Qui manipule l’étoile jaune?

La marche contre l’islamophobie du 10 novembre a été un plein succès, réunissant notamment de nombreux responsables de gauche – ceux qui ne s’étaient pas laissé piéger par les amalgames du camp néoconservateur. Pour combattre leur déception, les héros de la lutte antiterroriste ont jeté leur dévolu sur une photo diffusée sur le compte Twitter de la sénatrice écologiste Esther Benbassa, montrant celle-ci aux côtés de manifestants brandissant des drapeaux bleu-blanc-rouge.

Jean-Christophe Attias, Esther Benbassa à la manifestation contre l’islamophobie, 10/11/2019.

De l’aveu même de l’opérateur, Jean-Christophe Attias, compagnon de la sénatrice, ce sont ces drapeaux, revendication évidente de l’identité française, qui ont décidé de la publication de l’image. Mais c’est un autre détail qui a attiré l’attention des néocons: une étoile jaune collée sur la doudoune de la petite fille, à la gauche de la photographie. Grâce aux éclaircissements postérieurs des participants à la conversation, nous savons que ce signe n’est pas une étoile de David, mais une adaptation d’un symbole de l’islam: un croissant et une étoile à cinq branches, avec le mot «muslim» rédigé dans une écriture rappelant celle du symbole imposé aux juifs pendant la deuxième guerre mondiale.

Il s’agit indéniablement d’une citation du signe nazi. Pas une étoile jaune, mais une évocation adaptée au contexte de la marche contre l’islamophobie. Cet emblème a été apparemment peu diffusé pendant la manifestation, ce qui explique que c’est la visibilité que lui donne le compte d’Esther Benbassa qui déclenche la polémique.

Révélant la triste réalité de l’islamophobie française, les condamnations et les noms d’oiseau ont fusé. Bernard Henri-Levy a sorti son dictionnaire des synonymes pour juger «ignoble», «indigne», «effroyable» cette mise en scène, qu’aggrave le fait d’être «cautionnée» par une représentante de la nation. Féministe, écologiste, avocate de la cause palestinienne, soutien des Gilets jaunes, la sénatrice, toujours en première ligne, s’est fait nombre d’ennemis. D’où la violence des réactions, surenchérissant dans le délire et la manipulation, jusqu’à exiger du président du Sénat de saisir son comité de déontologie.

Pour avoir posé à côté d’une famille portant un symbole polémique? Non pas. Car la plupart des tweets ou des reprises médiatiques coupent la photographie en la recentrant sur sa partie gauche, mettant en avant, par l’image et par le commentaire, la «petite fille» dont l’instrumentalisation est jugée «ignoble».

Il n’y a évidemment aucune instrumentalisation, autre que celle que les commentateurs projettent à grand renfort de qualificatifs indignés. Car le trucage est bien du côté des imprécateurs: sur la photo, quatre autres personnes portent elles aussi la fameuse étoile de façon visible. Mais il s’agit d’adultes, et ni leur positionnement ni les jeux de regards ne permettent d’imaginer une responsabilité que l’on pourrait attribuer à Esther Benbassa.

A l’inverse, en vertu d’un cliché infantilisant et sexiste (une petite fille ne peut pas décider toute seule de porter un signe politique), et de la simple proximité physique avec la sénatrice, ils inventent une «instrumentalisation» parfaitement imaginaire. Ceux qui dénoncent la manipulation de l’histoire choisissent donc de se focaliser sur la fillette pour mieux réveiller les souvenirs du ghetto de Varsovie ou de La Liste de Schindler. De quel côté est la honte?

Steven Spielberg, La liste de Schindler, 1993.

Pour ma part, moi qui ai spontanément effectué il y a peu le parallèle entre le sort des juifs dans les années 1930 et celui des musulmans aujourd’hui, je pense qu’il n’y a que deux façons de juger de la légitimité de ce rapprochement. Soit on est choqué par le sort fait aujourd’hui aux musulmans en France, et l’on pense que celui-ci relève non seulement du racisme, mais aussi de la désignation expiatoire d’un bouc émissaire, auquel cas l’emploi de symboles forts, fut-il polémique, est parfaitement justifié (à plus forte raison quand le discours ambiant entreprend de minimiser l’existence du racisme, rebaptisé «critique des religions»).

