suggère que la source de Filoche pourrait être le compte Stopmensonges, qui rediffuse le photomontage le 16 novembre, assorti de la légende: « Le photomontage que Macron n’aime pas ;) » https://twitter.com/stopmensonges/status/931174422777491457
Vous n’avez pas lu très attentivement mon billet, dont le titre confirme d’emblée qu’il s’agit bien d’une caricature antisémite, caractérisation qui n’est nullement remise en cause, puisque je parle de dyslexie, autrement dit d’erreur de lecture. Erreur qui s’explique par le fait que la reconnaissance des traits antisémites ne s’effectue visiblement pas au premier coup d’oeil pour tous les spectateurs, comme l’indique mon exemple et quelques autres ci-dessus. Les « symboles bien connus » que vous désignez dépendent en réalité d’une imprégnation culturelle particulière, dont nous pouvons nous réjouir qu’elle n’aie plus aujourd’hui l’emprise qui fut la sienne autrefois.
@André Gunthert : Qu’un homme politique ayant une bonne connaissance des supports de communication depuis de nombreuses années, et qui plus est, invité régulièrement sur Arrêt sur Images, site où l’on s’intéresse aux images et leur subtilités, ne se rende pas compte, qu’en allant chercher un montage sur un site comme Egalité et Réconciliation, il a de fortes chances de tomber sur une image de propagande… j’ai un peu de mal à le croire.
Et même si on s’appuie sur Ernst Gombrich, L’Art et l’Illusion, Paris, Gallimard, 1971
@f.chevret: Voir ma réponse ci-dessus à propos de la source de Filoche.
Sinon, votre argumentation laisse pantois. J’ignorais qu’une participation à Arrêt sur images valait brevet de spécialiste du visuel. Pas de chance: c’est moi qui y occupe depuis peu la chronique spécialisée dans le décryptage des images – à raison de deux interventions mensuelles… ;) Malgré son titre, ce site s’intéresse en effet plus aux contenus des messages qu’à leurs aspects formels ou symboliques, qui restent une question résiduelle…
Filoche n’a évidemment rien d’un spécialiste des images. Mais cette question n’a aucune pertinence, puisque mon billet montre qu’un spécialiste des images – votre serviteur – peut lui aussi hésiter sur l’identification de motifs antisémites, lorsque ceux-ci se présentent hors contexte…
Vous dites que vous avez « du mal à y croire ». Mais prendre ses désirs pour des réalités n’est pas une méthode susceptible de démontrer quoique ce soit…
@André Gunthert : j’aimerais vous croire, là où vous parler d’une « imprégnation culturelle particulière qui n’a plus aujourd’hui l’emprise qui fut la sienne autrefois », mais mon point de vue est pour ainsi dire inverse.
A la faveur de l’arrogance adverse qui aura suivi la chute du mur de Berlin en 1989 puis les guerres d’Irak, ou encore le 11/9/2001 dont les USA profitèrent pour se livrer, avec le Patriot Act, à une confiscation des libertés publiques qui préfigurait ce à quoi nous assistons en France depuis 2013, les thèmes du « mondialisme », du « cosmopolitisme » etc. (visant en priorité les Etats-Unis) me paraissent avoir connu une forte recrudescence. Notamment et en priorité du côté de ces charlatans de la gauche-de-la-gauche, les Filoche et les Mélenchon, bien décidés à ne rien changer et qui pour éviter de nommer le capitalisme par son nom se voient contraints de trouver des dérivatifs. Et même le « sionisme » est ici atteint, pas seulement par antisémitisme, mais par effet de contiguité avec l’antiaméricanisme.
L’antiaméricanisme n’est pas tout : en termes d’image, le dollar qui figure sur ce brassard fonctionne largement aussi comme un avatar de… l’euro. Etant bien entendu que dans leur concurrence à peine voilée avec Marine Le Pen, ces marchands de soupe se verraient bien nous faire croire que l’argent français a meilleure odeur. Tonton Karl, réveille-toi, ils sont devenus flous!
Désolé, je n’ai sans doute pas la rigueur intellectuelle permettant d’argumenter avec méthode sur le blog d’un chercheur.
@AndréGunthert
Vous m’avez fait la même remarque (vraiment idiote) sur Twitter, de m’assimiler à Valls. Bravo pour l’ouverture au débat, et la prise en compte des remarques d’autrui. Oui, si cette image n’a pas immédiatement résonné en vous comme un montage antisémite, c’est une grossière erreur de votre part… que puis-je dire d’autre ?
