Le camp des crocodiles

Le 31 octobre 2014, Jean-noël Lafargue signale sur son mur Facebook l’ouvrage Les Crocodiles, de Thomas Mathieu: une bande dessinée réalisée à partir de témoignages qui dénonce le harcèlement et le sexisme ordinaire.

crocodiles1
Les Crocodiles, de Thomas Mathieu, aux éditions du Lombard (extrait).

S’ensuit une vive discussion de plus de 350 commentaires (plusieurs d’entre eux ont été effacés a posteriori par leur auteur), principalement animée par deux intervenants, qui regrettent en particulier le choix du dessinateur de présenter tous les personnages masculins sous les traits de crocodiles. Comme l’explique Fred B.: « l’auteur me fait comprendre que toutes les femmes voient les hommes comme des prédateurs en puissance. Les femmes, ces paranos »1.

Jean-no répondra après coup à cette polémique dans un billet sur Castagne, en rappelant la dimension traditionnelle de l’animalisation dans le registre satirique et en soulignant que le parti pris par l’auteur est « d’adopter le point de vue des femmes ».

La violence est un trait courant des discussions à propos de la révolution féministe, où plusieurs arguments récurrents ont été identifiés. Celui qui se manifeste ici est connu comme l’argument #notallmen, qui a son article sur Wikipedia: « Intended to counter generalizations about men’s behavior, the phrase has been criticized for deflecting conversations from uncomfortable topics, such as sexuel assault« .

Ceux qui soulignent que « tous les hommes ne sont pas comme ça », dans le cadre d’une discussion sur le harcèlement, recourent, souvent de manière ingénue, à un argument de minoration qui revient à nier l’importance du problème. Si le sexisme n’est le fait que de bad guys, alors les good guys peuvent vivre la tête haute et négliger ce qui ne concerne qu’une minorité (« Les femmes, ces paranos »). Il s’agit donc de sexistes qui s’ignorent – mais ils sont bien les seuls, car au cours d’une discussion comme celle accueillie chez Jean-no, ils sont copieusement attaqués et moqués par l’autre camp, qui reconnaît derrière leur argumentaire stéréotypé une posture partisane.

crocodile_notallmenTous les hommes sont-ils des crocodiles? Ce que nous apprend la sociologie des controverses2, c’est qu’une situation de conflit engendre mécaniquement une logique de camps, qui structure l’espace polémique en deux positions exclusives, entre lesquelles les participants au conflit sont sommés de choisir. De la même manière que l’on vote Hollande contre Sarkozy parce qu’on n’a pas d’autre choix, le conflit opère comme un dispositif simplificateur, qui a pour fonction de hâter sa résolution et son dépassement – car l’affrontement de deux camps identifiés permet d’organiser le combat et de désigner in fine un vainqueur et un vaincu.

Toute conversation polémique à propos du sexisme démontre en réalité l’inanité de l’argument #notallmen, car la discussion produit bel et bien deux camps aux options clairement tranchées – et de plus en plus au fur et à mesure que l’échange se poursuit, avec un égal recours à la violence verbale des deux côtés. Ce n’est pas le sexe qui oppose hommes et femmes, mais le conflit sexiste qui entretient l’antagonisme entre sexistes (qui sont souvent des hommes) et féministes (qui sont souvent des femmes). Pas de demi-mesure possible: dans le monde que nous imposent les crocodiles, on ne peut être que d’un seul côté de la barrière.

