Le Dr Raoult et le monde d’après

En l’espace de quelques jours, nos vies ont basculé. Devant la menace d’un ennemi invisible, un monde inconnu a remplacé notre univers familier, quadrillé par les interdits, la solitude et la peur. A travers les écrans, nous voyons les plateaux télé se dépeupler, les selfies envahir les timelines, les rues des cités désertes. Et pire: nous choquent déjà l’ancienne promiscuité, l’absence de masques ou de précautions dans les publicités où les gens sont libres d’aller et de venir, ou dans Scènes de ménages (M6), mini-série de la vie quotidienne. Tout à changé si vite – le monde social d’autrefois est devenu un univers qui nous terrifie.

Dans ce grand basculement, un héros est apparu pour apaiser nos peurs. Didier Raoult est certes le nom d’un infectiologue spécialiste des maladies tropicales à la faculté de médecine de l’université d’Aix-Marseille et à l’IHU Méditerranée Infection, mais c’est aussi, depuis quelques jours, le visage d’un nouveau récit social – un récit de résistance et d’espoir véhiculé par des milliers d’anonymes. Je n’ai aucune compétence pour juger de la proposition du spécialiste de la chloroquine, présentée comme un médicament miracle contre le coronavirus dès le 25 février. Mais indépendamment de la réalité scientifique, le personnage du Dr Raoult, ses annonces tonitruantes et sa confiance inébranlable, ont fourni tous les ingrédients d’un récit complotiste exemplaire, qui marque donc en France l’entrée dans le monde d’après.

Pour les journalistes, les politiques et Gérald Bronner, complots et fakes news sont des problèmes qui concernent la populace, et qui sont faciles à corriger, par l’administration de la Vérité par les autorités. Puisque la Terre est ronde, tous ceux qui pensent qu’elle est plate sont des imbéciles.

Pour le chercheur en sciences sociales, en revanche, le complot est la manifestation d’un conflit, qui porte justement sur la remise en cause de l’autorité des pouvoirs. Toute élaboration complotiste indique la perte de confiance dans la bienveillance de ceux qui dirigent le monde, et se traduit par la remise en question des récits établis. Décrire ces récits comme des croyances, c’est manifester leur caractère construit et instiller le soupçon. Dans cette logique, le problème est moins de croire que la Terre est plate que de douter qu’elle est ronde, voire de montrer qu’on doute. Contester l’un des faits les plus indiscutables correspond au choix de s’attaquer aux fondements mêmes de la rationalité dominante. Le sentiment de scandale éprouvé par les gatekeepers devant cet irrespect vient apporter la preuve du caractère sacré d’une connaissance imposée.

La manière dont s’est nouée la polémique autour du Dr Raoult  est typique de cette élaboration alternative. Ce sont les réseaux sociaux, et non les institutions, qui se sont emparés de la proposition iconoclaste du chercheur, dans un contexte de terreur, d’intimidation autoritaire et de zigzags de la gestion de crise. Face à l’urgence de la pandémie, les carences sanitaires et la temporalité de la recherche médicale sont apparues comme autant d’obstacles incompréhensibles. Dans l’univers de pénurie et de mensonge brusquement révélé derrière le décor de la «sixième puissance économique mondiale», la réponse ne pouvait venir que d’un franc-tireur, un outsider, en froid avec les «décideurs parisiens», incarné par un personnage de savant excentrique et fort en gueule, un mage à la coiffure à rebours des modes et à la barbe évocatrice.

Même s’il s’avère que la chloroquine, au terme des essais cliniques, fournit une réponse thérapeutique à la pandémie, le succès rencontré en France et aux Etats-Unis par le récit complotiste d’une substance magique, administrée en dehors de tout protocole, est la marque d’une profonde perte de confiance dans la capacité des autorités à répondre à la crise. En dépit des appels à l’union sacrée, le récit officiel s’est avéré si inconsistant qu’une mythologie d’opérette a paru plus convaincante pour affronter les peurs. La barbe du Dr Raoult est le signe de la désillusion, de l’effroi et du sentiment d’abandon qui nous étreint.

