- Avec Delphine Chedaleux, Mehdi Derfoufi: Approches intersectionnelles des cultures populaires
Ce séminaire propose d’examiner, à l’aide des approches intersectionnelles, les dynamiques hégémoniques (instrumentalisation par les industries culturelles) et contre-hégémoniques (subversion des codes et des normes) à l’oeuvre dans les cultures populaires visuelles et audiovisuelles. Formalisée à la fin des années 1980, l’intersectionnalité permet de penser l’imbrication des rapports de pouvoir (en termes de race, de classe, de genre et par extension, d’âge, de validité et de sexualité). Dans un contexte d’affirmation socio-politique des groupes minorisés, elle constitue un outil des plus précieux pour appréhender les enjeux des cultures médiatiques (qu’il s’agisse des clips musicaux, du cinéma, des jeux vidéo, des séries télévisées, de la photographie, de la bande dessinée, de la fan fiction, des web séries amateurs, des chaînes Youtube, etc.). À l’épreuve des représentations, des faits sociaux et des pratiques culturelles, les approches intersectionnelles dessinent une remise en cause des épistémologies dominantes et des cloisonnements disciplinaires. Elles s’énoncent toutefois ici au pluriel, car l’intersectionnalité demeure un concept discuté et débattu au sein même des études féministes et du Black feminism qui l’a vu naître.
Séminaire de recherche ouvert aux doctorants et M2, le jeudi de 18 h à 20 h (INHA, salle Walter-Benjamin, 2 rue Vivienne, 75002 Paris), du 7 novembre 2019 au 6 février 2020 (12 séances). Validations par fiche de lecture.
Images et sciences sociales
A l’écart du questionnement scientifique, les images ne font pas l’objet d’un corps de connaissances unifié. Ce séminaire propose la description des principales approches développées au sein des études médiévales, de l’histoire des arts, des études médiatiques ou culturelles, jusqu’aux interrogations les plus récentes apportées par le féminisme, les études des minorités ou les humanités numériques. C’est dans les blancs entre ces diverses mobilisations que se dessine le schéma commun d’un recours à l’image comme un grand Autre — du discours, de la rationalité ou de la représentation –, ressource à la fois menaçante, révélatrice, dominatrice ou coupable.
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Les gestes du Moyen-âge
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Michael Baxandall et l’œil du Quattrocento
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Francis Haskell et l’histoire du goût
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Louis Marin et les représentations politiques
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Images objectives et sciences d’observation
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Photographie, cinéma: la rupture des images d’enregistrement
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Psychologie des images et théories de l’influence
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High and Low: les paradoxes de la culture populaire
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Les visual studies ou les pouvoirs des images
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Anachronisme des images ?
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Féminisme et épistémologie du point de vue
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Les subalternes ou l’invisibilité
Séminaire de tronc commun de M1, 2e semestre 2019-2020, le mercredi de 13 h à 15 h (amphithéâtre, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 19 février au 27 mai (12 séances). Validations par fiche de lecture.
- Avec Nathalie Sebayashi: Histoire sociale de la petite image imprimée, XVe-XIXe s.
L’objectif de ce séminaire est de proposer une initiation au genre de l’image imprimée de petit format, en se focalisant sur son histoire sociale: une histoire d’usages et d’appropriations qui rythment le quotidien. Le corpus est celui des papiers imprimés, soit en gravure soit en lithographie, qui commence avec les premières gravures sur bois de fil à la fin du XIVe siècle jusqu’à l’ère de la photographie autoproduite et des cartes postales. Nous étudierons en particulier les images pouvant tenir dans une main d’adulte, soit environ la taille d’une carte postale (20 x 10 cm maximum). Ce choix de format permet d’analyser les usages appropriatifs dans la vie courante, et comment ces usages ont pu façonner l’histoire de l’image imprimée.
Séminaire de recherche ouvert aux doctorants et M2, 1er et 3e jeudi de 18 h à 20 h (INHA, salle Walter-Benjamin, 2 rue Vivienne, 75002 Paris), du 20 février au 7 mai 2020 (6 séances). Validations par fiche de lecture.
- Avec Marie-Eve Bouillon, Laureline Meizel: Photographie, édition, presse. Pour une histoire culturelle des producteurs d’images, XIXe-XXIe s.
