100e billet sur L’Image sociale, ouvert il y a un an! Pour cet anniversaire, quoi de mieux que de revenir sur une polémique bloguesque? Car contrairement à l’avis d’experts médiatiques qui se penchent régulièrement sur le cercueil des blogs, cet univers est bien vivant, source d’une information alternative chaque jour plus indispensable, quand les grands médias moribonds s’essoufflent à reproduire la vision des dominants. Participant activement depuis 10 ans à cet espace de débat volontiers irrévérencieux, j’ai eu la surprise de me voir épinglé sur le blog Un Odieux Connard (ci-dessous @OC), membre éminent de la blogosphère francophone, spécialisé depuis 2009 dans le dézingage de vaches sacrées, blockbusters survitaminés et autres succès commerciaux improbables.
Pas de chance! Malgré mes 2000 billets tous plus passionnants les uns que les autres, il aura fallu que je tombe sous les quolibets du blog le plus méchant du web, pour une interview dans L’Obs. Le titre de cet entretien a particulièrement irrité le Paganini de la réprobation. Découvrir dans le magazine de la bourgeoisie social-libérale, plus connu pour ses dossiers à charge sur le narcissisme des jeunes, un intitulé comme “Vous n’avez rien compris aux selfies” avait en effet de quoi surprendre. Il fallait bien sûr lire cum grano salis le titre choisi par Aurélien Viers, auteur de l’entretien, qui se référait à l’universelle allergie des médias pour l’autophotographie. Choqué par la provocation, le provocateur a manifestement pris pour lui, au premier degré, cet intitulé ironique.
Le piège, avouons-le, était redoutable. Comment reconnaître l’ironie lorsqu’on a affaire à un représentant patenté de l’institution, décrit comme «occup[ant] la chaire d’histoire visuelle à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)»? Une dénomination si longue, si pleine de morgue, qu’elle ne peut qu’exaspérer le poujadiste qui sommeille en tout entrepreneur soucieux de défiscalisation. Cette revendication d’autorité est restée en travers du gosier d’@OC, qui imagine mes intitulés de cours: «au premier semestre: “La révolution électronique: apprendre à se servir du minitel”, suivi au second de: “Windows 95: la place de l’écran de veille dans nos sociétés”». Haha.
Ayant toujours évolué dans l’univers en ligne sous ma véritable identité, je suis coutumier de l’asymétrie qui s’établit avec le troll courageusement abrité par son pseudonymat, qui me prend à partie comme universitaire et chercheur – ce qui s’appelle en bon français une attaque ad hominem. Rien de plus rigolo, pour un public éloigné du monde académique, que d’imaginer un savant bardé de diplômes se pencher sur les snaps des ados ou diriger une thèse sur Instagram. Et pourquoi pas un colloque sur les dinosaures, tant qu’on y est?
Pour mettre les rieurs de son côté, rien ne vaut la distance. Personnellement, je trouve assez marrant moi aussi l’intitulé à rallonge de «consultant expert en tourisme numérique indépendant» (qui, vu de loin, a l’air d’une parfaite arnaque). Et plus cocasse encore de voir cet ancien prof d’histoire, visiblement peu familier des Annales, confondre un entretien dans L’Obs avec un article scientifique. Mais ce style de chicane ne mène pas loin, et je laisse volontiers à @OC le ressort principal de son humour, qui caresse dans le sens du poil un public acquis à sa hauteur de vue.
Oublions de même les malentendus, les bévues ou les incohérences1 d’un billet bien trop long pour revenir à l’essentiel, c’est-à-dire au selfie. @OC ayant établi une fois pour toutes que «c’est un concept déjà très con en soi», sa démonstration, un poil circulaire, va consister à répéter que prendre au sérieux cet objet ne peut être qu’une vaste blague (payée par nos impôts). Une vision pas vraiment ébouriffante d’originalité. Dans cette logique, il va de soi que tous les termes un peu ronflants surlignés par L’Obs – «révolution», «subversion», etc… – se voient moqués au nom d’un gros bon sens qui ramène le selfie à sa juste valeur de niaiserie égocentrique.
