L’une des analyses les plus appréciées de L’image sociale a désormais sa version vidéo, grâce à l’aimable collaboration de Louis Gunthert, que je remercie pour sa mise en forme.
Le scénario des Schtroumpfs noirs (1963) décrit la contamination des lutins bleus par un mal étrange qui les transforme en êtres malfaisants, dépourvus de langage, à la peau noire. L’adaptation américaine lui substitue la couleur violette. L’œuvre de Peyo est-elle raciste? C’est ce qu’affirment certains critiques. Examen d’un monument de la bande dessinée, qui révèle une filiation surprenante.
7 réflexions au sujet de « La couleur des Schtroumpfs noirs »
Une démonstration parfaitement stroumpfée, il me semble – bravo !
Analyse éclairante qui renvoie dans les filets certaines critiques bien pensantes trop paresseuses
Le format vidéo est très convaincant et permet d’élargir le public. Il faudrait un prompteur pour que la lecture se voit moins et une meilleure captation sonore mais c’est prometteur. Bravo à Louis Gunthert.
Merci et bravo à Louis!
Merci pour vos encouragements, que je m’empresse de transmettre à leur destinataire !
Le noir est la couleur de la nuit, du danger, de la mort, du méchant, le sale. Ce sont les racistes qui ont attribué aux « nègres » l’attribut de mauvais parce que noir de peau. Pas l’inverse. (le blanc est attribué à la lumière du jour…, la vie le bien, le bon…le propre). De la même manière les sorcières sont quasi toujours représentées avec des cheveux noirs et les fées avec des cheveux blonds. Les femmes du peuple avec des cheveux noirs et les princesses des cheveux blonds. La sagesse chez les femmes se représente avec des cheveux blancs et celle des hommes avec une barbe. Il ne faut pas y chercher malice ce sont des représentations de hiérarchies sociales (que l’on peut contester) mais pas de la discrimination. De la même manière le Père fouettard de Saint Nicolas est noir non parce qu’il est un « nègre » mais parce qu’il est le ramoneur qui nettoie la cheminée avant la visite du grand-saint et comme il est noir il est chargé aussi de punir l’enfant non méritant.
Il ne faut pas toujours tout lire selon la grille de la discrimination, du sexisme et du racisme.
L’égalitarisme contemporain est décidément déviant et en arrive à nier le principe même d’égalité.
Je serais tout à fait désolé que mes objections à une interprétation raciste des Schtroumpfs noirs conduise à remettre en cause la vigilance antiraciste, plus que jamais nécessaire.
Ma relecture invite plutôt à prendre en compte l’importance des contextes dans l’interprétation des signes. Même si les SN ne sont pas une œuvre raciste, une adaptation qui aurait repris leur code couleur original serait allé au devant de difficultés probables dans le contexte américain. Le rôle d’un éditeur est précisément de tenir compte des différences de sensibilité du public, et c’est bien ce qu’a fait Hanna-Barbera (en accord avec Peyo et avec la collaboration de Delporte).
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