Le salut nazi d’Elon Musk à la cérémonie d’investiture de Donald Trump a montré deux choses. La première, c’est qu’il n’y aura aucun frein à la radicalité suprémaciste qui a repris le contrôle du pays. Si l’oligarque le plus visible du monde peut se permettre de monter à la tribune pour y performer vigoureusement le signe le plus odieux depuis la Deuxième Guerre mondiale, c’est que le camp du nouveau président pense désormais pouvoir tout se permettre. Un petit check qu’on fait dans l’entre-soi d’une victoire fêtée entre potes? Done! Twice! Tu vas dire quoi?
Ben justement pas grand chose, et c’est la deuxième démonstration de l’épisode. Le chercheur Albin Wagener a fait le compte des points d’interrogations, précautions oratoires et autres relativisations qui, dans une grande partie de la presse et pour de nombreux acteurs politiques, ont présenté comme un «geste énigmatique» le Hitlergruss, salué sans ambiguïté par un groupe néonazi sur Telegram: «WE ARE FUCKING BACK»!
On a trop vu depuis le 7 octobre 2023 la prise de parti d’une éditocratie prête à toutes les approximations afin de traiter d’antisémites les gauchistes coupables de dénoncer le massacre à Gaza pour ne pas constater l’écart béant de cette sémiologie du double standard. Pourtant, ceux qui affectent de ne pas reconnaître un salut nazi quand ils en voient un ne sont rien d’autre que les complices du néofascisme qui vient – et qui, pensent-ils, saura préserver leurs intérêts de classe.
On a une mauvaise nouvelle pour eux: plutôt que la stratégie de la banalisation adoptée par Marine Le Pen, les nouveaux oligarques en ont assez de se cacher. Désormais, les abus se portent en bandoulière, comme autant de signes d’un pouvoir qui ne connaît plus de limites. Le Heil n’est pas seulement un signe nazi: c’est le symbole d’une victoire qui ne craint aucune remise en cause, la marque de la loi du plus fort. Il va être de plus en plus difficile de glisser sous le tapis ces manifestations d’une impunité qui nie l’idée même du contrat démocratique. A vrai dire, les signes de connivence, comme la tentative maladroite de faire passer un salut nazi pour les effets d’un mauvais rhume, se voient déjà comme le nez au milieu de la figure.
2 réflexions au sujet de « Le signe de la victoire »
Chapeau, et merci André Gunthert. Difficile d’être plus précis et plus concis.