Comme une brise fraîche venue soulager la brûlure de l’été, une image de verdure est apparue sur les écrans pour apaiser l’angoisse sourde du public du journal télévisé de France 2. Même si on n’y parle qu’à mots couverts du réchauffement climatique, difficile de ne pas faire le lien entre les épreuves qui s’accumulent. De la canicule estivale aux incendies grecs ou californiens, même le plus sceptique des téléspectateurs commence à se dire que l’augmentation des températures n’est plus une perspective lointaine – «Des lendemains qui brûlent», comme l’écrit Libération, qui a lui aussi du mal à admettre l’évidence –, et que le réchauffement, c’est maintenant.
La catastrophe qu’on nous promettait lointaine, à grand coups d’ours blancs esseulés sur des icebergs, s’est rapprochée plus vite que prévu. A l’été 2017, l’image orangée d’une apocalypse surchauffée imposait sa nouvelle signature. Mais le monde thermo-industriel ne sait pas comment apprivoiser la seule perspective qui permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre, et qui impose de freiner la croissance. Elites et médias dominants s’enfoncent donc dans le déni, qui commence par un traitement purement circonstanciel. On ne parle du réchauffement qu’en été, ou à l’occasion d’emballements climatiques ponctuels, et les solutions envisagées sont aussi futiles que de conseiller de se rafraîchir à la fontaine ou d’acheter un climatiseur – un remède pire que le mal…
Ici aussi se joue une bataille des images. Au plus fort de l’épisode caniculaire, entre un reportage sur les effets de la sécheresse sur les nappes phréatiques et un autre sur le pic de pollution à l’ozone, le 20h du 6 août reprend un sujet déjà traité plus en détail par un article de Slate du 3 août. Alors que les îlots urbains concentrent une chaleur devenue insupportable, à quoi ressembleront les villes de demain? La végétalisation et les éco-quartiers semblent apporter une réponse idéale: celle d’une alliance de la technique et de la nature, un futurisme vert qui a retrouvé ses racines.
Aucune indication de coût ni de calendrier: on est dans l’hypothèse d’école. Comme toujours, le reportage ne propose aucun lien avec la consommation d’énergie ou de biens, personne ne suggère qu’il est possible d’agir autrement que de manière cosmétique, ou que des choix politiques peuvent modifier la donne. Aucune prise de conscience globale n’est favorisée par un traitement qui fragmente et disperse les différents aspects du sujet. Un article d’Alternatives économiques estime pourtant que le développement de la végétation dans le but de contrôler les îlots de chaleur «ne peut être qu’un élément d’une politique globale».
On est bien loin de cette compréhension à France 2 où, derrière l’image rassurante du progrès prêt à affronter le réchauffement, on laisse s’installer l’idée d’une fatalité contre laquelle on ne peut rien, sinon s’adapter à la montée des températures. Il est vrai que la ministre de la santé estime que «notre société s’adapte à la canicule», et que le ministre de l’écologie s’en remet à la responsabilité personnelle des Français pour répondre au défi climatique.
10 réflexions au sujet de « L’urbanisme vert, ou comment rafraîchir le réchauffement »
Bravo! Surtout que les jardins verticaux sont un gadjet ridicule! C’est mon humble avis d’architecte, qui s’efforce depuis 25 ans de ne construire qu’en materiaux locaux et non-toxiques, ce qui deja demande certains efforts).
Un jardin doit etre sur le sol, avant tout! On peut avoir des plantes sur le toit et dans des pots, ca a toujours existe, mais cette idee de couvrir un batiment de verdure n’est pas une reponse, c’est de la communication, c’est de l’image! Il n’y a qu’a voir tous les projets « mega-machin » de centres commerciaux couverts de toitures soi-disant « vertes »… Aujourd’hui on ne peut plus vendre un centre commercial ni une tour sans qu’elle soit « verte » au sens le plus stupide: Litteralement, couvert de « verdure », et de photopiles.
Combien ca coute en energie, en argent, en produits chimiques, en plomberie, en produits chimiques d’etancheite, et en entretien regulier, un jardin vertical? A mon avis « l’empreinte carbone » d’un jardin vertical est surement catastrophique… (mais il faudrait calculer en prenant des exemples reels).
La vraie question c’est la preservation des sols, des materiaux locaux et non-toxiques, une architecture bioclimatique, et les transports (et donc des villes denses).
Aucune corrélation ne peut-être établie entre les conditions météorologiques et le réchauffement climatique. Réchauffement climatique qui, rappelons-le, à commencé il y a 8000 ans (fin de la période glacière). Aucune accélération significative et réellement (scientifiquement) démontrable n’a lieu. Quant à l’effet anthropique, il est ridiculement faible face aux forces de la nature. Les Variations climatiques sur de courtes périodes et de façon bien plus significative qu’aujourd’hui, on toujours eu lieu. Nous sommes bien dans de la communication vide de sens.
