Le nu, étendard sexiste des valeurs occidentales

Egoïste, n° 17, t. 2, fevrier 2015.
Egoïste, n° 17, t. 2, fevrier 2015.

Une très sage photo de nu en noir et blanc peut-elle encore attirer l’attention de la presse? En décembre dernier, l’opération de com de Kim Kardashian exposant son postérieur, photographié par Jean-Paul Goude en Une du magazine Paper, n’avait suscité qu’un soupir de lassitude des journaux sérieux, prompts à ranger ce cliché dans le tiroir de l’actu «racoleuse».

La couverture du n° 17 d’Egoïste, annuel de photographie, dévoilant l’anatomie de Golshifteh Farahani, a au contraire été reproduite dans les colonnes de nombreux quotidiens et news magazines. La raison en est moins le sujet de l’image, confiée au très académique Paolo Roversi, photographe de mode spécialiste du nu chic et convenable, que l’origine iranienne de l’actrice et sa situation d’exilée en France.

Reprenant le schéma du dévoilement volontaire de l’Egyptienne Aliaa Magda Elmahdy en 2011, le récit médiatique, déjà expérimenté à l’occasion d’une précédente publication dans le Figaro Magazine, s’élabore sans effort. On rappelle le conflit qui oppose l’actrice au régime iranien, depuis sa participation en 2008 au film Mensonges d’État de Ridley Scott, qui lui vaut la confiscation de son passeport. Alors que l’actrice ne s’exprime pas dans la revue sur les raisons de son geste, Le Figaro explique que le choix de poser nue a été effectué deux ans plus tôt «pour dire “tout ça, pour ça!” et exprimer [sa] colère.»

L’entretien avec Serge Bramly dans Egoïste est régulièrement cité, dans lequel Golshifteh Farahani déclare que Paris «est le seul endroit de la planète où les femmes ne se sentent pas coupables. En Orient, tu l’es tout le temps. Dès l’instant où tu ressens tes premières pulsions sexuelles. La France m’a libérée».

Appuyé sur plusieurs commentaires (la philosophe Geneviève Fraisse, l’historienne Christine Bard, la sociologue Chahla Chafiq, etc…), Libération estime que «L’image est forcément politique, la nudité parle directement à ceux qui avilissent les femmes sur sa terre d’origine.»

Alors qu’Egoïste a publié en 1992 et 2000 deux couvertures avec Yannick Noah et Gérard Depardieu nus (photographiés par Richard Avedon), l’élément-clé qui soutient le raisonnement est l’opposition avec le port du voile dans les pays musulmans – une situation qui ne concerne pas les hommes. Ce n’est que dans le cas d’une femme de culture musulmane que la nudité peut être interprétée comme un geste libérateur, en opposition dialectique avec le symbole bien connu de l’oppression féminine dans les pays de l’axe du Mal (voir mon billet:Désigner la dissimulation, figure de l’islamophobie”).

L’unique raison pour laquelle de nombreux journaux reprennent cette information, malgré l’absence de déclaration explicite de l’actrice comme de réaction des autorités iraniennes, est parce qu’elle mobilise un stéréotype islamophobe, permet de reproduire un schéma médiatique éprouvé qui renvoie une image positive de l’Occident – et fournit accessoirement un petit frisson d’excitation sexuelle. Egoïste n’étant pas une revue grand public, c’est le récit reproduit de manière similaire par les divers organes de presse qui fera office de référent.

Selon l’anthropologue Lila Abu-Lughod (Do Muslim Women Need Saving?, Harvard University Press, 2013), se focaliser sur le sexisme des sociétés musulmanes, plutôt que de questionner d’autres paramètres, correspond à un réflexe typique de la pensée coloniale, qui met en avant un marqueur particulièrement visible de l’avancement occidental et souligne par contrecoup l’arriération des pays orientaux.

Poser nue est-il un étendard des valeurs occidentales? Le paradoxe que n’aperçoivent pas les avocats du camp du Bien est que ce symbole sexiste correspond effectivement à un cliché de genre typique de notre culture. Comme l’explique ironiquement Virginie Despentes, «On finit tous par manger cette évidence qui nous est rabâchée par les décideurs du 7e art: les hommes c’est l’action et les femmes c’est la petite culotte».

24 réflexions au sujet de « Le nu, étendard sexiste des valeurs occidentales »

  1. Cette nudité ne dérange pas que l’Islam, la Chrétienté, les religieux juifs aussi, et qui d’autres encore ?

  2. Ce qui est intéressant, c’est que le “dérangement” est ici postulé plutôt que vérifié. De même que vous affirmez, sans preuve, que cette image pourrait déranger chrétiens ou juifs, les journaux que je cite prennent pour acquis que cette provocation irritera les autorités iraniennes, avant même qu’aucune manifestation n’en atteste (le blog BigBrowser sur le site du Monde.fr précise que: « La République islamique d’Iran n’a pas encore officiellement réagi »).