C’est là qu’on s’aperçoit que le selfie est une affaire un peu plus compliquée que les daubes sur lesquelles s’exerce habituellement la verve de notre chroniqueur. J’ai développé ailleurs le sort qu’il convient de faire à des qualifications médiatiques comme le terme «révolution», qu’on peut toujours discuter (en particulier quand on est contre-révolutionnaire), puisque c’est une position, et non une description objective. Mais pour aller au fond, et décider si le selfie est quelque chose d’important, ou bien une foutaise, il convient de comprendre exactement de quoi on parle.
Des selfies, il s’en fait des millions chaque jour. Prétendre qu’on sait de quoi il retourne lorsqu’on évoque ce thème revient à croire que la photo amateur se conforme à des codes invariables, et qu’on les a toutes vues lorsqu’on en a vue une. Le problème méthodologique de cette posture est qu’elle est strictement indémontrable – et donc ascientifique. Le succès de l’été, à savoir la manipulation de monuments en jouant sur la perspective, une mode de la photographie touristique dont j’ai rendu compte brièvement, n’existait pas au moment où Bourdieu écrivait Un art moyen (Minuit, 1965). Il est donc patent que la photo amateur est elle aussi travaillée par des évolutions diverses, et ne paraît immuable que parce que nous ne l’observons pas d’assez près.
Ce constat s’applique également à ma recherche. En l’absence de toute statistique ou enquête globale, impossible de connaître précisément les contours de l’autophotographie contemporaine, il faut se contenter d’impressions générales ou d’études limitées à des cas particuliers (personne n’est capable de répondre à une question aussi simple que: combien faisait-on de selfies il y a 10 ans, et combien en fait-on aujourd’hui?). C’est bien pourquoi j’ai choisi, dans mes travaux scientifiques, de traiter non de la pratique du selfie, mais du discours médiatique qui le prend pour objet (“La consécration du selfie. Une histoire culturelle”).
Sous cet angle, il est facile de montrer que le succès de ce mot renvoie moins à la pratique elle-même – qui existait bien avant l’émergence du terme, sans inquiéter personne – qu’à une forme particulière de qualification, où l’essentiel repose dans le “self” qui lui donne sa couleur. Quand les peintres inventent l’autoportrait, le vocable choisi souligne la dimension d’autoproduction de l’œuvre. Mettre en exergue un mot qui signifie au contraire le retour sur soi est le ressort fondamental de la panique morale qui démarre pendant le premier semestre de l’année 2013, et qui reprend des motifs déjà largement exploités de l’histoire du web – la webcam ou le blog ayant été pareillement accusés de favoriser le nombrilisme d’une société fascinée par son reflet.
Il n’y a rien de particulièrement contestataire – ni de révolutionnaire – à prendre sa photo au smartphone. Ce qui donne à cet acte une valeur particulière, c’est le pointer du doigt comme une pratique tout à la fois ridicule et symptomatique d’un certain état de la société. Une pratique si exaspérante qu’on peut consacrer un (long) billet à fustiger une interview qui assure y trouver de l’intérêt (inventant par là-même une nouvelle catégorie de la détestation du selfie: non plus seulement tourner en dérision sa pratique, mais railler celui qui ose en parler sans cracher dessus).
Comme l’illustre le billet énervé d’@OC, loin d’être seulement le nom d’un usage ou d’une collection d’images, le selfie désigne aujourd’hui un espace d’affrontements symboliques. C’est la focalisation médiatique et la condamnation morale qui ont fait de cette pratique, par un effet de rebond commun à toutes les subcultures, l’enjeu d’un renversement de l’ordre établi. En d’autres termes, ce n’est pas moi qui ai décidé, du haut de mon empyrée, que le selfie était subversif, c’est @OC et ses semblables, par leurs anathèmes à répétition, qui l’ont défini, après le jeu vidéo ou la téléréalité, comme lieu de l’indiscipline et des mauvaises manières.