17 réflexions au sujet de « Le Dr Raoult et le monde d’après »

  1. Je ne crois pas à la perte de confiance en la science. Ou plutôt je pense que c est une illusion car je n’ai pas le souvenir qu il en est été autrement un jour. (J ai 48 ans)
    Je crois, comme E. KLEIN, qu on n’apprends pas à l ecole à connaître le pourquoi et le comment des faits scientifiques qu’on nous enseigne et que, de ce fait, on attribue aux faits scientifiques une croyance plutôt que les valider comme étant des savoirs.
    On nous explique que la terre est ronde. Et on y croit. Demandez autour de vous qui pense que la terre est ronde. Et demandez leur de vous expliquer comment ils savent que la terre est ronde. Vous verrez, ils sont bien moins prolixes qu’un platiste. Un platiste lui, à des arguments.

    E Klein disait :

    《Si nous avons une mauvaise connaissance de nos connaissances, si nous ne sommes pas capables de dire comment nos connaissances dans l’histoire des idées se sont construites contre les croyances, ça veut dire que nous traitons nos connaissances comme des croyances.
    A partir du moment où les connaissances sont traitées par ceux qui les possèdent comme des croyances, elles sont mises au même rang que ceux qui ont des croyances. Et ils sont beaucoup plus prosélytes que nous…
    Pour démontrer qu’une connaissance est une connaissance, il faut du temps…》

    Citation tirée d’un extrait d une video d’Etienne KLEIN, « Le pays où habitait Albert Einstein » : (à 1:40:35)
    https://youtu.be/A-noYGZeyrw?t=6035

  2. Comment considérer un pouvoir ultra libéral qui n’a eu de cesse massacrer la fonction publique et piétiné l’hôpital et tous les acquis sociaux
    Qui ne distribue pas de masques pour tous qui ne produit pas de tests qui ment honteusement en permanence pour dissimuler ce navrant constat
    En comparaison le fameux professeur Raoult est un véritable héros qui démonte la propagande des incapables
    Et l’Europe ??? Reste-t-il quelques débris de ce grand marché de la finance antisociale ?
    Et bien oui ce professeur est l’homme de la providence

  3. @Sam Sieder: Oui, je suis d’accord avec vous. La rotondité de la Terre n’est pas très difficile à montrer, mais la plupart des gens ne sont pas capables de recourir à une démonstration. On va plutôt affirmer qu’il s’agit d’un fait qui ne peut pas être mis en doute. En rouvrant la boîte noire, les complotistes redécouvrent que les connaissances sont des constructions sociales. Telle n’est pas la façon d’enseigner les sciences (dans l’enseignement général), ce qui est bien regrettable.

    Mais la question qui me paraît plus intéressante est de se demander pourquoi et à quel moment des populations perdent la confiance qui les fait habituellement accepter le récit des autorités. Le contre-récit des soucoupes volantes intervient après la 2nde guerre mondiale comme un décalque du projet Manhattan, entreprise secrète menée par l’Etat avec l’aide des savants pour produire la plus terrifiante des armes. La forme initiale du récit des OVNI n’est pas fondamentalement une histoire d’extra-terrestres, mais plutôt celle de la dissimulation de preuves par l’armée, c’est-à-dire un complot. Dans cette lecture, le récit des soucoupes volantes devient le révélateur du traumatisme de la dissimulation de la Bombe dans une démocratie libérale, qui a trahi ses principes. Pour le dire autrement, il y a toujours de bonnes raisons à l’émergence d’un complot. C’est sur ces causes qu’il faut s’interroger, plutôt que sur les formes symptomatiques que peut prendre la réponse.