Soit on pense, comme c’est le cas de ceux qui traitent leurs adversaires d’«islamo-collabos», qu’il ne faut pas confondre racisme et critique des religions, ou que le racisme est une chose trop grave pour laisser des ennemis de la nation s’en prévaloir, et on va évidemment conclure que mêler le souvenir de la Shoah avec celui des attentats est une offense au peuple juif.

Autrement dit, soit on est antiraciste et on juge qu’il n’est pas nécessaire d’attendre la multiplication des agressions contre les musulmans pour s’alarmer de la montée de l’islamophobie, soit on a été intoxiqué par un nouveau type de racisme, panique issue du néoconservatisme américain mêlant clash des civilisations et peur du terrorisme, et on a du mal à comprendre que des bourreaux puissent être simultanément des victimes. Je suis navré pour BHL et consorts, mais s’ils n’admettent pas que l’on puisse évoquer le racisme ni employer ses symboles lorsqu’il s’agit des musulmans, alors ils démontrent simplement qu’ils sont islamophobes.

13 réflexions au sujet de « Qui manipule l’étoile jaune? »

  1. En vérité, d’après moi, ce sont les manipulateurs d’opinion professionnels qui, dès la veille, annonçaient que la manifestation était « diversement appréciée », et qui, dépités de son succès qu’ils ont le plus possible minoré, se sont emparés de cette image et, se faisant passer pour des citoyens-lambda,étalent une indignation de commande pour masquer leur constat d’échec.
    Leur remugle, issu de leur auge, doit nous éloigner de leur cloaque.
    Clamons plutôt le sort –car eux n’en disent mot– de cet étudiant dénué de tout qui s’est immolé par le feu, résultat du sort que le gouvernement fait au savoir.

  2. L’Étoile mystérieuse…

    J’ai fait quasi la même photo, tout près de la place de la République, avec cette famille. Dans la foulée d’un autre photographe, qui n’était pas Jean-Christophe Attias et, bien évidemment, sans Esther Benbassa prenant la pose. J’ai pris cette photo sans doute comme l’ont fait avant ou après moi plein d’autres gens qui auront répondu à la sympathie de ce groupe à leur gaité du moment ou à leur joie d’être là… Et ceci tout au long du parcours depuis la gare du Nord.

    J’ai dérushé hier soir… sans retenir aucun cliché de la séquence.

    Je suis revenu sur ces photos ce lundi matin, en prenant connaissance de la polémique, et en me rappelant que j’avais moi aussi croisé cette famille. Mais en restant néanmoins confus sur quoi penser de tout cela jusqu’à ce que je m’informe, a minima, sur la signification d’une étoile à cinq branches. Ceci, via Wikipédia tout simplement et très rapidement.

    Le montage brièvement envisagé – rapprochant une photo de ma séquence avec quatre drapeaux où figure l’étoile à cinq branches [Tunisie, Turquie, Algérie, Lybie] – est toutefois resté en plan… Ayant à faire ce matin, j’ai quitté l’ordinateur en me disant seulement que la réponse de Esther Benbassa pêchait peut-être par le fait de ne pas mentionner cette explication qui me semblait si évidente – si simple d’accès – et sans bien comprendre le foin que cela commençait à susciter, vu la banalité de l’explication.

    Mais, foin d’évidences, justement.

    Ce soir je reviens sur cette image via ce texte.

    Ce n’est qu’après avoir lu ces lignes que j’ai compris/découvert que les deux symboles étaient reliés par la mention « Muslim », à la façon, donc, de la tristement connue étoile juive. J’ai rouvert le tweet en question, regardé à nouveau les recadrages y répondant et supposément si « évidents »… Puis regardé à nouveau mes propres images.