De même, c’est la réaction unanime des élites qui a décidé de l’importance qu’il fallait accorder au selfie. Je n’ai pas la même façon de juger les pratiques réflexives qu’@OC (qui pense justifié, comme Baudelaire, de les réserver aux personnalités dignes de cette exposition – ce qui est là encore une tautologie rhétorique, dont le sens est simplement de préserver la hiérarchie sociale en vigueur). Mais quelle que soit la façon dont on l’interprète, expression du narcissisme ou construction de l’identité, faire du selfie le théâtre par excellence de la passion de soi est lui conférer une puissance extraordinaire – et tout le contraire de la démonstration de son insignifiance. Je remercie donc @OC d’avoir confirmé avec autant de bonne volonté mes thèses – ainsi que le titre de L’Obs, qui n’était pas si mal choisi…
- Un seul exemple, parmi les nombreux contresens du billet: @OC fait mine de ne pas comprendre la formule «La photographie est devenue une pratique de niche au sein d’un univers plus vaste, celui de la communication électronique», alors qu’elle décrit une situation très simple: il y a eu une photographie avant les smartphones, qui était une pratique autonome, avec ses outils, ses spécialistes, ses codes; la transition numérique a transformé cet univers en activité de niche au sein du monde connecté, qui produit et véhicule bien d’autres choses que de la photographie. A noter que devant les outrances et la mauvaise foi manifeste du billet, plusieurs commentateurs tentent courageusement de prendre ma défense – tâche désespérée dans le concert de ricanements qui accueille ce jeu de massacre… [↩]
23 réflexions au sujet de « Non, @Odieuxconnard n’a décidément rien compris aux selfies »
Le pseudonyme du courageux « critique » que vous mentionnez est à lui seul comme un selfie tout à fait ressemblant (même si on ne voit pas sa tête mais seulement le décor qu’il trimballe derrière lui) !
@DH : du clavier, vous m’ôtez le commentaire… :°)
J’ai adoré XD
Bonjour,
Tout d’abord je loue votre courage d’apparaitre sous votre vrai nom. C’est presque téméraire. Ensuite, je vous remercie de me rassurer. Si l’article de l’Obs était ridicule (si, si, relisez le… je l’ai bien sûr lu avant celui de l’OC et n’avais pas besoin de lui pour le voir), votre texte ici présent me semble de bien meilleur augure. Mais les journalistes ne sont que rarement les meilleurs commentateurs des travaux scientifiques. A trop vouloir faire le buzz, on raconte des âneries.
Vous vous en prenez ici à OC. Qui n’en a probablement pas grand chose à faire, quoi que cela lui fasse de la pub. Mais il ne fait que son job: le troll, le méchant, une dose d’ironie, deux de mauvaise foi. Heureusement, vous n’êtes pas tombé dans le piège de le faire avec le même style que lui. Cependant, qui croyez vous convaincre ? Sérieusement ? Les troupes qui prennent OC au premier degré ne vous liront pas. Ils décrocheront avant la fin du premier paragraphe. Les vôtres n’ont probablement pas lu OC. Les gens comme moi savent ne pas prendre OC au sérieux, y prendre le rire, et aller à la source pour le reste. Bon, en ce qui me concerne, le sujet ne m’intéresse pas plus que ça. Mais maintenant que vous le dites…
C’est quoi cette histoire de selfie subversif ? C’est bien la première fois que je lis ça. Dans tout ce que je lis, vois, entend, le selfie est qualifié de bien des choses, mais subversif certainement pas. Je ne vois pas ceux qui le pratiquent comme subversifs, et s’ils le sont, le selfie n’est pour eux qu’un moyen – et pas le meilleur – de l’exprimer. Vous semblez ici d’accord sur ce point (après que le journaliste vous ai fait dire le contraire) . Mais ceux qui le critiquent me semblent surtout soit ennuyés par une nuisance, qu’elle soit physique dans un musée (je suis certain que vous voyez de quoi je parle), ou morale par une inondation de déchets d’internet (dont les selfies ne sont qu’une petite fraction). Alors, sérieusement, d’où vous vient cette conclusion ? Qu’est-ce qui vous permet d’interpréter la pratique ou sa critique comme une contestation d’un ordre social ou politique ?
PS: ne voyez pas ici une attaque, juste une curiosité ; mes compétences sont dans d’autres domaines
En gros, dès qu’on n’est pas d’accord avec votre point de vue, on vous donne raison, puisqu’en soulignant la vacuité du selfie, on contribue ainsi à l’ériger en « espace d’affrontements symboliques ». Pratique…
@belphegoresip: Le journalisme est le journalisme. Il faut être très naïf pour croire que les gros titres sont autre chose qu’un moyen d’attirer l’attention. Les raccourcis qu’impose l’exercice sont moins gênants dans mon cas, car ma propre expression est accessible en ligne, et il est facile de vérifier, pour ceux que ça intéresse, le détail de mon raisonnement.