  1. Autre version plus développée, du même commentateur: « Il y a derrière cette représentation un arrière goût de « tâche indélébile », comme si l’essence même du « mâle » était par nature souillée, marqué dès la naissance, et inaltérable (outre le cas des petits garçons representés comme crocodiles, il y a une histoire avec un type qui a dans le fond une nature qui n’a rien à voir avec celui de prédateur mais il reste sous les traits du prédateur même quand la femme s’en fait la reflexion). Sérieux, je trouve ça vraiment pourri comme parti-pris. Ça pue le truc revanchard et demago, répondre à une objectivation des femmes par une autre objectivation (vengeaaance ! Concept !), se mettre les convaincus dans la poche, alors que les histoires en soi sont percutantes et font mouche sans tout cela. Et en plus, comme le dit Xavier le trait lui-même est parfait. Sérieux, vous trouvez ça honnête et bien pensé, vous ? On dira que c’est culturel ou que je parle avec mes hormones si vous voulez. Mais si vous vous dites que cette bd a vertu de provoquer des réactions, dont la mienne, pas certain que ce soit celles escomptées. » []
  2. Cyril Lemieux, “À quoi sert l’analyse des controverses?”, Mil neuf cent, revue d’histoire intellectuelle, 2007/1, n° 25, p. 191-212. []

14 réflexions au sujet de « Le camp des crocodiles »

  1. Oui, mais ce n’est qu’une première approche. Il est intéressant de voir que #Notallmen est devenu chez les féministes aussi un bouclier évitant de discuter de certains enjeux.
    C’était particulièrement visible dans la discussion ci-dessus : toute personne qui pointait du doigt certains problèmes (en particulier la question de l’animalisation de l’ennemi) était ramené au #Notallmen. On ramène la critique inconnue à laquelle on ne sait pas forcément répondre à une critique connue et discréditée à par avance.
    Ce qui est un peu dommage et empêche d’avancer (surtout vis-à-vis de contradicteurs eux-mêmes en accord sur les questions de féminisme et de harcèlement, à qui on prête un discours qui n’est pas le leur – et qu’ils abhorrent – parce qu’il est plus facile ainsi de faire disparaître leurs remarques et critiques)

  2. @RM: « On ramène la critique inconnue à laquelle on ne sait pas forcément répondre à une critique connue et discréditée à par avance. » Oui, c’est ça la logique de camps, qui correspond toujours à une économie et à une urgence. Personne n’a dit que c’était une forme idéale: lorsqu’il faut choisir Hollande vs Sarkozy, beaucoup aimeraient avoir d’autres options – mais l’institution le défend.

    Ce qu’il faut comprendre, c’est que la logique de camps est la manifestation d’une situation de conflit. Elle signifie justement qu’on n’est plus dans une discussion de salon, abstraite et apaisée, que l’on pourrait mener de bonne foi en prenant le temps de la nuance. La logique de camps va au plus vite, permet d’identifier l’adversaire, et de réagir sans perdre de temps. Bref, quand on observe la division en deux camps (comme au second tour de la présidentielle), c’est signe que le temps de la discussion sur le fond est passé, et qu’on est dans l’affrontement. A noter que l’animalisation des personnages masculins est cohérente avec cette approche conflictuelle. Critiquer ce choix au nom de la nuance montre qu’on ne comprend pas qu’on est en réalité dans une situation d’affrontement (on pourrait faire la même analyse à propos de Maus d’Art Spiegelman).

  3. Mais si un des deux camps cherche juste à discuter sur le fond, cela signifie qu’il n’y a qu’un seul camp dans la confrontation agressive. Et une situation d’affrontement où il n’y a qu’un seul camp, c’est quoi ?

    Maus est très différent du projet Crocodiles : il s’agit d’un monde où les « types » d’humains sont remplacés par des espèces d’animaux, dans une tradition des fables (la lutte des chats contre les rats comme symboles). Croco : le monde est normal et réaliste. Seul un unique type d’humain est animalisé.

  4. Tu ne peux pas constituer un camp à toi tout seul. Si j’en juge par la conversation, l’affrontement existe. Tu refuses d’en tenir compte (quel serait l’autre camp? Les féministes ou les agresseurs sexuels? Tu en oublies manifestement un). Si je reprend la comparaison avec le deuxième tour de la présidentielle, ta position est celle de l’abstention.