    J’ai réalisé cinq clichés, en une seule prise, de ce groupe. Le même, donc, plus un enfant. Le frère de la petite fille peut-être. Qui absent de l’image incriminée sur twitter. Qu’importe.

    Et il y a les autocollants, bien sûr.

    Je ne possède pas d’objectifs de très grande finesse… Mais je pense que même si cela avait été le cas, dans la rapidité et la spontanéité où une telle scène se déroule, le texte sous les symboles n’aurait pas été plus lisible qu’il ne l’est présentement sur mes fichiers. Et pas plus qu’il ne l’est, en fait, sur la photo publiée par Esther Benbassa sur Twitter. Mais cette inscription est bien plus nette en revanche sur mes images qu’elle ne peut l’être sur tous ces recadrages incertains où l’inscription « Muslim » est ni plus ni moins illisible parce que quasi effacée par la pixellisation des recadrages successifs. Recadrages effectués, a fortiori, à partir d’images twittées, et donc de faible qualité.

    Ouvert et agrandi à 500% avec photostop, mon NEF en 16Mpxl ne donne pas de meilleur résultat, d’ailleurs.

    Note utile : j’ai pris ma photo à la même distance du groupe qu’a pu l’être JC Attias avant ou après moi.

    Bref… La / les personne.s qui a / ont essayé de dézinguer Esther Benbassa à partir de ce tweet n’ont pas découvert par ce biais le trio Croisssant-Etoile-Inscription en question sur sa photo. Ils connaissaient l’existence de ces autocollants, et les ont juste reconnus dans cette photo. Le mal restait à faire… Et on les croit aisément plus doués en ce domaine qu’en technique photographique.

    Reste alors le point essentiel, LA question, le cœur de la polémique… Esther Benbassa aurait-elle pu, aurait-elle DU voir ces autocollants et bien plus encore l’inscription « Muslim » qui contribue et consolide définitivement le sens de l’insigne à côté de la couleur jaune, déjà associée à l’étoile à cinq branches ? La réponse est évidemment que non. Ce n’était juste PAS possible. Et ce n’était PAS possible, essentiellement, parce que sans connaître ni avoir jamais vu auparavant ces insignes on ne pouvait pas les reconnaître d’un seul coup d’œil, et moins encore identifier leur contenu instantanément. Pas possible non plus de par la rapidité d’un tel moment. Pas possible de par la succession et répétition de ce type de scènes dans une telle manifestation… Où la pacifique concurrence des pancartes attire l’œil à chaque pas. Ce n’était pas possible également parce que dans ces instants-là, si on se « reconnait » implicitement, si on s’envisage peut-être même… on ne se dévisage pas. L’enchaînement des gestes et des décisions est simple, rapide, sans ambages. Un regard… Un clin d’œil… On se déplace d’un pas ou deux pour cadrer. On répond autant à la sollicitation non dite mais exprimée d’un geste que l’on n’enregistre – pour soi – une scène de plus avec des porteurs de pancartes sans trop savoir si on veut vraiment cette photo ou pas. On enregistre la scène, pour ne pas passer à côté. Pour ne pas rater un sourire, à défaut de réussir une photo.

    On essaie « juste » de ne pas passer à côté d’un moment d’espoir, donc. Et, oui, on laisse passer un détail, d’un bout de plastique. (Encore) aveugle en partie à la scène que l’on capture.

    J’ai recherché sur twitter d’autres photos de cette famille, les mêmes photos. La même scène, sans doute répétée ici et là, entre Gare du Nord et République, durant l’après-midi de ce #10novembre. A la différence de certaines autres vedettes de la manif [comme ce trio de queer que j’ai moi aussi croisé et photographié] je n’en retrouve pas. Peut-être Esther Benbassa et JC Attias ont-ils été les seuls à publier une image de ce groupe. Peut-être avons-nous été tout bonnement eux deux et moi-même, les seuls à réussir une image de la scène… Peut-être que tous les autres ont juste gardé pour eux ce souvenir de manif’… Peut-Être bien que les images qui été effectivement été postées sont déjà perdues dans les tréfonds algorithmiques. Qui peut savoir.