Ce billet a plusieurs motivations. D’un côté, il ne faut pas croire que je m’amuse moins que @OC à rédiger un billet polémique. Je trouve intéressant de faire vivre la proximité parfois rugueuse du blogging, et montrer qu’un universitaire ne rechigne pas à descendre sur le ring est une bonne façon de contredire les préjugés anti-académiques. Il y a aussi mon agenda scientifique: je collectionne les commentaires négatifs de l’autophotographie, car ils sont une confirmation de ma thèse. Evidemment, ce cas est un peu particulier, puisqu’il est provoqué par ma propre intervention, mais ce n’est pas une raison pour laisser de côté un si beau specimen… ;)
Un selfie subversif? Encore une fois, n’oubliez pas que l’irrévérence est constituée par la réception. Le plus bel exemple est incontestablement celui du selfie de Thomas Wieder à la Maison Blanche: http://culturevisuelle.org/icones/2939
@Allya: Ce n’est pas moi qui ait choisi l’angle de la réfutation d’OC. Mais avouez que consacrer autant de fièvre au sujet n’était pas la meilleure façon de convaincre que le selfie n’a aucune importance… ;)
Mais votre thèse, si j’e comprends bien votre article, ce n’est pas seulement que le selfie prête à controverse (ce qui serait un simple constat, d’ailleurs, pas une thèse), c’est la raison même de cette controverse (la réaction d’une certaine partie de la population envers un phénomène stigmatisé comme déviant de la norme sociale ou manifestant un narcissisme éhonté). Votre thèse, c’est aussi que le succès du selfie tient à cette même stigmatisation qui en a fait, selon vous, une pratique subversive.
Or, je pense (mais j’admets qu’il est possible que je me trompe) qu’on peut critiquer le selfie pour d’autres raisons que celles que vous avancez. Ce n’est donc pas, dès qu’on en parle, une confirmation de votre thèse.
Je trouve dès lors que votre raccourci est une façon facile d’obtenir le dernier mot dans n’importe quelle situation.
Comprenez bien que ce qui m’ennuie, ce n’est pas votre « attaque » contre l’OC. En l’occurrence, je pense qu’il conforte effectivement votre thèse en adoptant une position réactionnaire. Il aime bien faire ça. (Notons que je le soupçonne souvent de vouloir, par ses affirmations catégoriques, forcer ses commentateurs à prendre parti et donc à argumenter, mais c’est là un autre débat.) Non, ce qui m’ennuie, c’est réellement la façon dont vous défendez votre point de vue.
Voyez-vous, j’ai la naïveté d’attendre d’un chercheur universitaire un argumentaire ne reposant pas sur les mêmes principes que ceux du blogueur qu’il critique. Or, en lisant le billet ci-dessus, que trouve-t-on? Attaque ad hominem (derrière le procédé rhétorique vieux comme le monde du « Je pourrais dire ceci: … mais je ne le ferai pas »), contradictions, mauvaise foi et condescendance. Bref, le cahier des charges de l’OC. En outre, j’aurais trouvé mille fois plus intéressant et « couillu » (passez-moi l’expression) de venir défendre votre point de vue en l’argumentant sur le blog de l’OC plutôt que de vous poser en victime sur votre propre blog. Ceci dit, je conçois bien qu’il n’est pas agréable de se faire railler à titre personnel dans un billet qui force très fort le trait.
@Allya: Merci pour vos conseils si bienveillants, j’essaierai de faire mieux la prochaine fois! ;) Mais surtout, merci pour avoir pris la peine de me lire, ce qui vous permet de comprendre que OC tombe effectivement à pieds joints dans le piège de ma démonstration… Dommage de verser ensuite dans la mauvaise foi, en prétendant que mon but est d’avoir raison à l’économie, « dans n’importe quelle situation » – une affirmation manifestement exagérée, qui affaiblit votre leçon…
Non, on ne critique pas le selfie de n’importe quelle façon (ou pour de “bonnes raisons”, ce qui me donnerait forcément tort…). On le critique d’une manière extrêmement stéréotypée, en répétant qu’on y aperçoit la vacuité et le nombrilisme de toute une société. Mon article explique les origines de cette condamnation, dont je ne détaillerai pas ici le caractère normatif. Il m’intéresse plus d’essayer de comprendre pourquoi certains voient la société contemporaine comme le théâtre d’une réflexivité aussi intolérable et aussi invasive (j’ai quelques hypothèses à ce propos…).