Les incendies, qu’en à eux, ont toujours eu lieu dans toutes les forêts, il ne sont significativement pas plus nombreux ou plus importants que par le passé. l’incendie est même indispensable à la régénération des forêts. Le problème c’est que dans le Sud de la France, en Grèce, au Portugal ou en Californie on construit n’importe où sans aucune mesure réelle de prévention en matière de risques.
Le réchauffement climatique a lieu. Est=il catastrophique? Non,. les changement climatiques rapides aux amplitudes élevées ont marqué l’histoire des hominidés et leur ont permis d’évoluer jusqu’au Sapiens. Nous nous y sommes toujours adapté notamment en adaptant à nous l’environnement.
Le vrai risque est la face obscure de l’homme qui exploitent les autres hommes pour satisfaire un égoïsme tant vanté par le (néo)libéralisme. L’homme est bien plus dangereux pour lui=même que ne l’est pour l’environnement ou que ne l’est le réchauffement climatique pour l’homme.
Il y a aussi cette propension à croire que l’homme est sur puissant et peut tout maîtriser (ou plutôt l’homme à peur de ne pas tout maîtriser) avec es technologies.Hors le savoir humain est très limité d’une part et d’autre part les technologies actuellement mises en place dans sa volonté de toute puissance contre le climat sont déjà avérées toutes contreproductives (sauf à enrichir les bénéficiaires de système -néo-libéral).
Attachons nous à lutter contre la guerre, l’impérialisme, la pauvreté, l’illettrisme…, bref à lutter contre toutes les exploitations de l’homme par l’homme. Nous en sommes capables et seules ces actions seront salutaires pour l’humanité.
Quoi qu’il en soit l’homme est bien plus capable pour se détruire lui=même que pour modifier, dans quelque sens que ce soit, volontairement ou involontairement, le climat. La nature est notre milieu de vie et si elle est bien remplie de dangers pour nous elle est aussi notre ressource qui nous a fait émerger et nous permet de vivre. Et quoi qu’il arrive la nature nous survivra toujours.
Les annonciateurs d’apocalypse ont toujours existé. pas pour rien que ce soit dans l’occident chrétien qui s’est laïcisé que Dieu ait été remplacé par la nature qui nous puni.
En matière de réchauffement, mieux vaut s’en remettre à l’avis d’un spécialiste, comme le climatologue Jean Jouzel, vice-président du GIEC, dont les avertissements récents sont limpides: « Ce qui se passe aujourd’hui, nous l’avions prévu il y a trente ou quarante ans déjà: une intensification des événements extrêmes et de leur fréquence avec le réchauffement. Année après année, été après été, ils se répètent. Et ce n’est qu’un début. »
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/07/27/dans-trente-a-cinquante-ans-le-centre-et-l-ouest-de-la-france-seront-aussi-en-proie-a-des-incendies_5336453_1652612.html
Ou bien: https://www.francetvinfo.fr/meteo/canicule/canicule-il-y-a-une-necessite-de-tout-faire-pour-maintenir-le-rechauffement-climatique-en-deca-de-deux-degres_2315340.html
La canicule est tombée à point (si l’on peut dire) pour que des sujets brûlants sur le plan politique (affaires Bennala, Pénicaud, Kohler…, etc.) passent au second rang.
Monsieur le président de la République affronte le réchauffement climatique à Brégançon dans sa piscine photographiée par un drone furtif, tandis que les vacanciers sont embouteillés sur les routes.
Madame Borne (ministre des transports) se tient coite, Nicolas Hulot ouvre un œil la nuit, Madame Belloubet se fait du mouron pour ses prisons portes ouvertes et Gérard Collomb navigue à vue. Madame Buzyn boit de l’eau.
Tout va très bien, madame la Marquise !
Sur Twitter
Jean-Pascal van Ypersele, climatologue à l’UCL
« Je dis presque la même chose depuis 40 ans. C’est lassant de voir à quel point malgré ces répétitions, mes collègues climatologues et moi-même sommes si peu écoutés »
Fabrice Grosfilley : Les politiques sont-ils à la hauteur ?
« Pour la plupart, je dirais, non. »
« Il y a un énorme décalage entre le constat scientifique et la faiblesse de l’action politique et économique pour protéger l’habitabilité de la seule planète habitable du système solaire »
https://twitter.com/lapremiere/status/1026724356414754816
Andre Gunthert, votre souci d’elaguer les commentaires comme on « arrange » un arbre pour le rendre plus elegant est irritant, mais vous avez un don extraordinaire pour faire parler les images bien au-dela de ce que leurs auteurs voulaient en faire, donnant ainsi par votre travail un exemple de la these que vous defendez dans votre billet suivant!