    Pour l’instant, cette image ne dérange pas grand monde, mais arrange au contraire le camp occidental, qu’elle conforte dans ses présupposés, et ses médias, qui profitent d’une parabole limpide.

  3. Le papier, remarquable, de Virginie Despentes n’a me semble-t-il pas grand chose à voir avec le nu en photo. Je me demande d’ailleurs ce qu’elle pense l’utilisation que tu fais de son texte pour condamner un nu qui serait nécessairement sexiste par opposition à un voile qui lui ne le serait pas.

    Le voile est sexiste parce que ce sont des hommes qui l’ont inventé, créé, justifié pour enfermer les femmes dans un rôle et les faire sortir de l’espace public, physiquement dans un certain nombre de pays et symboliquement dans les autres. Le voile nie leur identité. Elles ne sont plus qu’une représentation symbolique de la femme.
    Le nu en tant que tel n’est pas sexiste. Si j’étais religieux je dirais que c’est ainsi que Dieu nous a fait. Et tout comme les hommes sont différents des femmes, chacun de nous, à poil, est différent des autres, beaucoup plus en tout cas qu’habillé. (J’ai été élevé par des parents naturistes.) :)

    Ensuite, tout comme des photos de corps habillés, des photo de corps nus peuvent-être des stéréotypes sexistes ou peuvent être utilisées comme des stéréotypes sexistes. Ni plus, ni moins si l’on n’a pas d’interdit religieux qui ferait du dévoilement du corps quelque chose d’impure ou de dangereux.

    Si le nu de Golshifteh Farahani est politique, c’est parce que, dans son pays, une mèche de cheveux qui dépasse du voile vaut toute sortes d’ennuis plus ou moins désagréables selon les époques, avec la police religieuse. Dans ce contexte, le nu féminin, surtout s’il est sage, devient l’expression symbolique de la plus violente des contestations. Même d’ailleurs si ce n’était pas son intention au départ.

    C’est quoi le problème? Qu’une iranienne pose nue pour protester contre la politique menée par les dirigeants de son pays et fasse, ce faisant, les choux gras du Figaro ou que dans de nombreux pays le voile soit imposé aux femmes? Tu vas lui demander, même en France, de respecter « la pudeur » telles que les mollahs la définisse et essaient de lui imposer des fois qu’elle deviendrait un étendard sexiste des valeurs occidentales?

    Pour ce qu’il en est de la politique récente du pouvoir politique iranien en attendant d’éventuelles réactions officielles :
    http://www.liberation.fr/monde/2014/06/11/iran-la-police-deployee-contre-le-non-respect-du-voile-islamique_1038112
    http://www.i24news.tv/fr/actu/international/moyen-orient/56545-150103-iran-rejet-d-une-loi-controversee-sur-le-port-du-voile

  4. @El Gato: Pas mal de confusions dans ton commentaire, c’est assez typique du sujet dans son approche occidentale, qui invite à mélanger la thématique religieuse, ou féministe, de façon à embrouiller consciencieusement les pistes… Mon billet est pourtant très simple: je n’ai pas discuté avec Golshifteh Farahani, qui est assez grande pour faire ce qu’elle veut, et je n’ai même pas eu entre les mains le numéro d’Egoïste, qui si j’ai bien compris ne fournit pas d’interprétation politique de ses choix éditoriaux. L’objet de mon commentaire se borne à l’enthousiasme journalistique qui accueille une photo de nu (bien innocente) en France, et la traite de manière étonnamment univoque, alors même qu’il n’y a aucune déclaration officielle de l’intéressée, et pas plus de réaction des autorités iraniennes (qui peut encore venir, ce qui n’empêchera pas que les articles l’auront quoiqu’il en soit anticipé). Si ça n’est pas un problème pour toi, pour moi, ça fait déjà un symptôme assez dense pour éveiller ma curiosité… ;)

  5. Très intéressant article et liens vers d’autres publications, tout aussi lumineux.

    Le nu est en effet une « catégorie » occidentale. Le nu et ce à quoi il renvoie de connotations, c’est à dire de faits sociaux, d’habitus et de compréhensions « qui vont sans dire ».

    Le nu féminin est forcément érotique, c’est d’ailleurs pourquoi, une fois exposé, on infère qu’il « pourrait » choquer qq’un. Et érotique c’est dire – toujours- interdit, tabou, etc. Le nu est forcément culturellement marqué en occident. (je ne développe pas l’argumentation sexualité-pêché-névrose, etc, bien connu). En revanche je voudrais m’arrêter sur la vision proprement occidentale du nu – féminin.

    Ceux qui ont eu le plaisir – non coupable- de visiter l’expo Kama sutra de la pinacothèque à Paris, auront peut être remarqué ceci : les représentations de l’acte amoureux, sexuel, indien, présentent deux expressions différentes. Jusqu’au 10ème siècle environ, les statues sourient de ce sourire extatique et retenu de yogi, de dieux, qui exprime une dimension transformatrice de l’acte sexuel. C’est un sourire bien particulier, proche du demi-sourire qu’on connaît au Bouddha par exemple, il dénote une maîtrise et une acceptation joyeuse de ce que peut le corps.