Le séminaire s’attache à explorer le champ de recherche dynamique qui consiste à appréhender l’histoire de la photographie par le biais des producteurs d’images, qu’ils participent à leur conception, à leur fabrication, à leur financement ou à leur diffusion. En articulant l’analyse de la dimension économique, sociale et culturelle de ces acteurs, avec l’étude des objets qu’ils produisent, cette approche vise à saisir leur inscription dans l’industrie culturelle. En effet, l’étude des rapports entre les stratégies économiques des producteurs, les images effectivement réalisées, leur réception enfin, nous semble à même de retracer la chaine d’intentionnalités dont elles résultent, ainsi que les usages dont elles ont fait l’objet. Leur circulation sur différents supports édités et leur diffusion en masse recomposent les relations sociales et culturelles. Dès lors, elles participent à une formulation de nos imaginaires contemporains. Relevant de l’histoire culturelle et matérielle, la méthodologie proposée intègre l’analyse et la documentation précise des images comme préalable à leur utilisation comme source. Elle se place en outre à la croisée de plusieurs approches historiques de la photographie : économique, sociale et politique. À travers des études de cas, le séminaire interrogera le rôle des photographes, opérateurs, agences de photographies et de presse, éditeurs, éditeurs de cartes postales, éditeurs-photographes, imprimeurs ou encore photograveurs. Cette année sera plus particulièrement consacrée aux éditeurs et intermédiaires de l’édition, et à leur rapport à la photographie.
Séminaire de recherche ouvert aux doctorants et M2, 2e et 4e jeudi de 18 h à 20 h (INHA, salle Walter-Benjamin, 2 rue Vivienne, 75002 Paris), du 27 février au 28 mai 2020 (6 séances). Validations par fiche de lecture.
Les images d’information, ou le pouvoir de la description (université de Lausanne)
Il n’existe pas d’histoire des images d’information. Les mythes de l’Antiquité à propos des images interrogent leur pouvoir fictionnel, et particulièrement leur capacité à tromper à partir de la production d’une illusion. Ces récits négligent les pratiques qui recourent à l’iconographie pour des raisons documentaires, comme le portrait funéraire, qui reposent sur l’utilité de la transmission d’une information visuelle. A partir de l’étude de cas comme la représentation des visages en numismatique, les pratiques descriptives de la flore et de la faune, l’essor de la documentation visuelle qui accompagne la colonisation des Amériques, ou la diffusion des portraits gravés de célébrités à la Renaissance, il est possible de distinguer un paradigme de l’image d’information, caractérisé par un certain nombre de traits, qui composent une esthétique utilitaire, à l’écart de l’histoire et de la théorie des arts de création. Associée au développement des sciences d’observation, l’imagerie documentaire devient le ressort d’un pouvoir de description qui prend toute sa place au XIXe siècle dans les médias d’information. L’arrivée des outils d’enregistrement – photographie, cinéma, vidéo – achève de faire basculer la représentation dans l’espace d’une médiation invisibilisée par la technique.
Université de Lausanne, octobre-novembre 2019.
Arts et nouveaux médias (Centre allemand d’histoire de l’art)
Au cours des XXe et XXIe siècles, la diffusion de la photographie, du cinéma, de la vidéo ou des contenus numériques a profondément bouleversé l’imaginaire, nourri les théories, irrigué les arts. Des formes d’expression inédites et de nouveaux genres artistiques sont nés de la rencontre avec ces technologies, qui ont réélaboré notre rapport au réel. Comment les nouvelles techniques de production des images et du son se sont-elles inscrites dans l’héritage des modes d’expression plus anciens – peinture, sculpture, gravure, musique, etc.? Comment les genres artistiques établis ont-ils évolué face à l’apparition de propositions expressives inédites? Comment la rencontre de l’art et des techniques a-t-elle remodelé la culture visuelle, et ouvert la voie à de nouvelles formes d’intermédialité? Déjà engagé à propos de la photographie et des arts visuels au XIXe siècle, ce questionnement demande à être poursuivi pour les autres médias, en particulier le cinéma, la vidéo et les contenus numériques. Plutôt que de limiter l’enquête à l’adaptation des nouvelles technologies aux pratiques artistiques, il s’agit d’ouvrir largement l’exploration à toutes les formes d’échange, de confrontation ou de réélaboration des arts, des théories esthétiques et de la culture visuelle au XXe et au XXIe siècle.
Centre allemand d’histoire de l’art, novembre-avril 2019-2020.