Idem pour quelqu’un comme Gérard Filoche, qui a derrière lui près de 50 ans de vie politique, toujours en adversaire de l’extrême-droite.
Il y a encore eu récemment des images faisant appel aux mêmes ressorts (mais moins grossières) qui ont entraîné des réactions fortes (par exemple : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/03/10/dans-un-tweet-les-republicains-representent-emmanuel-macron-avec-des-codes-de-l-iconographie-antisemite_5092794_4854003.html), l’idée d’un « oubli des codes antisémites » me paraît d’autant moins justifiable.
Si Filoche (qui est quelqu’un de sympathique, et dont les bouquins et interventions sur les retraites et sur le droit du travail ont été pour moins une mine d’informations) peut simplement dire qu’il a fait une énorme connerie et qu’il le regrette, ça suffit.
Il est plus simple de me qualifier de vallsiste que de répondre sur votre facilité à tout passer à l’antisémitisme et au sexisme s’ils viennent de personnes identifiées à la gauche. Et prétendre que je vous accuse d’excuser parce que vous « expliquez » est vraiment nul… je conteste qu’on puisse qualifier le message de cette image d’ambigu ou d’hermétique (même « relativement »). Que pensiez-vous de Guerlain et de sa sortie sur les « nègres » ?
C’est dommage de la part d’un enseignant-chercheur, et je suis vraiment déçu, un peu moins que par la réaction initiale de Filoche, mais déçu de même.
S’il vous plait, arrêtez de croire qu’une critique construite équivaut à une déclaration de guerre venue d’un camp diamétralement opposée… ce n’est pas comme cela qu’on progressera, du côté de la gauche alternative/radicale.
@Thibaud: Personne n’a dit que c’était une bonne idée de rediffuser cette image. Mon billet analyse ce que je définis comme une erreur de lecture. Nous sommes donc parfaitement d’accord sur le fond. Mais je suppose que votre frustration vient du fait que l’expression rationnelle d’une analyse ne vous semble pas suffisante. S’agissant d’antisémitisme, vous attendez de moi que j’utilise l’anathème, marqueur de la dimension morale d’une condamnation publique. N’étant pas adepte de la violence verbale à la Manuel Valls, je préfère vous confirmer, s’il en était besoin, que je condamne moi aussi sans réserve toute forme d’antisémitisme, de racisme ou de sexisme.
Mais là où la discussion pour vous s’arrête, c’est là qu’elle commence pour moi. Pourquoi ce photomontage, diffusé en février dernier, en pleine campagne électorale, n’a-t-il pas alors fait scandale? Je vous invite à jeter un coup d’oeil sur la sélection graphique hebdomadaire du site Egalité et Réconciliation, pour vous convaincre que les allusions antisémites n’ont pas disparu (elles sont d’ailleurs sous l’oeil de la justice, qui poursuit régulièrement Soral).
Au-delà des règlements de compte internes au camp socialiste et de la bonne occasion d’abattre un adversaire politique, qui ont motivé l’attention soudaine accordée à une image qui n’en rencontrait pas jusqu’alors, la seule explication rationnelle à son invisibilité, c’est que la critique antisémite du macronisme n’a pas trouvé prise dans la société. La démonstration de sa dangerosité aurait au contraire été apportée par la vivacité d’une controverse initiée dès sa publication. Il semble bien que la thèse du “complot juif”, loin de l’emprise des années 1930, n’ait plus qu’une influence et une crédibilité résiduelle. Je sais qu’on m’objectera que le conflit israélo-palestinien maintient ouverte la plaie de l’antisémitisme. Mais rabattre ce conflit sur la vieille image du complot juif est un anachronisme – et le destin public du photomontage, fait d’indifférence jusqu’à son retweet par Filoche, en apporte la démonstration.
A l’époque ou la demande d’ortholexie, de la lecture correcte, devient de plus en plus intolérante, il faut se souvenir que la dyslexie a au moins deux lectures. C’est une chose que l’ignorance du contexte idéologique d’un geste empêche son interprétation, et c’en est une autre lorsque c’est l’incapacité à percevoir la présence d’une idéologie qui empêche la lecture du geste.
On en a une illustration dans le geste de bénédiction que fait le Christ dans la peinture Salvator Mundi (sauveur du monde) de Léonard de Vinci, qui est devenue le 15 novembre à New York la peinture la plus chère du monde.