    Après le 10ème siècle, ou en tout cas dans les manuels du Kama sutra des 18 et 19ème siècles, on ne sourit pas, mais les visages sont parfaitement sans expression, tandis que les corps auxquels ils appartiennent se livrent à de postures assez compliquées (!) parfois. on les imaginerait tout de même transpirant un peu…

    Qu’est-ce à dire ? C’est à dire que le nu, pourtant sexuellement explicite dans l’iconographie érotique indienne n’est pas un nu sensé exciter le spectateur, mais lui inspirer tantôt des émotions d’ordre mystique, tantôt une pratique individuelle, dont ces manuels sont des prescriptions techniques. Une toute autre vision du corps donc. Corps qu’il ne s’agit pas de coloniser (celui de la femme), mais de domestiquer (le sien, masculin ou féminin pour le coup). Alors loin de moi de prétendre que l’Inde n’est pas une société machiste et inégalitaire, profondément. C’est évidemment le cas.

    Mais le regard sur la nudité est socialement connoté, « dirigé » bien différemment, et l’aspect moral en est absent. A fortiori l’aspect moralisateur et libidineux, et encore dominateur, prédateur que suppose, au contraire, en creux, la couverture d’Egoïste.

    Je disais plus haut que j’appréciais le lien vers d’autres publications. Ce que j’y ai trouvé de lumineux c’est précisément ce qui s’y passe en creux : les commentaires sont remarquables, parce qu’il s’y perçoit, il y surnage, et parfois c’est franchement dit : l’arrière plan de moral judéo-chrétienne et son éternel malaise, le racisme des commentateurs, et jusqu’aux plus évidentes expressions ultra-réactionnaires sur la place respective du mâle et de la femelle de l’espèce.

    Pourquoi je trouve ça si intéressant ? Parce que le propos de Golshifteh Farahani était bien de taper là où ça leur faisait mal les institutions répressives de son pays et de sa culture, mais que se faisant, elle touche tout de même à nos propres pulsions psychologiques ou morales endormies. Pourquoi ? Parce qu’elle le fait au moyen de nos catégories occidentales. Efficaces pour toucher sa culture, mais biaisée quand elle touche la nôtre. Quand elle emploie nos codes.

    Vous le dites fort bien (et je pense vraiment à Edward Said en vous lisant) :
    « (l’image) mobilise un stéréotype islamophobe, (qui) permet de reproduire un schéma médiatique éprouvé qui renvoie une image positive de l’Occident ». Cette image nous n’arrivons pas à la voir par les yeux de G Farahani, mais seulement par les nôtres, occidentaux, supérieurs forcément puisque cet Orient est tout à la fois cruel et fanatique, mais aussi sensuel et mystérieux, n’est-ce pas ?

    La fameuse raison dont l’Occident aurait la paternité et la quasi-exclusivité est bien difficile à convoquer dans les faits : lorsque vous rappelez ce que dit Libération (LE chantre autorisé de la pensée positive, émancipatrice et parisienne) : « la nudité parle directement à ceux qui avilissent les femmes sur sa terre d’origine », vous montrez bien notre incapacité foncière à voir le message mais seulement le corps de la messagère et la cohorte de clichés dits et redits, et de choses moins avouables. qui se déclenchent devant cette photo.
    « Ceux qui avilissent les femmes sur sa terre d’origine » se plaint Libé, paternaliste et sermonneur et avec la hauteur du sachant occidental.
    Mais ici, que dit la nudité quasiment exclusivement féminine qui défile partout ? Femme-voiture, femme-biscotte, femme-République, femme-yaourt, femme-banque, femme-porte-manteau de misogynes déclarés – genre Lagerfeld ? Elle ne dit pas l’avilissement ?
    Cette photo nous renvoie tout autant à nous donc, et à notre civilisation dont il faut rappeler qu’elle fut fondue au même creuset que l’Islam qu’on couvre, seul pourtant – de tous les défauts, de tous les obscurantismes.
    L’Occident a créé l’Orient à ses fins de colonisations, c’est la magistrake démonstration d’Edward Said, Mais aussi, et tout autant à ses fins de répression, projection, contrôle, censure, refoulement… propres.
    Cordialement
    Vidal C.

  6. En ce qui concerne l’absence d’interprétation politique de l’actrice, il faut, je pense, différencier l’intention vis-à-vis de son pays d’origine et de son pays d’accueil.

    Une citation tirée d’un article de francetvinfo peut faire penser qu’il y a quand même bien un enjeu de cette sorte, en ce qui concerne l’Iran:

    En Iran, « tout (…) est politique, même si personne ne connaît les César », avait-elle réagi, interrogée par Le Monde. « Moi je ne dis rien, pour calmer le jeu. » (l’affaire du sein dévoilé – 2012)

    Assez difficile après avoir lu cela de croire qu’elle n’a pas conscience de faire un « geste politique », vis-à-vis des autorités iraniennes en tous cas. Certes, on pourrait interpréter sa déclaration récente ( « Je ne voulais pas faire un acte politique. Ça l’est devenu… ») comme « Je ne voulais pas faire un geste politique vis-à-vis de la société française ».