    Moi, je sais que je ne publierais pas cette photo.

    Je ne sais pas qui est ce petit garçon. S’il est le cousin… le frère… ou le copain d’école… de cette petite fille. Mais, je sais qu’i ne mérite pas d’être soumis, à présent, à tant de haine.

    Parce qu’il était absent de l’image, parce qu’il a échappé au cadre en quelque sorte. Il est déjà un survivant. Laissons-le donc à sa liberté.

  3. Difficile d’être d’accord avec un texte qui fait purement et simplement une équation entre la situation des juifs dans les années 1930 et celle des musulmans en France aujourd’hui. Comment peut-on aussi facilement ramener sur le même plan racisme et antisémitisme ? Il me semble que vous n’avez pas compris (ou que vous feignez de ne pas comprendre) la spécificité de l’antisémitisme. D’autre part, il semble que vous ne maîtrisez pas les éléments qui vous permettraient de comprendre réellement les cultures juives et arabo-musulmanes, la connaissance de la langue en particulier.

  4. @Rémi: Tous les racismes sont spécifiques. Le racisme négrophobe américain, basé sur l’expérience de l’esclavagisme, diffère du racisme négrophobe français, construit sur celle de la colonisation. De même, les différentes phases de l’histoire de la stigmatisation des juifs en Europe montrent des facettes distinctes, dont Esther Benbassa a décrit de nombreux aspects.

    Concernant la comparaison juifs/musulmans, il y a ceux qui sont frappés par les différences, et ceux qui sont frappés par les similitudes. Je ne suis pas convaincu que les premiers soient de très bons connaisseurs de l’histoire des années noires. En revanche, c’est parce que je connais bien l’antisémitisme nazi que les analogies avec la situation des musulmans aujourd’hui me sautent au yeux. Comme les juifs, les musulmans sont identifiés par une religion (il n’y a en réalité aucune «critique de la religion» dans la mise à l’index de l’une ou l’autre population, mais plus simplement l’assignation à une essence par le biais d’une identification communautaire). Comme les juifs, les ressorts de leur stigmatisation s’élaborent à partir de l’idée qu’ils représentent un ennemi intérieur, une sorte de cinquième colonne. L’ampleur de la menace (imaginaire) vient toute entière de cette présence de l’ennemi au sein de la communauté nationale. Enfin, comme les juifs, ce fantasme désigne les musulmans comme des boucs émissaires, victimes expiatoires d’une société dont les difficultés sont en réalité économiques et politiques.

    Une comparaison n’est jamais une identité. Pourquoi faire semblant de confondre l’une et l’autre? Lorsque Gérard Noiriel compare Eric Zemmour et Edouard Drumont, ce n’est pas pour rabattre la situation d’aujourd’hui sur celle du XIXe siècle, mais pour alerter sur une situation et faire ressortir certains caractères. Il est assez étrange que ceux qui se servent à tout propos de l’évocation des années noires, comme BHL, fassent mine de penser qu’il en va de cette mobilisation comme d’une AOC réservée à des producteurs estampillés. Ne confondons pas histoire et mémoire. Si la mémoire est l’affaire d’une communauté, l’histoire – et bien sûr celle de l’extermination des juifs, dénommée à juste titre « crime contre l’humanité » –, concerne l’ensemble des humains, et n’appartient pas à en propre quelques-uns.