On s’étonne que le Christ fasse un geste du Bouddha.
https://thewire.in/199263/buddhist-mudra-da-vincis-painting-christ-proof-cross-cultural-influences-ancient-world/
Mais cet étonnement moderne est-il le symptôme d’une connaissance approfondie du contexte culturel de cette peinture, ou au contraire traduit-il notre incapacité à voir le geste lui-même, dépouillé de son interprétation? C’est a dire, nos difficultés croissantes à forger de nous-mêmes une interprétation, à « lire » le geste, en l’absence d’instructions claires, univoques et socialement approuvées?
Parfois, c’est l’obsession de la « lecture correcte » qui empêche la lecture.
@AndréGunthert
et de conclure @Thibaud sur « le retweet » de Filoche tellement pratique pour justifier la précipitation et l’erreur, alors que vous savez qu’il s’agit d’un tweet ce qui est bien différent. Quand on fait la leçon sur la précision exigée…
Si c’est vraiment la seule objection à opposer à ma démonstration, on peut considérer celle-ci comme validée… ;)
Moi je n’ai qu’une seule chose à vous dire M. : Continuez à propager de telles analyses et d’ici peu tous ces « salauds » d’antisémites » se retrouveront fusillés ou jetés dans des goulags 2.0 ! (Antisémites ou juste antisionistes, mais comme par « L’étrangeté de petits tours de passe-passe politico-judiciaro-médiatiques » la critique (à juste titre !!) de la couardise des dirigeants israéliens et de leur « politique »(sic) reviendrait au meme ! Cela les arrangerait bien que l’on ne puisse plus critiquer cette idéologie nauséabonde qui rappelle les « heures les plus sombres » de notre Histoire (s’en prendre à des civils désarmés et ce quoi qu’en disent les « médias » israéliens, qui ne pratiquent que la « hasbara »(propagande), cet état raciste, racialiste et suprémaciste pratique un régime d’apartheid ignoble ! Ils sont capables d’enfermer la plus grosse densité humaine au km² du monde dans la prison à ciel ouvert qu’est devenu Gaza ! Et bien sur la plupart des états « oxydentaux » trouvent çatrès bien et se déclarent meme « complices » de ces massacres (le droit d’israél à se défendre contre des tirs de roquettes qui ne touchent jamais personne (ouf !)
Bref ! Quand Charlie-Hebdo fait littéralement caca sur toute la communauté musulmane en publiant des unes dont ils savent qu’elles vont blesser des millions de musulmans français et dans le monde, telle que celle de 2012 (donc avant les « attentats » de 2015) juste après un attentat en Egypte qui avait fait de très nombreuses victimes, ils avaient trouvés très drole de dessiner un musulman tenant un Coran avec le texte « Le Coran c’est de la merde ça ne protège meme pas des balles !! » et donc le musulman en question était représenté traversé par au moins une dizaine de balles de Kalachnikov
Et puis en revanche, quand toi tu dessines des petits moments de vie, mettant l’accent sur les petits travers de certains membres de la communauté « organisée » tu te retrouve en 2 sets, 3 mouvements condamné d’entrée de jeu et à des sommes incompréhensibles surtout quand tu n’es ni imposable, et sans revenus !!!
Et c’est ce genre de « 2 poids-2 mesures » qui commence à faire gronder les gens qui se font condamner !!!
mais oui mais oui Eric Comas, seul le désir d’illustrer des « petits moments de vie », et qui « mettent l’accent sur les petits travers de certains membres de la communauté « organisée » », motive les antisémites qui écoulent leur diarrhée, par le texte ou par l’image, sur Internet : voilà qui prouve seulement, que non content d’être un salaud, vous n’avez pas même le courage d’annoncer la couleur
Un excellent article ! qui décrit bien les mécanismes de la perception qui est sélective, interprétative, re-constructrice, et très déterminée par nos schémas culturels.
Je ne sais pas si c’est le fait de ne pas remarquer au premier coup d’oeil l’antisémitisme de ce montage est un motif de soulagement ou d’inquiétude, surtout si la distraction est le fait d’un chercheur spécialisé dans le domaine des images et d’un militant de gauche au long cours… Espérons que vous ayez raison.
Sinon, concernant le tweet ou retweet, il suffit de faire clic avec le bouton droit de sa souris sur une image pour la télécharger sur son ordinateur et après, rien n’empêche de la re-poster. Autrement dit, rien n’indique que Filoche fasse son marché chez Soral comme cela a été dit (perfidement) plus haut, Filoche a très bien pu copier l’image sur le compte de quelqu’un d’autre, ou ailleurs sur le net, chez quelqu’un en qui il a sans doute confiance, et apparemment sans la regarder de trop près. On notera que personne n’a été exclu de LR suite au même genre de gaffe.