Pour le reste, il est aussi assez pratique d’imaginer le chercheur comme une sorte de saint, qui devrait avoir l’élégance de tendre l’autre joue après avoir pris une baffe anonymisée. Comme je le rappelle ci-dessus, mon expérience du blogging est assez ancienne pour savoir: 1) qu’il vaut mieux répondre à une attaque que de la traiter par le mépris, mais aussi 2) qu’il est préférable de le faire en préservant un certain contrôle de l’énonciation, car il ne sert strictement à rien d’intervenir dans un contexte saturé par la haine et le ricanement (même pour faire “couillu” et impressionner les filles – objectif assurément respectable…). Croyez-moi sur parole: si jamais mésaventure semblable devait vous arriver, évitez ce sacrifice inutile, vous économiserez votre temps et votre peine…
Pour avoir une très longue expérience de modération, d’administration et de veille sur l’éthique numérique je peux vous assurer que « répondre à une attaque est mieux que de la traiter par le mépris » est d’une vacuité sans fond.
Résumons donc la réthorique de monsieur Gunthert :
1)La différence de qualité entre articles scientifiques et article de presse/blog
« @belphegoresip: Le journalisme est le journalisme. Il faut être très naïf pour croire que les gros titres sont autre chose qu’un moyen d’attirer l’attention. Les raccourcis qu’impose l’exercice sont moins gênants dans mon cas, car ma propre expression est accessible en ligne, et il est facile de vérifier, pour ceux que ça intéresse, le détail de mon raisonnement. »
Sauf que vos articles font exactement les mêmes raccourcis que l’article de presse, c’est juste noyés dans un peu plus de Gunthert, donc faire la différence entre les 2 ne va pas être facile.
2) Les procédés réthotriques connus de tout les réthoriciens/politiques/hommes de lettres/etc
« en lisant le billet ci-dessus, que trouve-t-on? Attaque ad hominem (derrière le procédé rhétorique vieux comme le monde du « Je pourrais dire ceci: … mais je ne le ferai pas »), contradictions, mauvaise foi et condescendance. »
Ce à quoi vous répondez: « Dommage de verser ensuite dans la mauvaise foi, en prétendant que mon but est d’avoir raison à l’économie, « dans n’importe quelle situation » – une affirmation manifestement exagérée, qui affaiblit votre leçon… »
Boum.On attaque sur un truc qu’on ne démontre absolument pas, à savoir la mauvaise foi, suivi de termes très orientés comme « exsagérée ». Paie ta réthorique à deux balles.
3) Ajoutez à cela un refus du chiffre quand ça l’arrange.
« En l’absence de toute statistique ou enquête globale, …(personne n’est capable de répondre à une question aussi simple que: combien faisait-on de selfies il y a 10 ans, et combien en fait-on aujourd’hui?) ».
Qu’on accorde ensuite à « 100e billet », « depuis 10 ans », « depuis 2009 », « mes 200 billets ».
Donc les statistiques comme argumentaires ?
Non mon bon monsieur!
Les arguments d’autorités, basé sur des chiffres non significatifs?
Oui-da ! On en redemande !!!!
4)La démonstrastion par soi-même.
« De même, c’est la réaction unanime des élites qui a décidé de l’importance qu’il fallait accorder au selfie. »
Unanime selon qui, à part Gunthert ? En voila une belle unanimité…
Conclusion:
C’est pas mal pour un sophiste, assez lamentable pour un scientifique. Essayez de deviner dans quelle catégorie les gens prenant un peu de recul vous classent. (indice: ce n’est pas scientifique)
Pour finaliser, là ou vous vous imaginez un courageux scientifique, vous n’êtes qu’un guignol rhétorique. Je sais c’est triste à dire et dur à entendre, et je me doute que vous ne quitterez le camp des sophistes: votre situation professionnelle/votre confort matériel et moral, vous l’interdisent.
Mais au fond je suis un idéaliste, je jette un pavé de rationalités sur un mur de certitude biaisées . Dans l’espoir (absurde) que le mur inique se brise et non ce brave pavé.
Coucou !
Alors Georges, vous n’avez pas pu résister pas vrai ?
J’ajouterai quelque chose concernant les points 3 et 4.