    Je n’ai pas dit que Les Crocodiles était identique à Maus, mais qu’ils étaient comparables sur le plan d’un choix esthétique qui met en scène l’affrontement. Cela dit, je n’ai pas lu la bd, seulement les extraits disponibles en ligne, je ne me lancerai donc pas dans une analyse comparée. Je note seulement qu’il existe une déclinaison en trois types des crocodiles dans l’album (représentation animalisée, représentation anthropomorphe, représentation anthropomorphe habillée).

    L’animalisation d’un camp (tu as raison, l’autre n’est pas animalisé) dans LC est une option esthétique d’une grande efficacité, puisqu’elle provoque une asymétrie visible, dont la critique en vertu de l’argument #notallmen est une confirmation. Il s’agit à l’évidence d’une expression à la fois satirique (même si Louis-Philippe n’a pas réellement une tête en forme de poire, cette représentation est une caricature efficace) et militante (qui tend à radicaliser les positions en logique de camps). Reprocher à l’auteur cette essentialisation, alors qu’elle a clairement une grande force expressive, revient à lui demander d’abandonner son option satirique et sa position militante, autrement dit à renoncer aux traits caractéristiques de l’album. Cela a à peu près autant de sens que de demander à Plantu de renoncer au dessin de presse au profit de la photographie documentaire.

    Oui, le crocodile est une caricature. Je pense que son sens et son efficacité, du point de vue des hommes, consiste à identifier et à réunir sous le même label une série de comportements apparemment disparates, puis à chercher et à reconnaître le crocodile en soi.

  5. La misandrie est aussi un fait de société réel, et il faut tout autant la dénoncer. Il ne s’agit pas ici d’une simple sensibilisation ordinaire, il s’agit d’une propagande haineuse envers les hommes, d’une tentative de culpabilisation des hommes (la culpabilisation et la démonisation des hommes est une forme de pouvoir et de contrôle envers les hommes et les garçons). Petit rappel : les hommes y sont dépeints comme des animaux (des prédateurs), ce qui est une méthode connue de déshumanisation que certains groupes intolérants utilisent pour justifier leur haine et les agissements. Ce sera quoi la prochaine étape si la société (hommes et femmes) ferment les yeux aujourd’hui sur cette intolérance sexiste (typiquement féministe)?

    Les hommes aussi peuvent être victime de beaucoup des situations décrites dans cette BD (mais pas toutes, tout comme il y a des situations où seul les hommes sont victimes, dans d’autres domaines). Prendre des cas très rares et isolés (contrairement à ce qu’on prétend), et en faire une généralisation, c’est une forme de haine envers les hommes, qui s’apparente au racisme de ceux et celles qui faisaient des amalgames entre les noirs et certains agissements criminels, par exemple (du profilage inacceptable).

    En effet, les noirs ont souvent été victimes d’agissements racistes, et pourtant, je n’ai jamais vu la société accepter qu’une BD qui déshumaniserait les blancs sous forme d’animaux soit banalisée. Même chose pour la violence parentale envers les enfants : je n’ai jamais vu de DB qui déshumanisait les parents sous forme d’animaux (probablement parce que cette violence n’est pas majoritairement perpétrée par les pères, mais plutôt par les mères). Ça ne serait pas acceptable socialement, et le bon sens l’emporte dans ce cas. Mais pour les hommes et les garçons, nous n’avons pas le courage de les défendre contre cette propagande haineuse, d’où la différence de traitement selon que les personnes visées sont des hommes ou des femmes (sexisme féministe).

    Dans vingt ans, mettons que la société aura finalement ouvert les yeux sur le sexisme sous-tendant l’idéologie féministe, que dirais les (femmes) féministes si on faisait alors une BD représentant des femmes-féministes sous la forme de crocodiles s’adonnant à de la violence verbale et psychologique envers des hommes et des garçons?