Effectivement, si on ne regarde que Macron et le signe nazi du dollar , ce n’est même plus une caricature mais un simple constat (les faits et gestes de ce triste sire, ainsi que ses multiples « dérapages » en attestent (le dernier en date consistant à dire à une femme marocaine sans papiers que si ses parents sont soignés en France, « quelqu’un » a payé pour eux – pas eux-mêmes, ah non, non, non, tu penses bien que « ces gens-là » n’ont certainement jamais bossé – ce qui aurait dû déclencher un tollé, mais non, tout le monde félicite ce sale type pour sa « franchise » et son « parler-vrai »).
Mais du coup, ça n’a aucun interêt en tant que caricature, car on ne peut pas dire que Macron fasse mystère de son allégeance au capitalisme de quelque obédience ethnico-religieuse qu’il soit.
En attendant, c’est Soral qui doit se frotter les mains… Sa soudaine passion pour la Corée du Nord n’ayant pas provoqué plus de réactions que cela… Et Filoche, ça tombe rudement bien dans la besace d’un type qui se réclame de Clouscard.
Pour en revenir aux images, si vous ne connaissez pas, celles que diffuse le groupe Laibach sont – à mon avis, d’autres les prennent au 1er degré – des détournements intéressants de la propagande totalitaire – ils ont d’ailleurs fait une tournée en Corée du Nord, poilant de voir la tête des cadres du parti devant ce concert :D !
Ceux qui s’amusent de ma propre hésitation, et pensent qu’ils sont capables d’identifier au premier coup d’oeil les signes antisémites, ont simplement bénéficié d’une lecture contextualisée, c’est-à-dire informée de la clé de lecture par l’énoncé accompagnant l’image (voir un exemple de retweet commenté: https://twitter.com/dr_l_alexandre/status/931649212110069762).
Je répète que pour associer spontanément Macron et le complot juif, il faut soit être antisémite, soit être informé d’un discours confidentiel de la fachosphère, qui n’a heureusement pas passé le seuil de l’information grand public. Une lecture attentive de l’image permet de reconstituer ce message, mais cette lecture du deuxième regard dépend elle-même d’une attention soutenue et d’une démarche interprétative volontaire, qui n’est pas notre manière habituelle d’appréhender le flux iconographique (voir: « Pour une analyse narrative des images sociales« ).
Il ne faut pas nécessairement être informé des dernières actualisations de la « pensée » de la fachosphère (ni être antisémite, évidemment) pour décoder rapidement ce montage, y compris sans savoir que celui qui l’a posté a été voué aux gémonies.
Cela fait des années que l’extrême-droite s’en prend à Attali (qui énerve à peu près tout le monde par ailleurs, mais pour d’autres raisons) : il est accusé de vouloir un gouvernement planétaire avec une capitale du monde située à Jérusalem, ce qui colle pile-poil à la théorie du complot juif « cosmopolite » ou « mondialiste », qui est bien antérieure à l’apparition d’un prétendu nouvel antisémitisme qui ressemble à s’y méprendre à l’ancien. Rien de nouveau sous le soleil donc, ce montage est un grand classique.
S’il n’y avait eu qu’Attali et le drapeau israélien derrière Macron, le message aurait été très clair : un goy comme Macron n’est au pouvoir que parce qu’il est porté par le complot juif.
Des sites antifas – qui défendent des points de vue parfois très contestables, genre y’a des nazbol/rouges-bruns partout – décryptent régulièrement ce genre de propagande. C’est parfois utile de se familiariser avec les outils de « l’ennemi », sans en exagérer l’importance, car je suis bien d’accord pour dire que Soral ne représente pas grand chose, mais il a une équipe très efficace, justement dans le maniement des images et la post-prod de ses vidéos. (Il a heureusement perdu une large audience lors de l’affaire Binti).
@Cécile: Comme le plafond de verre, les barrières culturelles sont invisibles. Nous n’arriverons pas à tomber d’accord, mais je vous remercie pour ce témoignage éloquent, qui illustre bien mon propos.
@Cécile
vous nous dites, le 27/11/2017 à 22h 11min, que « Filoche a très bien pu copier l’image sur le compte de quelqu’un d’autre, ou ailleurs sur le net, chez quelqu’un en qui il a sans doute confiance, et apparemment sans la regarder de trop près » mais, le 29 novembre 2017 à 4h 11min, vous nous assurez que « Il ne faut pas nécessairement être informé des dernières actualisations de la « pensée » de la fachosphère (ni être antisémite, évidemment) pour décoder rapidement ce montage ».