Au vu des statistiques concernant ce blog (point 3), l’unanimité ne semble concerner que le propriétaire des lieux.
Je ne vois que des commentateurs qui semblent provenir du même endroit, vous pourriez tout de même vous fendre d’un petit merci Mr Gunthert…
L’OC vient de faire exploser le compteur de visites de votre blog…
Prouver l’unanimité (du jugement négatif des médias à l’endroit des selfies) risque d’être une tâche aussi longue et ennuyeuse qu’un post d’OC… Optons pour la preuve indirecte, et prenons-en une qui saute aux yeux de ceux qui n’ont pas perdu leurs lunettes. Le fameux titre de L’Obs “Vous n’avez rien compris aux selfies”, qui vise à souligner le caractère singulier de la lecture proposée, n’aurait évidemment aucun sens si le contexte n’était pas celui d’une condamnation unanime… Désolé pour son fan-club, mais la vision du selfie par OC est en effet parfaitement stéréotypée et conventionnelle.
Côté chiffres, faut-il être un spécialiste pour s’apercevoir qu’on ne peut pas compter les selfies (et par conséquent qu’on ne peut disposer d’aucun indicateur fiable d’évolution ou de tendance à ce sujet)? Prenons l’une des rares analyses quantitatives disponibles: celle de Manovich et Tifentale (“Selfiecity. Exploring Photography and Self-Fashioning in Social Media”, publiée en 2015, et citée dans mon article), qui propose une étude à partir d’un corpus total de 656.000 photos géolocalisées extraites en décembre 2013 de la partie publique d’Instagram, dans les centres-ville de New York, Bangkok, Moscou, Sao Paolo et Berlin, qui relève notamment que seulement «3-5% of images we analyzed were actually selfies (people take less selfies than often assumed)».
La lecture du détail de l’enquête montre qu’il n’est pas si simple de déterminer à vue si l’on a affaire à un selfie ou pas, et qu’au final, il faut procéder à des choix interprétatifs (l’une des options discutables de l’enquête de Manovich/Tifentale est de réduire par définition l’acception du selfie au portrait d’un individu isolé).
De mon côté, dans un échantillon choisi au hasard d’un photoset complet (avant sélection) de 536 photos réalisées au cours d’un week-end touristique par un jeune couple en mars 2012, la proportion de selfies (définis comme photos visiblement autoproduites) monte à 10% – une donnée isolée, mais intéressante, car elle date d’avant la “crise du selfie” de 2013.
Bref, on n’a encore aucune idée précise du phénomène. La meilleure façon de produire une évaluation pertinente serait de comparer des échantillons obtenus dans des conditions similaires, mais à ma connaissance, nous n’en disposons pas encore. Du coup, il faut se méfier comme la peste de pseudo-chronologies bricolées à partir de l’assemblage de données hétérogènes, comme le nombre de smartphones ou celui des hashtags #me ou #selfie, dans le but d’imposer l’idée d’une croissance inexorable depuis le début des années 2000.
La seule évaluation chronologique chiffrée dont nous disposons à l’heure actuelle, celle de la fréquence d’utilisation du terme “selfie” sur le web entre janvier et octobre 2013, publiée par les Oxford Dictionaries, qui montre au contraire une hausse brutale entre avril et août d’une courbe qui commence aux alentours de zéro en janvier 2013, suggère une approche plus nuancée. Il existe visiblement des pratiques diverses selon les pays, les cultures ou l’âge, ou encore des effets de plateau et des accélérations consécutives aux emballements médiatiques, mais ces variations sont pour l’instant hors de portée de l’approche quantitative.
Petite interrogation, est ce que vous échangez avec les sujets qui composent cette société que vous étudiez? De mon expérience je ne comprends absolument pas la remarque sur l’unanimité de la condamnation des selfie par une sorte d’élite, ni par les médias. Selon moi il saute aux yeux que la très grande majorité n’a aucun avis négatif sur le selfie, bien au contraire. Ceux qui n’en font pas sont devenus une minorité, parfois virulente, mais la plupart du temps silencieuse car peu intéressée par ce phénomène.
Dans mon entourage étendu les plus grands aficionados des selfie sont des gens relativement aisés; à ce que je vois chaque jour sur le Web l’élite (intellectuelle, politique, sportive, artistique) contribue pour une très grand part aux ajouts quotidiens de selfie. Quand aux média Web ils ont tous une sous catégorie, très visitée, qui répertorie ou parle des derniers selfie à la mode, que ce soit de stars ou du commun des mortels.