    Il faut «oser» s’attaquer au sexisme des femmes (tout comme celui des hommes), et en particulier à ce «néo-sexisme» qu’est le sexisme de type féministe. Le féminisme est devenu une idéologie toute puissante, comme la religion autrefois, avec le même genre d’excès et d’intolérance. Et tout comme la société a fait la guerre au racisme et aux intolérances des religions, il faut que la société, hommes et femmes, fasse la guerre au sexisme des féministes et à la misandrie qu’elles ont engendrée et banalisée.

  6. “Philip Blay” est un compte fake ouvert sur Facebook le 11 septembre, exclusivement voué à la diffusion de propagande masculiniste. Le commentaire ci-dessus, reproduit sur divers sites et blogs, est archivé à titre documentaire.

    En contrepoint à ce délire, on peut lire le témoignage de celle qui a inspiré une des histoires de Crocodiles – histoire qui a causé l’interdiction de l’exposition autour de l’album à Toulouse, par une municipalité jugeant ce témoignage « vulgaire » et « immoral »: http://www.polyvalence-mp.com/lettre-ouverte-a-mon-frere/

  7. Un compte «fake»? Mon nom est Philip Blay, j’ai un compte facebook, et non, je ne suis pas plus «masculiniste», pas plus que je suis féministe. Je suis un progressiste, pour l’égalité des (deux) sexes, et qui croit que le féminisme est une idéologie sexiste parce qu’elle est basé sur la fausse prémisse que seules les femmes sont victimes de discriminations dans un monde d’hommes privilégiés. Pour moi, il faut libérer les deux sexes, sinon, c’est la droite qui profite de ce déséquilibre : la lutte anti-féministe (pour des raisons d’égalité des sexes) est donc aussi une lutte pour la gauche progressiste (une gauche «anti-féministe»). Évidemment, s’attaquer à une idéologie, ça provoque des attitudes réactionnaires, comme cette soit disant qualification de «masculiniste» (mouvement qui n’existe pas dans les faits, d’après moi).

    Remarque, je vais quand même vérifier s’il n’y a pas quelqu’un qui aurait utilisé mon nom pour un compte facebook (au cas où), mais à priori, si les arguments anti-féministes sont pour des raisons d’égalité des sexes, c’est de moi. Car pour moi, il est clair que la lutte contre le sexisme féministe doit mener à une PLUS GRANDE égalité des sexes, et non pas retourner aux anciennes valeurs sexiste traditionnelles (que je combats tout autant). As-tu des exemples (qui serait de la droite traditionnaliste)?

  8. Au delà de tout ce qui a déjà était dit sur la stigmatisation de toute une population, pour un projet dit pédagogique sur des délits unisexe qui deviennent sexué(comme l’éthnicisation de la délinquence de la part d’extremiste)
    Allez je paye mon point Godwin, les juifs aussi ils étaient idiot pour voir dans l’étoile jaune et les généralités un élan xénophobe?!

    Ce qui me choque d’avantage, c’est aussi la stigmatisation des femmes représenté comme des êtres fragile incapable de distinguer des situations de harcèlement à des interactions sociales(la bd fait aussi cet amalgame entre harcèlement et interaction sociale. Au fond on pourrait se dire que tout homme en couple est un croco qui a réussit)
    Incapable de refuser de boire un verre qui ne soit pas vécu comme une agression psychologique. Les femmes ne seraient pas sexués, se sont des princesses alors même que c’est soit disant cette image que ce projet tente entre autre de casser.
    On prône l’égalité par l’inégalité, au fond on rejoint une certaine vision théologique faire des espaces séparés entre hommes et femmes.
    Et que dire de cette énorme contradiction de la part de l’auteur qui se base sur des stats, et où on t’explique que 90% des viols sont commit par l’entourage, et à côté de ça la rue est représenté comme un lieu où la femme se fera violer, si ce n’est pas aujourd’hui ça sera demain, par des inconnus. Entretenant de fait une stigmatisation de la femme, lui interdisant toute émancipation sexuelle car sortir en jupe c vachement dangereux.

