La révolution expressive des images documentaires
A l’aube du 20e siècle, le succès d’un nouveau type de spectacle, le cinéma muet, conduit les producteurs culturels à recourir aux instruments de la pantomime et de l’hyperexpressivité pour améliorer la lisibilité du récit. D’abord réservée au burlesque, cette ressource s’étend rapidement à l’ensemble des images d’enregistrement. A partir des années 1920, cinéma et photographie forment le laboratoire d’un renouvellement du langage visuel, basé sur l’expression des émotions, qui se diffuse par l’intermédiaire de médias où l’image documentaire occupe une place croissante. Du maquillage des clowns à l’amplification expressive des dessins animés, du gros plan cinématographique au «Say cheese!» photographique, une histoire plurielle de la culture visuelle dévoile une conversion méconnue, au croisement des codes sociaux de l’expression de soi et de la scénarisation des images documentaires.
UE2, séminaire de recherche ouvert aux M2 et doctorants, 1er semestre 2020-2021, jeudi 18h-20h, du 4 novembre 2021 au 10 février 2022, salle Walter Benjamin, INHA, 75002 Paris.
Enregistrements vidéo (MàJ du 01/06/2022)
- «Expressivité documentaire, expressivité posée», séance du 20/01/2022.
- «L’invention de l’authenticité photographique», séance du 10/02/2022.
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Walter Benjamin, «Petite histoire de la photographie» (1931), Études photographiques, n° 1, 1996.
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Chris Boulton, «Don’t Smile for the Camera. Black Power, Para-Proxemics ans Prolepsis in Print Ads for Hip-Hop Clothing», International Journal of Communication, n° 1, 2007, pp. 758-788.
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Judith Butler, «Performative Acts and Gender Constitution: An Essay in Phenomenology and Feminist Theory», Theatre Journal, 1988, Vol. 40, No. 4, pp. 519-531.
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Barbara Carnevali, Social Appearances. A philosophy of display and prestige, New York, Columbia University Press, 2019.
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Charles Darwin, L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux, Paris, Reinwald, 1890.
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Ernst Gombrich, «L’expérimentation dans le domaine de la caricature», L’Art et l’illusion, Paris, Gallimard, 1996, p. 279-303.
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Erving Goffman, «La ritualisation de la féminité», Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 14, avril 1977, pp. 34-50.
- André Gunthert, «Un sourire de classe. Le portrait photographique et la culture de l’expressivité», Transbordeur. Photographie, histoire, société, n° 6, février 2022, p. 136-149.
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Stephanie Ross, «Painting the passion. Charles Le Brun’s Conférence sur l’expression des passions», Journal of the History of Ideas, 45/1, janvier 1984, p. 25-47.
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Ed S. Tan «Three Views of Facial Expression and Its Understanding in the cinema», in Joseph Anderson, Barbara Fisher Anderson (éd.), Moving Image Theory. Ecological Considerations, Carbondale, Southern Illinois University Press, 2005, p. 107-127.
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Agnès Walch, «De l’âme sensible à l’avènement scientifique des émotions: la densification des émotions dans la sphère privée», in Alain Corbin (dir.), Histoire des émotions II. Des Lumières à la fin du XIXe siècle, Paris, Seuil, 2016, p. 203-226.
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Albin Wagener, «Mèmes, gifs et communication cognitivo-affective sur Internet. L’émergence d’un nouveau langage humain», Communication, 37/1, 2020.
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Yves Winkin, Anthropologie de la communication. De la théorie au terrain, Paris, De Boeck, 2001.
Politiques de la visibilité. Modèles culturels et luttes sociales
La visibilité des minorités est devenue un enjeu crucial des productions culturelles. A partir des revendications des politiques de l’identité, la mesure des inégalités de genre, de race ou de classe ou l’incitation à la diversité dans les grands médias sont devenus des moyens d’action des politiques publiques. Utilisées de longue date en publicité, les ressources des modèles culturels sont mises à profit dans la recherche de nouveaux publics. Les polémiques ou les paniques morales suscitées par ces évolutions contribuent à redessiner les frontières du débat social. On interrogera les soubassements théoriques et les présupposés normatifs à l’œuvre dans ces démarches. Sur quelles bases s’est construite la conviction de la performativité des modèles culturels? Quel est le rôle de la fabrique de l’imaginaire sur la perception du monde social? Le présumé «soft power» peut-il remédier aux inégalités? Les nouveaux médias contribuent-ils aux transferts de visibilité? Au-delà des questions de représentation, la revendication identitaire rebat les cartes des équilibres politiques et questionne la répartition des rôles sociaux.
