Conférences du CAES, EHESS, 17 janvier 2019 (58 min, réal. Philippe Kergraisse).
Peut-on photographier les dinosaures? En principe, bien sûr, c’est impossible. Pourtant, le cinéma nous offre des reconstitutions crédibles de ces animaux disparus. Si ces images ne sont pas de même nature que la photographie d’enregistrement, elles ne sont pas pour autant de pures fictions. Elles intègrent un état du savoir scientifique qui leur donne un caractère partiellement documentaire. La question abordée par cette conférence est celle de l’archéologie de l’image documentaire. Entre l’illustration des récits d’exploration et la construction de l’objectivité des sciences, une nouvelle élaboration du regard change le statut des images, et crée les conditions qui rendront possible aussi bien la photographie que les reconstitutions de dinosaures.
5 réflexions au sujet de « Peut-on photographier les dinosaures? »
Ces reconstitutions cinématographiques sont ce que l’on nomme la « photographie de synthèse »: https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_photographie#La_photographie_de_synth%C3%A8se
Et c’est plus le protocole de prise de vue que l’image finale qui valide sa crédibilité documentaire.
Je dirais même, par provocation, que la photographie n’aura, bientôt, et si esseulée, plus aucune fonction documentaire.
Les ingénieurs utilisent des images de synthèse pour comprendre mieux certains aspects des objets (avions, barrages, puces électroniques…)qu’ils développent ou ont déjà développés, alors même que lesdits objets réels et actuels peuvent être photographiés « réellement », contrairement aux dinosaures. Mais ces photographies ne leur apporteront pas tel ou tel aspect de la « réalité » technique recherchée, passée au filtre d’une modélisation d’ingénieur. On y trouve la fonction documentaire que vous évoquez. Et les images de dinosaures sont aussi passées au filtre d’une représentation.
@aurellyen
La photographie de synthèse (ou plus généralement l’imagerie de synthèse quand les caractéristiques perspectives et lumineuses spécifiques à la photographie sont absentes) vient « documenter » non pas des objets réels (avion, puce, chien ou cuillère) mais la connaissance que l’on a sur ces objets, quitte à d’abord l’expérimenter, la valider pour enfin la documenter.
@Marcol
Hum, je pense qu’on ne documente pas une réalité dissociée de notre modèle de connaissance. Mais on peut photographier un objet réel. Et il me semble que cette photographie donne une connaissance « relative » de la réalité, pas plus forte (j’aurais tendance à dire moins forte) que celle produite par modèle scientifique ou technique et documentée par imagerie.
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