Dans la longue série des photographies scolaires de mes enfants, j’ai pu observer depuis quelques années une tendance à la diversification de l’offre (avec notamment l’introduction de la photo avec grimace, qualifiée de « groupe rigolo »). Cette diversification atteint désormais le stade ultime de la reproduction sur à peu près tous les supports disponibles de l’édition illustrée, à l’exception du calendrier et du T-shirt: porte-clé (8 €), mug (16 €), boule à neige (14 €), médaillon cœur et sa chaînette (19 €), housse de coussin (16 €), ours en peluche (18 €), tablier de cuisine (16 €), puzzle 120 pièces (16 €), etc…
Cette omniprésence photographique documente la variété des techniques d’impression couleur, et leur parfaite intégration à des circuits de commercialisation à la demande, à un degré de granularité impressionnant. Cette multiplication ubiquitaire de l’image de chacun applique la recette de la personnalisation, qui permet de vendre plus cher des produits dont on se serait bien passé, et qui semble constituer aujourd’hui l’horizon de l’exploitation de l’image privée. Ce marketing détourne à l’évidence le principe de la photo de classe. Il n’est pas sûr que l’on sauvera la photographie scolaire avec des boules à neige, mais au moins on ne pourra pas dire qu’on n’a pas essayé.
2 réflexions au sujet de « Ta photo partout »
Il manque encore le genre de photo « groupe de profs sympas » et « groupe de profs sadiques », que les élèves seraient obligés d’acheter et de mettre sur leur bureau chez eux. Ils pourraient ainsi poursuivre leurs rêves ou leurs cauchemars (avec des aiguilles à planter dans les visages du second groupe).
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