  4. « Mais la question qui me paraît plus intéressante est de se demander pourquoi et à quel moment des populations perdent la confiance qui les fait habituellement accepter le récit des autorités. »
    Je ne sais pas pour les autres citoyens, mais dans mon cas, clairement c’est quand Ariane Chemin rapporte les propos de l’ancienne ministre de la santé, Agnès Buzin : https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/17/entre-campagne-municipale-et-crise-du-coronavirus-le-chemin-de-croix-d-agnes-buzyn_6033395_823448.html
    Qui ment ? Agnès Buzin en janvier ? Ou Buzin Agnès en mars ?
    Et tout d’un coup, le voile de la langue de bois et des mensonges quotidiens de nos dirigeants se déchirent…
    Sur quelles bases, les allemands (qui dépensent autant que nous dans leur système de santé, contrairement aux italiens qui dépensent 30% de moins par habitant) prennent des décisions politique différentes des notres ?
    Sur quelles bases, les coréens ont-ils agi autrement ?
    C’est bases n’ont rien de scientifiques, c’est bien là que vous vous trompez.
    C’est de la politique. Les allemands peuvent chercher une voie différente de la notre ou des italiens car : ils n’étaient pas concentrés sur les élections municipales et la réforme de leur système de retraite, ils ont un système démocratique qui fonctionne, ils n’ont pas fait peser le poids des restrictions budgétaires uniquement sur leur système hospitalier (à dépense de santé équivalente) comme en France… Bref, ils ont peut être un système social et politique plus performant que le notre. ça n’a rien à voir avec la science du vivant (biologie, médecine…), c’est bien de la politique.
    Ce que j’approuve chez D. Raoult, ce n’est pas son remède « miracle », ni ses méthodes de communication de gascon mais bien sa manière libertaire de mettre le couteau dans la plaie en disant que ce qu’il faudrait faire (comme il le fait à Marseille), c’est tester et traiter dès les premiers symptômes (ce qu’on fait d’autres États, parfois avec des moyens rudimentaires comme la chine : prise de température, parfois avec des moyens sophistiqués comme les coréens). Pourquoi ne pas le faire massivement comme en Corée ou en Allemagne ? Pas pour des raisons « scientifiques ».
    Il met le doigt là où cela fait mal : l’impréparation et le manque de réactivité et de jugeote de nos dirigeants lors des premières heures de la pandémie. Dès les premières alertes, les allemands ont mobilisés leur système de santé pour développer les tests (les chinois avaient un test qui marche dès la mi-janvier). Chez nous, le gouvernement n’a pris aucune mesure en janvier février pour nous préparer à l’arrivée du virus et depuis le gouvernement rame pour rattraper ce ratage à l’allumage.
    Le fond de l’affaire n’a rien de scientifique, ça n’a rien d’un complot (même si les inimitiés et détestations ont toujours une influence dans ces situations).
    C’est bien plus certainement un problème d’incompétence, d’impréparation et d’absence totale d’honnêteté de nos dirigeants qui ne reconnaitront jamais s’être trompés avant (le conflit social à l’hôpital depuis 1 an) ou au début de la crise (ne rien changer alors qu’il aurait fallu se préparer à l’arrivée du virus en mobilisant nos ressources : labos, industrie…).
    Et cela avec la complicité de médias qui savent que nous avons besoin, malgré tout, de leaders dans lesquels avoir confiance dans cette période de crise et qui préfèrent se museler.
    Pas de complot, juste du cynisme et un vague sentiment que l’on ne peut pas faire autrement aujourd’hui (et demain, qui voudra se dédire ? soyons sérieux, aucun journaliste n’osera dire « je me suis mordu la langue de peur de rompre la confiance dans ce gouvernement alors que nous en avions tellement besoin »)
    La logique du bouc émissaire peut s’appliquer autant à Raoult qu’à Macron, sauf que nous avons besoin d’un leader, donc, c’est Raoult qui fera le bouc.

  5. @JB: Un article du Huffington Post résume très correctement ce qui sépare la réaction française et celle de l’Allemagne face à l’arrivée du coronavirus. Il s’agit clairement d’une critique de la politique française, qui n’est que l’habillage d’une gestion de la pénurie et de l’impréparation:
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/tests-face-au-coronavirus-pourquoi-la-france-ne-copie-pas-lallemagne_fr_5e81c3c0c5b66149226ad574

    Le seul point où nous différons, c’est qu’il n’est évidemment pas possible de dissocier ici la dimension politique de la dimension scientifique. La mauvaise politique française va de pair avec de mauvaises appréciations de la situation épidémiologique.