Sincèrement certaines de vos opinions me renvoient aux affirmations des critiques d’art qui prêtent des intentions conscientes ou inconscientes qui n’ont aucun lien avec la réalité aux artistes ou aux œuvres. Je pense qu’il est essentiel d’interroger les sujets de vos études avant de leur prêter des intentions car ce qui m’a le plus sauté aux yeux à la lecture de votre article c’est cette déconnexion totale avec la réalité.
« mais la vision du selfie par OC est en effet parfaitement stéréotypée et conventionnelle. »
J’en conviens, mais quand je comprends votre vision à vous j’ai une envie irrésistible d’en faire appel au Rasoir d’Ockham.
J’avoue que je ne comprends pas bien votre position: vous admettez que la vision du selfie d’OC est conventionnelle, mais vous affirmez que tout le monde – même les élites ou les médias – adore les selfies… Oui, on est d’accord, les magazines people ont des rubriques qui alertent régulièrement sur les selfies des vedettes – mais s’agit-il bien de “l’élite”? Si l’on voulait se convaincre que les journaux généralistes dit “sérieux” ont une position différente, il suffit de lire le dossier consacré à Instagram dans le dernier numéro de L’Obs…
Bon, je comprends l’amour de la contradiction, c’est une passion dont je suis moi aussi atteint! Le point qui n’est pas suffisamment clair, c’est que vous pensez que j’étudie la pratique du selfie (ce que je n’ai aucun moyen de faire, n’étant pas sociologue), alors qu’en réalité l’objet de mon étude est le discours, ou si vous préférez le récit du selfie. Or, les deux ne sont pas équivalents. Si vous voulez vérifier que mes propos ne tombent pas de nulle part, lisez le livre “Tous selfie! Pourquoi tous accro?” de Pauline Escande-Gauquié, maître de conférences à Paris IV, premier ouvrage français consacré au selfie, qui me paraît donner une excellente photographie du symptôme, c’est à dire du récit du selfie.
Il me semble que l’on peut adorer une chose tout en étant honnête avec celle ci. La vision de l’OC, par exemple que le selfie est une pratique narcissique, est partagée également par ceux qui adorent les selfie. Quand ma tante aisée de 60 ans de Côte D’Azur s’amuse à faire les mêmes selfie que ses petites-filles, elle ne l’explique pas autrement que la volonté de se montrer. Tout comme mon voisin qui fait de la gonflette ne peut pas résister à se montrer torse nu en vue plongeante.
Il y a pas mal de choses que j’adore alors que j’ai bien conscience qu’elles sont critiquables ad nauseam.
Je vais sans doute caler le livre que vous proposez entre deux Jung, car il est fort probable que je sois resté bloqué sur une mauvaise interprétation de vos intentions.
Plutôt que mes intentions (insondables), jugez donc mes arguments! Oui, je vous le confirme, le récit du selfie narcissique a bel et bien contaminé l’ensemble de la société… Vous êtes donc finalement d’accord avec moi sur l’unanimisme de cette interprétation, que vous partagez vous-même! ;)
Si ma conviction est différente, c’est notamment parce que, en tant que spécialiste du domaine, je dispose d’une collection d’observations et de relevés qui documentent la pratique du selfie avant 2013 (c’est à dire avant l’émergence de la condamnation médiatique pour narcissisme), à un moment où celui-ci ne posait visiblement aucun problème moral ni sociétal. L’origine et les motivations du récit narcissique, qui sont un problème d’histoire culturelle, sont expliquées en détail dans mon article: “La consécration du selfie”.
Certes, mais si j’ai bonne mémoire (j’avoue, je ne suis pas allée relire), vous expliquez vous-même que la pratique du selfie a évolué avec le temps, passant d’une volonté d’hypercontextualisation (un grand mot pour dire « Je voulais montrer où j’étais avec moi sur la photo ») avec, notamment, les selfies de vacances, à une pratique différente influencée par quelques stars, où le contexte n’apparaît même plus puisqu’il s’agit juste de se prendre en photo 150 fois par jour sans rien montrer d’autre que sa coupe de cheveux / ses seins / ses muscles.
Puisque la pratique a changé, le discours sur le pratique a changé. Ca me paraît logique.
