Photogénie du selfie

Qui se souvient du refus du prince Harry de se laisser prendre en photo aux côtés d’une fan, et de la « fin du selfie » pronostiquée par Jonathan Jones, critique d’art au Guardian? Pour la première fois sans doute, le geste de l’autophotographie devient un instrument délibéré de communication politique, intégré à la reconquête de l’opinion entreprise par la chancelière allemande après la catastrophe de la crise grecque.

Quelle plus belle occasion de produire une image d’une touchante proximité, à la fois souriante, humble, débordante d’humanité, que de se laisser photographier joue contre joue aux côtés des réfugiés syriens, héros d’une Allemagne accueillante et ouverte?

Nouvel emblème démocratique, le selfie partagé vient effacer les mines revêches de Wolfgang Schäuble ou de Jean-Claude Juncker, et restituer à Angela son rôle de maman de l’Europe, généreuse et bienveillante, dans une photogénie de liesse populaire au naturel charmant (photos Bernd von Jutrczenka/dpa/AFP; Sean Gallup/Getty Images/AFP).

 

 

3 réflexions au sujet de « Photogénie du selfie »

  1. Bien vu !
    Et puis c’est clair : les Allemands ne veulent pas « payer pour les Grecs ». Mais ils voient bien des avantages à ce que ces Syriens viennent « travailler pour les Allemands ».
    Rien que de la « politique de la réalité ».

  2. « Mutti » a d’abord capitalisé sur sa forte popularité à l’intérieur du pays.
    Cette Allemagne – qui n’avait pas de tradition d’accueil – a acquis une réelle expérience de l’émigration massive (en millions) : depuis les « Flüchtlinge » (réfugiés) des territoires perdus de l’Est logés dans des villages et quartiers construits pour eux, en passant par les « Gastarbeiter » (Travailleurs « invités ») Turcs / Kurdes / Italiens / Grecs du miracle économique, puis les « Ossis » (Est-Alllemands) et autres « Russland-Deutsche » (« Allemands » de Russie) issus de l’ex-empire soviétique après la chute du Mur.
    Il a fallu répartir, loger, aider financièrement, former. Un comportement pragmatique certes mais qui se double d’une réelle curiosité et intérêt pour les autres. En 2006 pour la coupe du monde de football allemande, la ville de Brême qui accueillait l’équipe et les supporters brésiliens chez l’habitant s’est mise à la Samba : toutes les écoles avaient leur orchestre ! Deux aspects non contradictoires, et j’ai bien peur, assez étrangers à la mentalité française actuelle de repli sur l’Hexagone. Angela Merkel vient de l’Est et ne l’oublie pas, contrairement à certains dirigeants politiques français frappés d’amnésie quant à leurs origines…

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