    Mais tout cela n’a qu’un lointain rapport avec le point que je discute dans mon billet. Je n’ai rien contre le Dr Raoult, et à la différence de Gérald Bronner, je n’ai rien non plus contre les complots – qui sont des productions culturelles et des faits sociaux qui font partie de mes objets d’études. De même, que l’on soit sensible ou défavorable aux positions du défenseur de la chloroquine, la « raoultisation » du débat français est un phénomène objectif, que je me borne ici à signaler. Comme vous, je pense que les raisons de cet emballement sont à chercher dans les défaillances de la gestion politique de l’épidémie. Je m’intéresse donc moins à la personne de Raoult qu’au personnage fantasmé par la réception, tel que l’illustrent les rapprochements iconographiques cités ci-dessus. Il est évidemment révélateur que ces associations privilégient des personnages de magiciens, traduction de l’espoir qui est placé dans son personnage, et qui rend le débat particulièrement vif.

  6. Merci pour le lien vers l’article du Huffingtonpost, il résume bien les clivages et permet de s’éclairer en comparant les politiques allemandes et françaises.
    J’adhère à ce que vous écrivez dans le billet, je répondais plus @Sam Sieder et à la réponse que vous lui faisiez (quoique votre billet est aussi ambigu par moment) : la formation, la compétence ou le niveau scientifique des citoyens n’a rien à voir, selon moi, avec le succès de cette nouvelle icône. Les praticiens sont partagés sur le sujet d’un point de vue médical. Et Raoult est lui même un scientifique reconnu qui propose un protocole de suivi, dépistage, traitement. Donc c’est de la médecine, quoiqu’on en dise. Il n’y a pas ici de connaissance imposée mais bien une controverse médicale (et pas scientifique, la science faisant défaut pour l’instant, le virus étant mal connu).
    Et oui, j’adhère totalement au fait que c’est la rupture de confiance d’avec nos gouvernants qui crée un vide, alors même que eux, mais nous aussi, en appelons à l’unité. Je suis un cas typique de ce phénomène : besoin de leader, mais pas ceux là, ils ont trop menti et affabulé.
    Par contre, je ne trouve pas que les réseaux sociaux soient le principal vecteur : les journaux, les médias abondent dans les même sens clivant : pro et anti Raoult. Nous pourrions être à la fin du XIXe, les mass médias ont un rôle encore central aujourd’hui. Sans Facebook ou Twitter, le résultat aurait été le même.
    D’autant que Raoult participe/produit lui même directement cette iconographie (la chaine youtube de l’IHU, en d’autres temps, il aurait eu sa radio ou sa lettre de diffusion) ainsi que dans ses tribunes dans Le Monde, ses édito… Je lisais un témoin (journaliste ou médecin ? il faudrait que je retrouve la source) qui avait demandé à Raoult, il y a quelques années, pourquoi il avait laissé poussé ses cheveux et sa barbe : « Pour les faire chier »
    Les acteurs de cette dispute sont les premiers producteurs et diffuseurs de cette controverse (ses détracteurs, professeurs de médecine ou de biologie, journalistes et chroniqueurs ont la même attitude polémique que lui et des prises de positions souvent exacerbées) Nous en sommes les récepteurs directs, sans même le besoin de l’amplificateur des réseaux sociaux.

  7. D’accord pour l’essentiel, sauf sur le rôle des médias sociaux. Je vous fais remarquer que la prise de position inaugurale de Raoult, rediffusée ci-dessus, en date du 25 février (et qui portait d’abord le titre provocant: « Coronavirus: fin de partie« ), est bien publiée par ses soins sous forme de vidéo sur Youtube – et non dans les colonnes d’un journal médical. La caractéristique de ce débat sur ce qui est d’emblée présenté comme un médicament miracle est bien sa « socialisation » initiale – qui va également favoriser son amplification médiatique, ainsi que le caractère confus de la réponse par les pairs, brouillée et mêlée à la polémique (socio)médiatique…

  8. Est-ce que la chaine Youtube de l’IHU est un média social ou un mass média ? Où est la frontière ?
    D’accord, Raoult a d’emblée utilisé la « socialisation », l’opinion publique pour faire la promotion de ses idées. C’est important de le rappeler. Mais sa communication ne me parait pas propre à notre époque et aux moyens de diffusion de l’information d’aujourd’hui (réseaux sociaux).