    On est en droit de s’interroger, dans le contexte actuel, sur le réalisme de cette distinction.

    Je ne remets pas en cause que cela puisse provoquer un … émoi journalistique d’un enthousiasme parfois suspect.

  7. Papier tout a fait interessant, et qui illustre, pour moi qui vit en Asie, le fait qu’ici comme en d’autres domaines, les media occidentaux se font parfois leur cinema, se complaisent dans leur image « qu’est-ce qu’on est des chics types, des gens liberes, intelligents, gentils avec les femmes, etc. » en esperant une reaction (croustillante si possible) des populations indigenes dans leurs pays lointains, en tout cas digne des stereotypes qui leurs sont affubles, alors qu’ils n’ont visiblement meme pas encore lu, par exemple, la tres occidentale Nelly Arcan, un ecrivain qui elle, ne se payait pas de mots!

  8. un truc que personne, mais alors personne ne souligne, c’est qu’il faut que ce soit une femme qui soit coupable de se dissimuler, pour qu’on puisse la libérer. l’homme est étrangement absent. coupable en fait de patriarcat pour certaine. mais absent pour tout le monde. Edward Said dans sa critique de l’orientalisme, et son analyse des stéréotypes construit sur les juifs et les arabes par une certaine europe du XIXe siècle, montre que l’homme doit être absent. La Rebecca d’Ivanhoe n’a pas son parallèle masculin. Le jeune homme arabe, le guerrier sarasin ou le jeune héros juif n’a pas sa place. C’est très rare d’ailleurs que notre culture le mette en scène, s’il n’est pas délinquant ou terroriste. Et ça c’est du racisme. Je m’adresse à tout le monde, féministe et autres, quand vous vous intéressez uniquement à la femme musulmane, vous perpétuez un schéma patriarcale qui veux que la femme soit prisonnière et libérable, que la lutte d’une société contre une autre passe par la confiscation de ses femmes. La femme arabe libre, elle n’est pas à poil pour les spectateurs occidentaux comme un animal de cirque. Elle est voilée et porte des bombes contre l’armée française en Algérie, elle porte l’uniforme vert kaki et le fusil contre Daesh au Kurdistan, elle s’oppose à l’armée israélienne en Palestine, j’irais même jusqu’à dire la femme juive, elle rejoint l’armée pour défendre son pays, elle porte un voile aussi parfois. Malheureusement cette dernière, c’est à notre service, pour faire notre guerre aux arabes. Et ce ne sont pas des animaux présentées au Zoo à Paris ou défilant en prise de guerre derrière les légions victorieuses. La femme en lutte, elle aime son compagnon (-e-s comme ils disent), qui lui aussi combat pour sa liberté. Les hommes arabes aussi luttent et meurent. Contre des régimes et des milices qui sont mis en place pour que vous puissiez faire le plein à moindre prix. Les photos de femmes étrangères à poil ne libérent que la libido des males occidentaux, et donnent à leur femelles une position dominatrice, qui outre « leur faire passer la pillule », amha les enfermes elles aussi dans un système patriarcale de lutte entre civilizations.

  9. On se retrouve encore avec des hommes qui débattent entre eux de savoir si une femme devrait ou non poser nue. Je pense qu’elle n’en a autant rien à faire de ce que vous pensez que de ce que pense les fanatiques religieux. Et si elle estime qu’agir de cette manière fait partie de sa liberté, nous pourrions au moins respecter son opinion.
    Et quand elle dit que ce n’est pas politique, elle entend par là que ce n’est pas militant, mais bien sûr dans une société patriarcale une femme qui va contre les injonction patriarcales de la dite société émet une opinion politique.

    Une sociologue arabe dont j’ai oublié le nom a dit que les hommes occidentaux ressentaient leur pouvoir en découvrant les femmes, les orientaux en les couvrant.

    Pour l’emballement médiatique, je pense que c’est toujours plus agréable pour un certain nombre d’hommes de pointer du doigt le sexisme des autres plutôt que de regarder le leur. Mais si l’engagement pour l’égalité est constant et s’applique à toutes les cultures alors je pense qu’il est fondé et nécessaire.

    Quand à cette phrase
    « se focaliser sur le sexisme des sociétés musulmanes, plutôt que de questionner d’autres paramètres, correspond à un réflexe typique de la pensée coloniale, qui met en avant un marqueur particulièrement visible de l’avancement occidental et souligne par contrecoup l’arriération des pays orientaux. »

    Se préoccuper de la condition de vie de 50% voir plus de la population est absolument légitime. (Encore une fois à condition que l’on se préoccupe du sexisme avec la même pugnacité au sein de son propre pays.) Il ne faut pas que les racistes opportunistes rendent illégitime toute pensée libératrice et féministe.
    Je suis personnellement pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes cultures et régions du monde..
    Il n’y a pas de parti du monde ou l’oppression serait plus légitime que d’autres. Etre opprimé ne justifie pas d’opprimer à son tour.

