Inconnu du grand public il y a encore un an, le coronavirus est devenu un mot et une représentation familière. Il n’en reste pas moins difficile de se figurer le virus. Quelle couleur, quelle forme, quelle taille a-t-il? «C’est une sorte d’amas globuleux, décrit André Gunthert, chercheur en histoire visuelle à l’EHESS. Comme le virus est plus petit que la longueur d’onde de la lumière, il n’a aucune couleur, son univers est forcément gris.»
Les photographies au microscope électronique à balayage, colorisées pour mieux distinguer les détails, ou les représentations en 3D ont pour rôle d’adapter cet univers étrange à notre culture visuelle commune. Alors que les sociétés qui affrontaient autrefois les épidémies étaient dépourvues d’instruments pour décrire cet agresseur, le fait de disposer d’une image nous rassure, et confirme que la science est capable d’identifier la menace, et donc d’y remédier.
(Vidéo Le Parisien, propos recueillis par Marion Ducrocq.)
4 réflexions au sujet de « À quoi ressemble vraiment le coronavirus? »
Très intéressant… Et très juste cette affirmation selon laquelle nous serions rassurés d’avoir en notre possession » l’image mentale » de l’ennemi…
« L’ennemi » : comme quoi la phraséologie guerrière, commencée par notre chef suprême des armées, est employée aussi dans des milieux politiquement éloignés. Ce que je ne désapprouve pas pour ma part, la pandémie est bien un sujet de cohésion sociale, si ce n’est d’union nationale. Après tout, la politique c’est la vie de la cité…
@Jean-Christophe Antoine: Les expressions « ennemi juré », « ennemi public » ou « ennemi de classe » font encore partie des exemples du dictionnaire pour aider à définir une « personne qui veut du mal à quelqu’un, qui cherche à lui nuire ». Il ne faut pas chercher très loin l’origine de la militarisation de la notion dans la période récente: votre commentaire l’associe très justement à celui qui a inauguré son mandat en descendant les Champs-Elysées en Command car, qui a confié à un général en retraite la reconstruction de Notre-Dame, et qui pilote la gestion d’une pandémie par l’intermédiaire, non d’un Conseil sanitaire, mais d’un « Conseil de défense »…
Cette dérive gouvernementale s’explique probablement par l’obéissance qu’impose l’action guerrière et l’absence de contre-pouvoirs de la hiérarchie militaire – autant de caractères appréciés par un dirigeant dont la culture démocratique n’est pas le point fort. On mesurera dans quelques mois si ce mode d’action était le mieux adapté pour faire face à un ennemi biologique – mais pour l’instant, ce qui ressemble le plus au bilan d’une guerre, c’est le nombre de morts du Covid…
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