Pendant que les ministres tentent d’imposer à la cinquième colonne islamogauchiste les bonnes manières de l’universalisme républicain, le promoteur de la loi contre le séparatisme a commencé sa campagne en dissociant soigneusement ses publics. Destinée à séduire la cible «jeune», l’opération Mc Fly & Carlito rappelle que le logiciel politique de Macron s’inspire du marketing, où l’on apprend à s’adresser séparément à chaque catégorie de population, en comptant sur l’addition des sous-segments touchés.
Quoique je ne sois pas dans la cible, on ne va pas se mentir, cette vidéo restera à coup sûr l’intervention la plus réussie de toute la campagne. Et pour cause: elle ne comprend aucun contenu politique, et se borne à la présentation flatteuse d’un lascar charmant, farceur, détendu, mille fois plus cool que Marlène Schiappa.
Nouveau portrait du roi, le concours d’anecdotes avec les deux youtubeurs n’a rien d’autre à vendre que la personne présidentielle, avec l’avantage de débarrasser le candidat de l’apparat lourdingue de la fonction. La démonstration est d’autant plus attrayante qu’elle permet de glisser sous le tapis la verticalité jupitérienne, les Gilets jaunes, la pénurie de masques et de vaccins, bref, toutes les tracasseries de l’exercice politique – que les jeunes ont peut-être zappé, puisqu’ils ne regardent pas la télé.
Certes, on a vu récemment les politiques multiplier les incursions sur Twitch ou Tiktok. Le public intéressé par le débat politique se faisant rare, cela fait déjà belle lurette que les professionnels ont entrepris d’aller chercher l’électeur où il se trouve. Mais aucun d’eux n’avait encore à ce point appliqué à la lettre la leçon mcluhanienne: le médium, c’est le message. Olivier Ertzscheid a raison de comparer la vidéo de McFly et Carlito à Giscard s’invitant chez les ploucs. Pour convaincre le populo, rien de tel que de montrer qu’on paye de sa personne, en se pliant à ses coutumes.
Au risque, comme toujours avec Macron, d’en faire un peu trop. Tellement à l’aise qu’il semble donner des leçons aux deux animateurs, le bogosse a vite fait de transformer la bienveillance affichée en condescendance manifeste. Pas plus que les dîners de Giscard n’ont suffi à convaincre l’électorat populaire, squatter la chaîne de McFly et Carlito ne suffira pas à emporter le vote jeune. D’autant moins que derrière la civilité de façade, le concours d’anecdotes, où Macron se montre un adversaire pugnace, dévoile la seule vraie information politique de la séquence. A l’opposé de Hollande cloîtré dans son impopularité en fin de mandat, Jupiter n’a rien perdu de sa combativité et est prêt à en découdre.
5 réflexions au sujet de « Jupiter et les youtubeurs »
(pas vue) (le mieux c’est de n’en pas parler ?) (en tout cas crâne d’œuf l’a eu profond en mai 81 – ça ne veut rien dire, je sais bien – il se lèvera après avoir dit « au revoir » on pourra comparer) (dommage qu’il n’y ait personne en face) (enfin on verra)
Vous oubliez, (à dessein ?) , que c’était un pari et que ce pari reposait sur de la « publicité » faite par les deux gars en faveur des gestes barrière.
C’est-à-dire pour sauver des vies… Je sais ce que je dis, j’ai failli crever de la covid, et je trouve donc que c’était une belle et généreuse initiative, dont les fâcheux, évidemment, ne retiennent que le côté « coup d’comm ».
Mais tout ça, ça vous passe certainement à des km au-dessus de la tête.
Un bandit comme Mélenchon, voire la Le Pen, aurait pu écrire votre billet.
Vous dites des choses intéressantes quand vous parlez de l’image, de son rôle, de sa genèse et de ses travers sociaux.. Dès que vous y mêlez votre haine viscérale et militante de Macron, vous écrivez des conneries et perdez toute crédibilité.
J’ai lâché après 6 minutes. Ça dure 36 minutes!!? Je me souviens de Coluche, de Desproges… Nous avons même eu des présidents qui, qu’on les aime ou pas, avaient de la personnalité… De Gaulle, Mitterand, Chirac… ou es-t-on tombé? A mon avis cet exercice au ras des pâquerettes fera un bide…
Ca me rappelle ce que les Indiens appellent les « godi-media » = les media-caniche (godi en Hindi = « lap » en Anglais = ce qui s’assied sur les genous du maître, comme un petit chat ou petit chien).
D’accord avec la note publiée, pour l’anecdote c’est mon petit frère et sa copine, pas du tout politisés par ailleurs, de 22 et 23 ans qui ont souhaité voir avec moi; pendant toute la vidéo c’était des: « ah ouais là bien répondu en vrai le président », « c’est pas mal qu’il fasse ça », « il est plutôt drôle en fait »…
Sacré com’, c’est bien foutu – perso ça ne me touche pas du tout mais bon – et c’est vrai que Macron s’en tire particulièrement bien dans ces exercices. Pour le reste, difficile de ne pas voir les grosses ficelles derrières, j’espère (et je pense que pour une partie d’entre elle c’est le cas!) que les moins de 30 ans seront faire la distinction!
A mon avis, ce qui est flagrant, c’est que le président de la République est venu prouver qu’il pouvait énoncer un mensonge sans ciller, face à un interlocuteur, « les yeux dans les yeux ». Cf. le débat Mitterrand – Chirac de la présidentielle 1988.
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