  10. @Jacqueline: Si seul l’avis d’une femme peut compter ici, pourquoi omettez-vous de dire que la phrase que vous citez n’est qu’une synthèse de la réflexion d’une anthropologue de renom, Lila Abu-Lughod, spécialiste du genre et du monde arabe. Son ouvrage Do Muslim Women Need Saving? présente l’intérêt de prendre le contrepied de l’opinion aujourd’hui la plus répandue, celle que vous soutenez, selon laquelle le monde occidental devrait « sauver les femmes arabes ». Si vous vous intéressez sincèrement à la vie des populations musulmanes, je vous invite à consulter ces travaux, qui proposent un point de vue humaniste et documenté, bien différent du “féminisme colonial” qui s’est imposé depuis le 11 septembre pour justifier la guerre contre l’Axe du Mal initiée par l’administration Bush.

  11. Tu fais une différence en matière de “féminisme colonial” entre un avant et un après 11 septembre ?

  12. Mr Gunther, cessez de penser avec le bric-à-brac du féminisme de genre. Il n’y a que ce néo-féminisme moral et puritain pour s’offusquer d’une femme nue et voir du « sexisme » partout. Quand Depardieu est nu, vous ne hurlez pas au sexisme ? Et bien moi non plus quand je vois une femme nue – et pourtant je suis une femme ! Détendez-vous et ne tombez pas dans l’ornière de ce pitoyable féminisme dévoyé.

  13. @El Gato: Je ne suis pas spécialiste de ces questions, mon opinion est de seconde main, je me base principalement sur Abu-Lughod (pdf ici), qui décrit d’une part le “féminisme colonial” à partir d’exemples en Egypte ou en Algérie sous occupation, et qui rappelle d’autre part que la guerre contre l’Afghanistan fut engagée avec l’argument de la défense des femmes («The fight against terrorism is also a fight for the rights and dignity of women», Laura Bush, 17 novembre 2001).

    Si l’on peut trouver des exemples de dénonciation du sexisme du monde arabe avant le 11 septembre (Jamais sans ma fille, Betty Mahmoody et William Hoffer, 1987), il suffit de regarder la chronologie éditoriale pour observer que la préoccupation pour le bien-être des femmes musulmanes est un sous-produit de la «guerre contre le terrorisme». Tout comme on peut parler d’une instrumentalisation de la laïcité par les néocons et les identitaires, on constate aujourd’hui une instrumentalisation du féminisme qui s’inscrit dans la droite ligne des manipulations coloniales, et qui constitue un piège redoutable pour les gens de bonne foi préoccupés d’éthique, particulièrement à gauche – c’est d’ailleurs bien pour cette raison que ces arguments sont mobilisés…

    @Lucia: Il y a une confusion lexicale toujours amusante entre “sexisme” et “sexy” ou “sexuel” (dont l’antonyme serait donc logiquement “puritain” ou “coincé”). Le sexisme, c’est par exemple quand, à qualifications et compétences égales, les femmes touchent une rémunération en moyenne 30% moins élevée que les hommes, ce qui n’a rien de sexy ni de sexuel. Je reviendrai une autre fois sur l’analyse du genre du nu, qui pose de nombreuses questions subtiles et intéressantes à propos de sexualité et de domination. Mais en résumant à la hache, ce n’est pas le nu qui fait le sexisme, c’est le sexisme qui fait le nu (féminin, donc, forcément – un nu masculin ne peut pas être lu de la même manière ni avoir les mêmes connotations dans une société patriarcale).

  14. Un minimum de contexte semble nécessaire : cette actrice avait déjà posé nue dans le Figaro Madame en 2012, ce qui avait bel et bien provoqué quelques remous en Iran.
    http://observers.france24.com/fr/content/20120119-une-actrice-iranienne-enleve-haut-cree-scandale-iran-sein-nu-topless-golshifteh-farahani

    Elle avait aussi participé à un clip où 30 jeunes acteurs nominés aux César se dénudaient devant la caméra.
    http://www.dailymotion.com/video/x281m57_le-sein-nu-de-l-actrice-iranienne_news

  15. N’y a-t-il pas au moins une certitude : cette couverture fait parler et fait connaître une revue chic (35 euros le numéro ?) fondée en 1977 et vendue même au Koweit.
    Un excellent coup de pub donc.

  16. En lisant ce billet, je me suis souvenu des excellentes réflexions publiées ici-même lors de la scandaleuse éviction de Siné de Charlie Hebdo. Au final il semble bien que trois valeurs essentielles et structurantes pour la « gauche » (du moins celle de ma génération de « quadras ») ont été instrumentalisées, dévoyées et ne peuvent désormais plus être employées sans quelques précautions : l’antisémitisme, le féminisme et la laïcité. C’est infiniment triste mais c’est un fait qui ne peut plus être évité, et je pense que les mises au point sur ces sujets sont de plus en plus nécessaires.