  9. La frontière entre mass médias et médias sociaux est simple: c’est la présence ou l’absence de filtre à la publication. Le caractère rediffusable ou commentable des contenus (alors que l’accès à la plupart des contenus médiatiques est aujourd’hui protégé) sont d’autres propriétés typiques des réseaux sociaux, qui favorisent la viralité.

  10. Quelques semaines après le début du buzz, l’affaire Raoult semble bel et bien pliée. Alors qu’Emmanuel Macron vient de rendre visite au directeur de l’IHU à Marseille, joignant son soutien à ceux de Donald Trump, Jair Bolsonaro, Bernard Tapie et Jean-Marie Bigard, la revue Prescrire livre son verdict sur les effets de la chloroquine sur le coronavirus.
    https://www.prescrire.org/fr/203/1845/58630/0/PositionDetails.aspx

    Semblable aux deux précédentes, la troisième étude de Didier Raoult, portant sur 1061 personnes contaminées, est toujours dépourvue de groupe témoin. Comme l’indique Prescrire, «en l’absence de groupe témoin, on ne sait pas si le traitement proposé a eu un effet dans un sens ou dans l’autre sur le risque d’évolution vers une forme grave, ni dans quelle mesure ce traitement a contribué à la guérison des patients».

    Mais le mensuel spécialisé a trouvé un groupe auquel comparer les résultats de l’étude de Marseille. A Gangelt, village allemand touché par le coronavirus, un dépistage systématique a été menée sur un échantillon représentatif de mille personnes, qui a conclu à une létalité estimée à 0,37%, soit environ 4 personnes sur mille. En d’autres termes, les résultats de l’hydroxychloroquine (associée à l’azithromycine) ne sont pas significativement différents d’une absence de traitement. La persistance de Raoult à produire des études sans groupe témoin, ou à recommander l’emploi de la chloroquine dès l’apparition des premiers symptômes, alors que le coronavirus ne provoque des complications que dans un faible pourcentage des cas, montre que le chercheur est probablement conscient des effets limités de sa molécule fétiche sur la maladie.

  11. à la confrontation de ses résultats par la revue Prescrire, s’ajoute l’article de Médiapart (en accès libre ce WE) qui pointe les habitudes manipulatrices de D. Raoult :
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070420/chloroquine-pourquoi-le-passe-de-didier-raoult-joue-contre-lui?onglet=full
    Reste la question de départ : tel que je le comprends, la cohésion sociale repose sur une part d’explication magique, mythologique (avec son revers le complotisme).
    La croyance dans la compétence de notre État et de nos dirigeants est tombée dès le début de la crise (dans mon cas en tout cas), suivi de la croyance dans une approche plus « médicale »…
    Aucune voix claire ne s’élève pour proposer une vision de ce qui nous arrive et doit être fait ou va nous arriver d’un point de vue médicale et sociale (et je ne parle pas d’économie, écologie et autres : sur ces sujets chacun à son idée, mais jamais la même).
    La seule solution collective actuelle est le repli, le confinement, la perte de relation et d’échange.
    Nos dirigeants sont gouvernés par l’intérêt personnel : ils passent tellement de tant à se disculper, à user de langue de bois et à changer de doctrine pour ne pas perdre la face qu’ils ont complètement oublié de construire un horizon, une vision, un mythe inclusif.
    Et vous, voyez-vous un discours fédérateur quelque part ? chez les médecins, scientifiques, historiens, politiques… ?

  12. @JB: Non, pour l’instant, je n’ai pas repéré de discours fédérateur. Plusieurs intellectuels ont partagé leurs réflexions, dans un cadre qui s’apparente souvent à du wishful thinking. Mais nous n’en sommes encore qu’à l’étape de la gestion, sous le coup de la panique et d’une absence de préparation visible, de la première phase de la pandémie. Une grande majorité attend le retour à la normale dans les prochains mois, et n’est pas préparée à la crise économique majeure qui va suivre le confinement. C’est à mon avis plutôt dans cette deuxième phase, lorsque les recettes habituelles auront montré leurs limites, que l’on peut s’attendre à des remises en question collectives plus profondes.

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