Aussi je ne vois que deux solutions, qui ne sont d’ailleurs pas incompatibles.
Ou bien c’est Filoche qui est atteint de cécité grave : ou bien c’est vous qui êtes atteinte de strabisme divergent.
Cher @luc,
Les deux, mon général: il se trouve que je suis moi-même myope comme une taupe (vous n’êtes pas sans savoir que c’est vachement sexy) ;-)
Mais plus sérieusement, vous déformez ce que j’ai dit, et ça, eh ben c’est pas gentil. Voilà, il fallait que ça sorte.
André (je me permets cette familiarité) expliquait que quelque part, il fallait être soi-même antisémite pour repérer du premier coup d’oeil ce que sous-entendait cette image. Je lui répondais – très poliment, vous l’aurez remarqué – qu’il suffisait d’être vaguement informé (ou vaguemwent parano, comme vous voudrez) sur ce sujet, pour la lire – et non pas « l’interpréter », tellement pour moi, elle est claire, dans ce sens.
Je le répète, cette image est incontestablement antisémite et elle est repérable pour qui a un oeil exercé, et les gens ayant un oeil exercé ne sont pas forcément des antisémites, comme ils ne sont pas forcément des paranoïaques.
@André, croyez-moi, je vous voue une grande admiration (y compris du temps où vous disiez que vous ne voiez pas l’intérêt de payer pour consulter ASI…), et bien avant tout cela. Il se trouve que j’ai fait quelques années d’études supérieures, et que je porte un nom de famille qui m’a menée tour à tour à être traitée de « sale nazie » et de « sale juive-qui-ne veut-pas-avouer ». Un peu comme Daniel, quoi.
Des fois, c’est très fatigant, sans déconner.
Regardez ce qui est arrivé à Olivier Berruyer (certes, il a la voix un peu trop haut perchée, je sais (Filoche aussi, d’ailleurs) pour avoir posté stupidement une image n’ayant rien à voir et, pareil, provenant de sites de merde, sur le Venezuela. Il a, lui aussi présenté ses excuses.
Je précise, puisque ce point n’est pas forcément clair, que la partie importante de mon expression est « au premier coup d’oeil ». J’ai bien identifié, comme je l’explique ci-dessus, les différents marqueurs de l’image, qui ne sont pas très difficiles à interpréter, mais seulement en seconde lecture. Soit, dans mon expérience, quelques secondes après avoir découvert l’image une première fois, par le biais d’un retweet à l’énoncé peu explicite, qui fait que je n’ai pas accordé de curiosité particulière à ce visuel, mais simplement l’attention oblique habituelle.
J’ajoute que sans le cas Filoche, j’aurais évidemment oublié aussitôt ces détails de la première appréhension (erronée) d’une image, presque immédiatement corrigée, et qui aurait donc dû s’effacer de mon souvenir. Je ne suis pas certain que ceux qui s’expriment ici en croyant avoir bénéficié d’une intuition immédiate de l’image sont tous capables de reconstituer avec la même précision les conditions de leur perception initiale, mais je répète qu’il ne peut y avoir à mon avis que deux cas de figure: une lecture informée par une acculturation préalable, ou une lecture aiguillée par une indication qui en précise le contexte, et modifie de fait l’attention accordée à son contenu (l’antisémitisme étant un thème prosécogène). Un contre-exemple valable ne pourrait être apporté que par quelqu’un qui, sans être racisé (ou antisémite), en aurait effectué une lecture correcte sans l’appui d’une indication contextuelle, ce dont je doute.
Chère @Cécile,
rien, ne serait pire que faire les choses à moitié : si, comme vous nous le dites -et comme je suis sûr que c’est vrai- vous êtes vachement sexy alors ce serait dommage, surtout sur un site qui a pour priorité l’image, de ne pas insérer votre photo.
Pour le reste… Si je devais avoir déformé ce que vous avez dit j’en serais sincèrement navré -et m’en excuserais de bon coeur- mais enfin il me semble que vous êtes allée plus loin qu’un simple discours sur cette image et que vous avez tenu des propos quelque peu militants, avec votre : « rien n’indique que Filoche fasse son marché chez Soral comme cela a été dit (perfidement) plus haut ». Eh bien, ne voyant pas l’intérêt de redire en sol ce que j’ai dit en la, je ne peux que redire ici ce que j’ai dit plus haut.
Que Noël vous soit doux, quoi qu’il en soit
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