  17. très bien vu en effet le commentaire d’Antoine sur l’absence de l’homme dans le tableau. Finalement il y a l’absence, le voilement, le dévoilement qui domine et esquinte, bref l’aliénation à tous les étages et pour tous les genres et sexes. Qui aliène qui d’ailleurs ? Nous mêmes.
    Un bref commentaire sur les propos – justes – de Fabien. l’antisémitisme, la laïcité et le féminisme sont-ils des valeurs ? Ne sont-ils pas plutôt des outils, des tactiques, des actions. La valeur c’est la solidarité, la liberté, etc. ce sont celles-ci qui sont dévoyées et difficiles à utiliser sans passer pour un(e) naïf(ve). Suprême erreur surtout en France où il est essentiel de manipuler de durs concepts et no ce qui pourrait passer pour des mièvreries New Age. Ce qui est structurant pour la gauche (des quinquas :-)) c’est encore ces valeurs là, la vision de la lutte des classes ou en tout cas des grandes classes de forces en présence, la critique de la valeur (économique), la lutte contre l’aliénation…

  18. « @Jacqueline: Si seul l’avis d’une femme peut compter ici, pourquoi omettez-vous de dire que la phrase que vous citez n’est qu’une synthèse de la réflexion d’une anthropologue de renom, Lila Abu-Lughod, spécialiste du genre et du monde arabe. Son ouvrage Do Muslim Women Need Saving? présente l’intérêt de prendre le contrepied de l’opinion aujourd’hui la plus répandue, celle que vous soutenez, selon laquelle le monde occidental devrait « sauver les femmes arabes ».  »

    @André, je vous invite aussi à me relire,si vous croyez sincèrement que je pense que le monde occidental devrait sauver les femmes arabes. Je pense que toutes les femmes du monde doivent être solidaires et se soutenir dans leur libération. Je pense qu’au même titre que les femmes musulmanes les femmes du monde entier subissent le sexisme. Le patriarcat étant international Il me parait nécessaire que le féminisme le soit aussi.
    Et ça n’a rien à voir avec le chevalier blanc qui arrivent en haut d’une dune pour libérer les femmes indigènes. Ne caricaturez pas mon propos.

    La voix de la sociologue que vous citez n’est pas unique il y a aussi énormément de femmes, notamment iraniennes, qui appellent à plus de solidarité internationales. On peut en voir un exemple sur cette page https://www.facebook.com/StealthyFreedom?fref=nf
    Un autre exemple avec les positions universalistes de Nadia El Fani.

    Personnellement je pense que la justice et le bien sont toujours identiques et ne se modifient ni en fonction des époques ni en fonction des régions. Les manières d’atteindre cette justice peuvent cependant être extrêmement différentes.

    Un extrait d’un texte que Simone Weil a écrit à propos de Rome résume exactement ma position. (il est long, mais je fais confiance aux lecteurs et lectrices de ce site).

    « Vainement tenterait-on de diminuer la portée de telles analogies en
    soutenant que la morale change, et que des actes qui étaient pardonnables ou
    admirables autrefois sont devenus inadmissibles. Ce lieu commun ne soutient
    pas l’examen. Rien ne permet de croire que la morale ait jamais changé. Tout
    porte à penser que les hommes des temps les plus reculés ont conçu le bien,
    quand ils l’ont conçu, d’une manière aussi pure et aussi parfaite que nous, bien
    qu’ils aient pratiqué le mal et l’aient célébré quand il était victorieux, exactement
    comme nous faisons. En tout cas la plus ancienne conception de la vertu
    qui soit parvenue jusqu’à nous, celle élaborée par l’Égypte, est pure et
    complète au point de ne pas laisser place au progrès. Il y a quarante siècles,
    dans cette terre comblée de grâce, l’être humain le plus misérable avait un prix
    infini, parce qu’il devait être jugé et pouvait être sauvé. On faisait alors dire à
    Dieu : « J’ai créé les quatre vents pour que tout homme puisse respirer comme
    son frère… J’ai créé tout homme pareil à son frère. Et j’ai défendu qu’ils
    commettent l’iniquité, mais leurs coeurs ont défait ce que ma parole avait
    prescrit. »
    On n’a jamais rien écrit de si touchant pour définir la vertu que les
    paroles prononcées dans le Livre des Morts par l’âme qui va être sauvée :
    « Seigneur de la vérité… Je t’apporte la vérité. J’ai détruit le mal pour toi… Je
    n’ai pas méprisé Dieu… Je n’ai pas mis en avant mon nom pour les honneurs…
    Je n’ai pas été cause qu’un maître ait fait souffrir son serviteur… Je n’ai fait
    pleurer personne… Je n’ai causé de peur à personne… Je n’ai pas rendu ma
    voix hautaine… Je ne me suis pas rendu sourd à des paroles justes et vraies. »
    Pendant quelques centaines d’années l’Égypte a donné l’exemple de ce que
    peut être une civilisation non souillée d’impérialisme ou de brutalité systématique
    ; et nous, trente-cinq siècles plus tard, à peine imaginons-nous parfois en
    rêve que pareille chose est peut-être possible.