  5. Simples aventures d’hier sur Facebook. Si je suis, de par ma branche maternelle, issu d’une longue lignée de peintres et photographes, je ne suis qu’un simple photographe amateur. Sur Facebook, je me trouve (entre autre) relié à deux groupes, à leur manière chacun, assez évidement favorables à la religion israélite ou du-moins aux cultures « juives » , mais aussi: l’un apparemment plus « progressiste » et fraternel avec ces autres (au moins par la langue) « sémites » que sont (pour aller vite et faute de mieux) « les arabes », l’autre plus craintif et paraissant plus souvent en proie à une frayeur démesurée vis à vis de ces derniers (en résumé confondant « musulmans » – d’ailleurs même parfois seulement de culture – et « islamistes » voire tenants de l’EIIL – souvent désigné DAESH).
    Photographe amateur seulement, mais quand-même depuis plus de 60 ans, et ayant exercé un métier amenant à s’intéresser à l’esthétique, aux systèmes symboliques, à la propagande, aux stéréotypes, et à l’iconographie. Pressentant que sur le réseau ça pouvait bien facilement flamber, je me gardais bien de toute affirmation « sur le sens à donner » au « document » (la photo dont il s’agit ici) et ne faisais que poser des questions assez factuelles (nombre de pixels, détails pouvant être avec une certitude raisonnable tenus pour effectivement présents, question sur de possibles recadrages – s’ils « allaient tous dans le même sens possible » on commençait à disposer de nombre de recadrages variés et même (probablement parce-que le »post- it » sur le vêtement de la petite fille était peu évident à bien lire à l’exception des 5 branches de l’étoile, de sa position « pointe en l’air » et couleur de celle-ci , m’étaient produites pour preuve des images présentées comme des « crops » de ce qui était sur la poitrine de la gosse – c’est seulement ce matin, avec le cadre plus large, que j’ai pu comprendre que c’étaient en fait des « crops » de ce qui était collé sur la veste des adultes présents à sa gauche (à droite donc sur le cliché). Je faisais noter que sur ces « crops » présentés comme détails de la poitrine de l’enfant, le vêtement sur lequel était collé (ce que je nomme, faute de mieux) le « post-it) n’était pas de la couleur de celui de la petite fille (même si j’ai bonne discrimination des couleurs et que c’était patent, car respectivement  » blanc » et « noir », je m’étais même fendu d’un coup de pipette et alors communiquais même les valeurs RVB. A partir de ce moment ça a été le déchaînement. Le policé réseau de gens apparemment souvent cultivés, y compris pour certains dans les « sciences dures » sur lequel j’étais entré par bien d’autres questions (questions de littérature; mais aussi de critique des homéopathies; oui, je sais, ça peut paraître surréaliste, mais de tels groupes bien inattendus naissent parfois sur Facebook), donc ce policé réseau de gens BSTR, s’est mis pour certains à franchement m’insulter (je ne rapporterai pas, c’est inutile ici), mais, plus intéressant, certains, nombreux, m’ont indiqué que « je niais l’évidence », un m’a conseillé de consulter un ophtalmo, un m’a conseillé d’acheter une loupe ( j’avais probablement oublié de leur dire que j’avais aussi tenté – sans résultat – les différents algorithmes de ré-échantillonnage). Enfin, si un, m’a uniquement traité (et plaint tout de même) d’être un « idiot »qui « ne pouvait voir la réalité », un autre à eu la finesse de me demander si je feignais d’être « un imbécile » ou si j’en étais simplement bien « un » (finesse car il est vrai que je pratique parfois la méthode « débilo-critique »).
    Bien sûr, il est possible que certains soient simplement victimes de ce qu’on nomme aujourd’hui « biais cognitifs » (j’ai bien un copain, nullement idiot par ailleurs, qui me demande toujours encore qui, du fichier RAW ou JPEG, est la « vraie photo »), d’une autre manière on pourrait aussi penser que nombreux étaient là présents des fêlés de la cafetière frisant le cabanon. Mais-moi je suis sur les bords, un peu (raisonnablement bien sûr, pas plus) complètement paranoïaque et résolument adepte du complotisme, pour bidouiller les cadrages comme-ça, il faut une volonté…….. MALVEILLANTE. S’il y a des abusés naïfs qui répercutent, il y a aussi des COMPLOTISTES D’EXTRÊME DROITE (avec les majuscules c’est plus paranoïaquement crédible); vous voyez ce que je veux dire…
    A part ça, la persécution des « juifs » par les nazis en Allemagne, si je me souviens bien, si, bien sûr, ça s’est exacerbé brusquement à un moment, pour ne prendre que le XXème siècle, ça a aussi couvé à bas bruit des années durant avant. Les musulmans peuvent bien s’y comparer, et peut-être simplement considérer que ce n’est pour eux que le début d’une suite pouvant bien être analogue. Quelque part (dans « La vie devant soi ») Romain Gary énonçais bien avec tant d’humour la fin du monopole de la persécution.