    Cette bd est un torchon sexiste envers les 2 sexes. Je n’arrive même pas à comprendre comment on peut y voir autre chose. Le fait même de critiquer ce projet et de se faire taxer immédiatement de pro viol, montre l’idéologie dégradante derrière, ainsi que tout ce qui gravite autour de ce projet(projet nice guy, posts des féministes sexistes qui voient en un inconnu homme un potentiel agresseur)
    Et pour finir les homosexuelles sont les grands absent de cette bd, non le viol et le harcèlement d’après l’auteur a comme gêne le male hétéro….. Sad!

  9. En tout cas, à en juger par l’échantillon de commentaires suscité par ce billet, on ne peut pas se plaindre d’être assailli par les féministes! Je ne sais pas vous, mais moi j’ai plutôt l’impression que ce sont les autres qui grimpent un peu vite aux rideaux… Le sanglot de l’homme blanc fait peine à voir.

  10. À André Gunthert :
    Les « sanglots » de la femme blanche (ou de toute autre femme) ne doivent pas plus attirer la compassion et la solidarité que les « sanglots » de l’homme blanc (ou de tout autre homme). Faire autrement, c’est du « néo » sexisme, car il s’agit d’une façon sexiste de reconnaître (et donc de combattre) les sexismes : le sexisme envers l’une (la femme) est reconnu, tandis que le sexisme envers l’autre (l’homme) est nié. N’est–ce pas là le comble du sexisme? Quelle ironie! Ce « néo sexisme » de certaines femmes (qui portent bien leur nom : féministes) s’ajoute au sexisme traditionnel.

    On voit bien dans tes interventions le résultat qu’une idéologie dominante peut avoir sur ceux et celles qui abandonnent leur sens critique au profit d’un dogme tellement plus facile à supporter, mais au combien plus lâche. Tu es un conformiste idéologique, ça se voit, et ce genre d’attitudes réactionnaires nuisent à l’émergence d’une véritable égalité des sexes (qui devra fatalement être anti-traditionaliste et anti-féministe).

  11. L’information que je retire à titre personnel des diverses conversations récentes à propos du sexisme, dans lesquelles je me suis engagé comme un acteur non spécialiste au parti pris revendiqué, est la découverte de l’existence, au-delà d’un “camp des crocodiles”, harceleurs et agresseurs sexistes, d’un camp militant anti-féministe extrêmement actif, comparable par sa ténacité et son argumentaire à la fachosphère ou d’autres groupes de pression fortement idéologisés.

    Il faut avoir fait l’expérience de l’engagement public sur des positions féministes pour comprendre la grande lassitude qui s’exprime aujourd’hui chez nombre de militantes féministes face à ce harcèlement d’un sexisme agressif et sûr de lui, qui vise à décourager la prise de position dans l’espace public, et dont le Gamergate a fourni un exemple de grande ampleur. Pour m’être exprimé de manière modérée et argumentée dans ce débat, me voilà à mon tour traité ici où là de noms d’oiseaux (il ne manque plus que l’étiquette de traître à la cause).

    Contredisant les naïfs qui persistent à nier l’existence d’un affrontement (ou s’en lavent les mains), ces manifestations démontrent la conflictualité particulièrement élevée du combat pour l’égalité des sexes, correctement diagnostiquée par mon billet. En réalité, j’étais loin de me douter que la critique de la domination masculine pouvait susciter de telles poussées de haine et de violence, qui confirment la justesse et l’urgence du combat féministe – car il est visiblement tout à fait insupportable de voir la suprématie masculine remise en cause.

  12. Tu n’es pas « un traître à la cause » pour reprendre ton expression, tu es simplement un sexiste, un sexiste de type féministe (et les hommes-féministes sont souvent plus sexistes envers les hommes que les femmes-féministes). En effet, comme beaucoup de ces femmes-féministes, tu as de la compassion et de la solidarité envers les femmes, mais pas envers les hommes (résultat de millénaires d’utilisation des hommes à la guerre). Que tu le veuilles ou non, ce sexisme féministe que les progressistes on si longtemps négligé de combattre, sera de plus en plus dénoncé : c’est la prochaine révolution sociale.