    L’idée que se faisaient de la vertu les Grecs d’il y a vingt-cinq siècles est
    mieux connue encore ; il serait insensé de croire qu’à cet égard il ait pu y avoir
    progrès par rapport à eux. Il se trouvait alors des penseurs pour condamner
    sans réserve l’institution de l’esclavage ; Eschyle, dans son Agamemnon, condamnait implicitement la violence et la guerre ; l’Antigone de Sophocle
    repoussait toute haine quelle qu’elle fût.

    Sans doute Athènes eut des velléités d’impérialisme qui firent d’ailleurs sa perte ; et il s’en faut de beaucoup que la perfidie et la cruauté aient été absentes de sa politique extérieure. Mais personne, pas plus alors qu’aujourd’hui, ne regardait de telles pratiques comme étant, du point de vue de la morale, louables ou indifférentes ; quand on en faisait l’apologie, c’était en développant sous une forme ou sous une autre la maxime « Politique d’abord », exactement comme à présent.
    D’ailleurs l’impérialisme et les méthodes qu’il comporte avaient des adversaires irréductibles,dont Socrate est le plus connu ; il fut, il est vrai, mis à mort, mais on l’avait laissé vivre jusqu’à soixante-dix ans, et ses disciples eurent toute licence pour le célébrer dans leurs écrits et leurs discours.

    Quant aux Romains, si on lit leur histoire dans les textes de l’antiquité, notamment dans Polybe, on a l’impression que de leur temps au nôtre la sensibilité morale n’a guère changé. Sans doute toutes les nations de cette époque pratiquaient-elles plus ou moins, par intervalles, la perfidie et la cruauté ; on ne saurait affirmer qu’il en ait été autrement depuis à aucune époque, sans exclure la nôtre. Mais comme
    aujourd’hui la perfidie et la cruauté, bien que pratiquées, étaient généralement
    réprouvées ; comme aujourd’hui une seule nation en faisait froidement et
    systématiquement le principe même de sa politique pour un but de domination
    impériale.
    Une telle politique, de la part de notre ennemi, nous parait monstrueuse
    ; elle ne devait pas paraître moins monstrueuse aux contemporains des
    Romains ; la meilleure preuve en est le voile épais d’hypocrisie dont les Romains
    l’on recouverte, hypocrisie si singulièrement semblable à celle pratiquée
    de nos jours, notamment quant au camouflage de l’agression en légitime
    défense. Puisqu’on était hypocrite alors de la même manière qu’aujourd’hui,
    c’est que l’on concevait le bien de la même manière.

    Mais quand même la morale aurait changé, cela ne diminuerait en rien la
    portée du fait que de nos jours on parle partout de la Rome antique avec
    admiration. Car un homme ne peut pas juger une action, quelle qu’en soit la
    date, par rapport à une conception de la vertu autre que celle qui sert de
    critérium pour ses propres actions. Si j’admire ou si même j’excuse aujourd’hui
    un acte de brutalité commis il y a deux mille ans, je manque aujourd’hui, dans
    ma pensée, à la vertu d’humanité. L’homme n’est pas fait de compartiments, et
    il est impossible d’admirer certaines méthodes employées autrefois sans faire
    naître en soi-même une disposition à les imiter dès que l’occasion rendra une
    telle imitation facile »

    La fin me parait particulièrement révélatrice

    Car un être humain ne peut pas juger une action, quelle qu’en soit la
    date ou la culture, par rapport à une conception de la vertu autre que celle qui sert de critérium pour ses propres actions. Si j’admire ou si même j’excuse aujourd’hui
    un acte de brutalité commis il y a deux mille ans ou dans une autre région du monde, je manque ici et aujourd’hui, dans ma pensée, à la vertu d’humanité. L’être humain n’est pas fait de compartiments, et il est impossible d’admirer certaines méthodes employées autrefois sans faire naître en soi-même une disposition à les imiter dès que l’occasion rendra une telle imitation facile »

    Le racisme, le sexisme, l’homophobie, l’impérialisme ne sont jamais des exceptions culturelles à conserver ce sont des ennemis à combattre en tout lieu et à chaque époque.
    Vouloir faire passer la lutte contre le sexisme pour de l’impérialisme est une honte mise en vogue par l’ayatollah khomeini. Que certains fassent semblant de se préoccuper de la situation des femmes avec d’autres motifs que leur libération effective est un tout autre problème.
    Mettre les deux positions dans le même panier idéologique est une insulte pour toutes les féministes.