  6. Mais pourquoi faudrait-il absolument voir dans cette récupération une insupportable offense au peuple Juif ? Pourquoi y aurait-il un problème à y voir une référence directe à l’étoile jaune de Vichy ? Quoi de plus normal que des manifestants dénoncent les discriminations qu’ils ont l’impression de vivre au quotidien dans leur pays en faisant référence à un symbole de telles discriminations . J’y vois une forme de reconnaissance de ce qu’il représente et une certaine marque de respect, ce symbole étant digne de leur combat. D’ailleurs, il ne semble pas que les institutions juives se soient manifestées pour commenter ce non-événement. Regardez ceux qui s’indignent, la plupart n’en a absolument rien à foutre des juifs et de leur mémoire, c’est juste de l’indignation facile et médiatiquement payante.
    Heureusement que l’audience de ces émissions reste faible.

  7. Bonjour,
    L’heure est encore revenue pour lire ou relire « Matin brun  » de Franck Pavloff, 11 pages au prix d’1 €.
    Sorti en 1998, il a eu une vie discrète, mais après le 21 avril 2002, 300 000 exemplaires ont été arrachés entre les deux tours.
    11 pages à porter en talisman autour du cou, pour se rappeler qu’il n’existe pas de ségrégation plus forte qu’une autre, hiérarchiser c’est déjà ségréguer.
    Mieux que « Dieu reconnaîtra les siens », les armées chrétiennes se battant entre elles ou contre d’autres peuples, criaient : « Halléluyah  » . A la poubelle Albert Cohen ?

  8. D’accord sur l’essentiel de l’article mais l’alternative finale proposée est réductrice.
    On peut trouver qu’il y a de l’islamophobie en France, que c’est un vrai problème à combattre, et trouver disproportionné, polémique ou malhabile la comparaison avec la shoah de la seconde guerre mondiale. L’un n’empêche pas l’autre. La grosse différence avec les néocons, c’est que cette critique reste formelle et ne disqualifie pas la marche, ni à y trouver de l’ignominie à la mode BHL.

  9. @Antianes: Désolé, mais l’alternative demeure. Penser que la comparaison avec la persécution des juifs est «disproportionnée, polémique ou malhabile» indique clairement qu’on estime que le racisme anti-musulman est un problème sans rapport avec le racisme anti-juif.

    Or, ce qu’ont oublié ceux qui se bornent à mettre en balance les souffrances des juifs et des musulmans à un moment T, c’est que les nazis ne sont pas arrivés un beau matin en décidant soudainement d’exterminer une population de plusieurs millions de personnes. Ceux, dont je suis, qui s’alarment de l’inquiétante montée de l’islamophobie en France, se souviennent au contraire que l’extermination des juifs d’Europe est le terme d’un processus nourri par plusieurs décennies d’un antisémitisme virulent.

    Le sens du port de l’étoile n’est pas de comparer le bilan de l’extermination des juifs avec le nombre des persécutions subies par les musulmans aujourd’hui – car cette comparaison serait en effet ridicule et inadéquate. Comme la plupart des comparaisons historiques, la mobilisation du symbole de l’étoile jaune a un rôle d’alerte, par un effet de mise en perspective de l’actualité. Elle désigne par analogie un futur menaçant, que l’on souhaite empêcher. Ce message, lisible pour tous ceux qui se préoccupent de la réalité du racisme, rend son usage parfaitement légitime dans un contexte de manifestation contre l’islamophobie.

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