    Pour toi, on dirait que les féministes, et les femmes en général, sont intouchables, qu’elles ne peuvent en aucun cas être responsables de sexisme, comme si seuls les hommes pouvaient être sexistes. Bien sûr, il y a aussi eu un anti-féminisme de droite (qui combattait le féminisme pour mieux retourner aux valeurs traditionnelles), mais tu es totalement incapable de réaliser qu’il existe maintenant une gauche anti-féministe, qui combat le féminisme pour une réelle égalité des sexes.

    La culpabilisation des hommes (exemple : cette BD de Thomas Mathieu) par les féministes à réussit à t’inculquer une réaction totalement émotionnelle (abandon du sens critique) envers toutes critiques du féminisme, même celles contre leurs pires excès, comme cette BD. Pour la libération de l’homme, tu es le strict équivalent de ces réactionnaires de droite qui s’opposaient à la libération de la femme (qui n’aurait cependant jamais dû se faire sans la libération de l’homme, ce qui aurait évité ce gâchis actuel).

    Et bien sûr, les sexistes féministes ne sont pas les seules responsables de la misandrie systémique, il y a aussi le sexisme « traditionnel » de la droite conservatrice. On n’a qu’à voir les modèles et les stéréotypes sexistes envers les hommes, la violence (banalisée) envers les hommes dans les jeux vidéo et les films. Pas étonnant que la misandrie se porte si bien.

    Tu te dis pour l’égalité des sexes, mais tu n’es même pas capable de voir le sexisme extrême qui se cache derrière cette BD sexiste envers les hommes et les garçons. Ah oui, j’oubliais, le sexisme envers les hommes n’existe pas pour toi… Mais tu sais ce qui est « pratique » avec les conformistes idéologiques? C’est qu’on n’a pas besoin de te convaincre, on n’a qu’à convaincre les gens « normaux » … et ta rectitude politique te fera suivre le mouvement, en bon conformiste que tu es.

  13. Bonjour André,

    Je n’ai pas lu cette BD, je n’en vois que l’extrait que vous montrez et, même si j’entends bien que le parti de l’auteur est de se positionner du point de vue des femmes, je ne comprends pas la raison pour laquelle il utilise des crocodiles: si le problème à dénoncer, le harcèlement de rue en l’occurrence, est un comportement principalement et typiquement masculin, alors autant dessiner des hommes. Il ne lui est pas venu à l’esprit de représenter la jeune femme par une gazelle par exemple, donc cette symbolique m’échappe. Par ailleurs, quelque soit le genre de(s) l’agresseur(s) et de l’agressé, la réponse à la violence des mots (« très jolie ») par un geste agressif (le majeur dressé) ne me semble pas, en tout cas, un recours efficace et pacificateur. Pour avoir été « agressé » verbalement de façon identique par 4 jeunes femmes, passablement éméchées (« Eh mignon, viens faire un tour avec nous, on va te faire des câlins! »), alors que j’étais seul un soir, à la sortie d’un bar à tapas, j’ai pris les choses sur le ton de l’humour grinçant et cela a vite dispersé la petite troupe avinée. Ma surprise fut à son comble lorsque j’ai raconté cette aventure à deux collègues de bureau, deux jeunes femmes, car c’est à peine si je ne suis pas passé pour un imbécile de ne pas avoir su profiter de la proposition ! Au delà de savoir si tous les hommes sont des crocodiles ou pas, je note que ce comportement de harcèlement de rue avec proposition sexuelle est souvent un comportement grégaire, même si je ne nie pas qu’il soit essentiellement masculin. D’ailleurs, dans la BD, les crocodiles sont deux…
    Bonne fin de journée.

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