  19. C’est drole la rapidite avec laquelle certains concluent que lorsqu’une femme se denude c’est un indice de sa liberte et lorsqu’elle se voile c’en est un de son alienation.

    Ma fille de 11 ans a commence, depuis 3 mois, a fermer la porte de la salle de bains lorsqu’elle se lave. Elle est encore loin d’etre pubere, mais ce geste est venu de sa propre initiative, et sa petite soeur de 2 ans sa cadette ne l’a pas.

    Leur mere et moi nous sommes gardes de tout commentaire, faisant semblant de n’avoir rien remarque.

    Serait-ce trop demander d’essayer d’avoir un peu de tact envers toutes les femmes, et de ne pas les accuser de « violence » lorsqu’elles se voilent ou lorsqu’elles se denudent?

  20. @Lucia : hmmm, « néo-féminisme moral et puritain » ou « néo-sexisme moral et puritain » ?

    Visiblement, de peur de paraître islamophobe (puisque André, dans des espaces plus personnels comme facebook, affirme la Vérité avec grande nuance : « nous vivons désormais dans une société profondément islamophobe »), on va remettre en cause l’action d’une femme qui se trouve depuis un certain temps au centre de tensions liées à sa volonté d’avoir des activités qui semblent à certains inconciliables avec le statut de femme.

    Pas de remise en cause directe de cette action ici – on se targue d’un vernis féministe sous le sexisme. Mais on décontextualise. On passe rapidement sur l’historique des relations entre cette femme et les autorités iraniennes, on n’a pas vu non plus les réactions suite à la publication de ses nus de 2012 ou de celui-ci (« she disgraces iranian women… »), on ne voit pas le rapport entre le fait qu’elle soit bannie de son propre pays pour avoir posé nue et le fait qu’elle pose de nouveau nue.

    Du coup, on laisse planer des doutes sur la volonté réelle de cette femme (« l’absence de déclaration explicite de l’actrice »), voire d’autres doutes peu flatteurs (« Une très sage photo de nu en noir et blanc peut-elle encore attirer l’attention de la presse? » => elle l’a fait pour être vue et faire le buzz, semble-t-on dire, reprenant des critiques lisibles sur des sites iraniens qui expliquent que cette photo a été faite avant tout pour l’argent – une femme qui pose nue est forcément une prostituée…)
    Quand on fait abstraction de tout ce qui explique le comportement de cette femme, en effet, on ne comprend pas pourquoi elle fait ça. L’auteur refuse tout contexte avant de s’étonner que le contexte manque : ne reste alors qu’une seule explication à la reprise de cette photo : l’islamophobie.
    Il est vrai qu’on ne parle pas assez de l’islamophobie rampante envers le régime de leur pays des femmes qui s’en font bannir pour avoir osé tourner sans foulard et avoir montré un sein…

    Et c’est ainsi qu’au nom de la lutte contre un véritable problème (l’islamophobie – mais visiblement transformé en peste brune qui a déjà touché tous nos contemporains (sauf les purs, bien sûr)), on en vient à nier la liberté et l’action d’une artiste et d’une femme.

    Et nous passerons pudiquement sur le « petit frisson d’excitation sexuelle » : ce qui semble donc être le ressenti de l’auteur du post ne sera pas celui du lecteur lambda devant une image très léchée qui n’a rien de sexuelle

  21. La lecture des commentaires associés à cet article m’attriste. Comme André a déjà souligné dans son article et aussi dans les commentaires, il s’agit bien d’un discours journalistique sexiste qui fournit une interprétation plutôt complaisante et flatteuse du rôle de l’Occident pour l’avancement des femmes dans des régimes oppressifs, sans aucune mise en cause de ce type de discours. Si l’article de Libé précise que Golshifteh ne revendique pas son acte comme un acte politique, alors pourquoi parler à sa place? Pourquoi supposer que “la nudité parle directement à ceux qui avilissent les femmes sur sa terre d’origine.”
    Etudiante en Culture Visuelle, je n’ai jamais entendu les images parler, seulement les discours autour des images qui les font parler et leur font dire des choses.
    Prenez l’exemple d’Emma Holten, victime de revenge porn qui justifie sa décision de s’exhiber pour réapproprier l’image de son corps.

  22. A lire en prolongement de cette discussion l’article de Saena Sadighiyan et Aïda Tavakoli publié par Rue89 “Regardez les seins de Golshifteh Farahani mais ne parlez pas à leur place, merci”, http://rue89.nouvelobs.com/2015/02/11/regardez-les-seins-golshifteh-farahani-parlez-a-place-merci-257637 qui resitue l’épisode dans le contexte de la contestation en Iran, et décrit l’actrice en « victime non plus du voile islamique, mais du ‘voile médiatique’, ce voile qui fausse les intentions, les actions, par l’abondance de mots, de bavardages, de raccourcis, et qui trahit non seulement la voix de leur propre ‘élue’, mais réduit également celle de milliers d’autres au silence, en leur accordant moins d’importance ».

Les commentaires sont fermés.