Dans le cas de cette image en arriere-plan du reportage tele, permettez-moi de preciser un petit peu mon premier commentaire, et a quel point votre analyse de « l’image » vise juste:
La premiere question qu’un client demande a un architecte qui propose une maison en terre ou en bambou, c’est « combien de temps va durer ma maison? ». La question est legitime, bien sur. Et elle revele bien ce que nous voulons tous: Une maison qui soit la plus « minerale » possible, la eloignee possible des cycles de la vie. Une maison qu’on ne souhaite pas partager avec les souris, les termites, les vers, les champignons, les bacteries, les moisissures… Premiere chose donc: Regarder en face, et accepter, ses propres desirs pour ce qu’ils sont! Ne pas se raconter d’histoires.
Alors quand je fais une maison en terre, la salle de bains, je la fais en dur. Pas en terre. Pourquoi chercher les ennuis? Et, lorsque chaque chose est a sa place, la plomberie uniquement dans la partie en dur, et tout le reste, en terre, bien protege de l’humidite, il n’y a pas de raison que la maison ne dure pas plusieurs siecles! Et la partie en terre durera bien plus longtemps que la plomberie de la salle de bains!!!
Les arbres, leur role est d’etre dans le sol, pas sur un mur. Les maisons sont confortables lorsqu’elles sont protegees des cycles de la vie. Faire croire le contraire c’est de l’esbrouffe, c’est cacher les vrais problemes. Ce ne sont pas des jardins verticaux qui vont rendre potable a nouveau l’eau de nos nappes phreatiques!
@Laurent Fournier: Désolé pour l’élagage, mais votre participation assidue aux productions de mon carnet vous a nécessairement instruit sur mon allergie à certaines thèses, dont l’énoncé ne me paraît pas toujours nécessaire. Merci de persévérer dans vos contributions en dépit de cette amputation!
Je suis loin d’être un expert en matière de végétalisation, mais il semble néanmoins qu’un certain nombre d’évolutions soient nécessaires, moins d’un point de vue strictement architectural qu’urbanistique (je renvoie ici à l’article fort intéressant d’Alternatives économiques: https://www.alternatives-economiques.fr/verdir-villes-solution-faire-baisser-temperature/00079431). En revanche, je suis surpris que la question du coût de telles adaptations ne soit jamais abordée, car il paraît évident que l’intégration du végétal ne pourra être appliquée de façon équitable à tous les quartiers ni à tous les habitats…
L’article d’alternatives economiques est non seulement precis et correct, mais tres pertinent, comme en temoigne ce passage:
« Tout comme pour l’agriculture, la végétation en ville n’est pas dissociable de la question de la gestion des ressources en eau », rappelle Valéry Masson, de Météo France. « Pour limiter l’irrigation, le mieux est donc de planter sur des sols profonds qui gardent l’eau, complète Marjorie Musy, chercheuse à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes. Ce qui renvoie à la question de l’urbanisme et de l’artificialisation des sols. »
Ce qui est le contraire de la « frime » d’un jardin vertical, quasiment sans substrat, et completement dependant de l’irrigation artificielle, chere en electricite et en evaporation, pas du tout « vert »…
La question centrale est de savoir si nous arriverons un jour à changer nos modes de vie. En effet, le problème c’est l’économie.
L’ économie, c’est la reproduction et l’accumulation du capital et en aucune façon la satisfaction des besoins nécessaires à tout à chacun.
Cet objectif inhérent à ce système implique une croissance exponentielle. Quand on parle de développement, on parle de croissance économique. Qui dit croissance, dit consommation d’énergie supplémentaire, c’est de la physique.
Donc, nous pouvons gloser indéfiniment sur les solutions qui permettraient d’enrayer les sombres prévisions, les faits sont têtus.
Les activités humaines ont généré moins de CO2 par exemple en 2008 car c’était une année de récession économique mondiale.
La science et la technologie devraient nous permettre selon certains d’ amoindrir voire de contrer ces effets. Il n’en est rien.
Il n’ y a pas d’économie solidaire, verte, conviviale, humaine. Il y a l’économie qui ne propose que le seul objectif de faire plus d’argent avec de l’ argent.
Le scientifiques du GIEC ne sont absolument pas contre l’économie, ils sont pour une adaptation. J. JOUZEL est pro-nucléaire alors que cette industrie est une horreur absolument.
D’ autre part, M. HULOT qui copine avec tout ce qu’il y a de plus destructeur avec sa fondation est très mal placé pour donner des leçons.
Priorité : les espaces verts doivent être au cœur de la politique urbaine.
Le retour de la nature en ville est une nécessité. Cela a des impacts sur la santé, la qualité de vie ou encore en termes de durabilité. Les résidents ont conscience des bénéfices et ils sont fortement demandeurs d’espaces verts car ils en sont généralement satisfaits.
Créer des “îlots de verdure” plutôt que des “îlots de chaleurs urbains” : aménager des parcs urbains plutôt que des surfaces commerciales.
https://www.rtbf.be/info/societe/detail_il-pourrait-faire-8-c-plus-chaud-dans-les-villes-d-ici-2100?id=9620098
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