UE54, séminaire de recherche ouvert aux M2 et doctorants, 2e semestre 2020-2021, jeudi 18h-20h du 24 février 2022 au 2 juin 2022, salle Walter Benjamin, INHA, 75002 Paris.
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Keivan Djavadzadeh, «Patricia Hill Collins: l’autodéfinition contre les images performatives», in Maxime Cervulle, Nelly Quemener, Florian Voros (dir.), Matérialismes, culture et communication, vol. 2, Paris, Presses des Mines, 2016, p. 181-194.
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Richard Dyer, «La lumière du monde. Photographie, cinéma et blanchité» (1997, traduit de l’anglais par M. Dell’Omodarme, F. Freitas et N. Quemener), Poli – Politique de l’image, n° 10, 2015, p. 17-41.
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Nancy Fraser, Qu’est-ce que la justice sociale? Reconnaissance et redistribution, Paris, La Découverte, 2005.
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David Graeber, David Wengrow, «Blâmable liberté. La critique indigène et le mythe du progrès» (ch. 2), Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité, Paris, LLL, 2021.
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Stuart Hall, «La culture, les médias et l’‘effet idéologique’» (1977), in Hervé Glevarec, Eric Macé, Eric Maigret, Cultural Studies. Anthologie, Paris, Armand Colin, 2008, p. 41-60.
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Stuart Hall, «La redécouverte de l’’idéologie’: retour du refoulé dans les media studies», Identités et cultures. Politiques des cultural studies (éd. M. Cervulle), Paris, éd. Amsterdam, 2017, p. 199-250.
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Axel Honneth, La Lutte pour la reconnaissance (1992), Paris, Gallimard, 2000.
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Axel Honneth, «Visibilité et invisibilité. Sur l’épistémologie de la ‘reconnaissance’», Revue du Mauss, n° 23, 2004.
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bell hooks, Black Looks. Race and representation (1992), New York, Routledge, 2015.
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Laura Mulvey, «Plaisir visuel et cinéma narratif» (1975, traduit de l’anglais par F. Lahache et M. Monteiro), Au-delà du plaisir visuel. Féminisme, énigmes, cinéphilie, Sesto San Giovanni, éd. Mimésis, 2017, p. 33-51.
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Marie-Anne Paveau, «Féminismes 2.0. Usages technodiscursifs de la génération connectée», Argumentation et Analyse du discours, n° 18, 2017.
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Armando José Prats, Invisible Natives. Myth and Identity in the American Western, Ithaca, Cornell University Press, 2002.
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James C. Scott, La Domination et les arts de la résistance (1992), Paris, Amsterdam, 2008.
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Abigail Solomon-Godeau, «Représenter les femmes: la politique de la représentation du soi» (1995, traduit de l’américain par L. Poupard), Chair à canons. Photographie, discours, féminisme, Paris, Textuel, 2016, p. 229-252.
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Olivier Voirol, «Les luttes pour la visibilité. Esquisse d’une problématique», Réseaux, n° 129-130, 2005, p. 89-121.
2 réflexions au sujet de « Séminaires 2021-2022 »
à propos du deuxième séminaire, il semble que la campagne de publicité (un petit tour sur le site de « santé publique france » après les chiffres pandémoniaques ?) (https://www.santepubliquefrance.fr/docs/oui-ma-fille-est-lesbienne.-affiche-60x80cm) « oui, mon père est gay » & « oui ma fille est lesbienne » donnerait un point de vue (spécial- caractérisé – ordinaire ?) – pour entamer quelque discussion (le premier aussi sinon)
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