Personne ne « juge » (en admettant ce point) le couple qui a envie de se prendre en photo devant le pont des Soupirs sans devoir demander de l’aide à un inconnu. L’intérêt de la chose pose en revanche un peu plus de questions face à une minette (ou un minet, pas de sexisme) de 15 ans qui ne fait que ça de sa journée, alors qu’il n’y a aucun contexte « intéressant » à montrer, mais juste parce qu’elle estime qu’elle ne vit qu’à travers le regard envieux (« regardez comme je m’amuse ») ou concupiscent (« regardez comme je suis jolie ») des autres.
Après, penser cela est-il réactionnaire et stéréotypé? Peut-être. Mais, finalement, c’est votre opinion (avec toute la subjectivité qu’il y a derrière) de penser qu’il y a un meilleur discours que celui-là à tenir sur cette seconde (j’insiste) forme d’utilisation du selfie.
Après, que vous disiez: parce que le selfie est jugé, ça en fait une forme de subculture et ça pousse ses utilisateurs à en faire d’autant plus pour faire enrager ceux qui les jugent, je dirais que ça n’est pas bien neuf, et qu’on peut en dire autant de chaque mode.
Dernier point qui n’a rien à voir, mais je n’aime pas qu’on se méprenne sur mes intentions: je savais que alliez finir par utiliser les mots « fan club » de l’OC. Personnellement, la seule que je venais défendre ici, c’est moi. Parce que votre billet traite quand même relativement explicitement ses lecteurs de bas de plafond. Ne venez pas ensuite vous étonner qu’ils débarquent…
Non, vous vous trompez, la pratique n’a pas changé – en tout cas, elle n’a pas changé avant l’émergence du récit du selfie narcissique… La chronologie est implacable! (elle est livrée par la courbe que je mentionnais plus haut des Oxford dictionaries) C’est la condamnation médiatique (début 2013) qui fait exploser la courbe de l’usage du mot (et, on peut le supposer, de l’usage tout court…). Sans aller jusqu’à relire cet article (pourtant excellent), n’oubliez pas que je souligne que le discours de condamnation s’appuie sur une modification, un trucage de l’iconographie… On enlève tous les selfies qui ne conviennent pas, on garde ceux des petites nanas de 12 à 16 ans, et hop! on a convaincu tout le monde (vous aussi) qu’on est devant une grave dérive narcissique de la société!
Il y a incontestablement des usages narcissiques du selfie, qui concernent en effet au premier chef des adolescents – qui à vrai dire n’avaient pas besoin de ça pour être égocentriques… (donc si vous voulez condamner le narcissisme de la société, surtout ne regardez que les ados…). Mais le monde n’est pas constitué que d’ados, et même chez eux, il y a aussi de nombreux autres usages du selfie. Voire d’autres usages de la photo tout court, qu’on oublie aussi astucieusement de regarder! (Pourtant, si l’on prend au sérieux la statistique de Manovich/Tifentale, il reste donc 95-97% de photos qui ne sont pas des selfies, même sur Instagram…). Mais il n’y a qu’un récit du selfie, que vous reproduisez consciencieusement, celui de la vanité et de la condamnation morale…
« Pas bien neuf »? C’est aimable à vous de confirmer encore une fois mon analyse. En effet, comme je l’explique, ce récit correspond point par point aux caractéristiques de ce qu’on appelle en sociologie une “panique morale”, dont les exemples d’application au rock et à la pop music (cités dans mon article) ont été largement documentés par la recherche… Je ne peux donc en l’espèce revendiquer aucune originalité – sinon celle d’avoir publié le premier article scientifique français proposant de ranger le selfie dans cette catégorie…
Enfin, si j’ai pu donner l’impression de considérer les lecteurs d’OC comme « bas de plafond », je m’en excuse platement. Il est évident qu’il s’agit au contraire d’un groupe d’intellectuels charmants aux moeurs raffinées et au vocabulaire choisi, comme chacun s’en convaincra en relisant leurs commentaires si délicieusement nuancés… ;)
Ok, je comprends mieux que le discours de condamnation a précédé le changement de pratique.
Et donc, en fait, vous reprochez aux médias actuels (datant donc d’après l’apparition de la « dérive narcissique du selfie », pour faire bref) de ne pas faire ce que j’ai fait (mais que vous avez ignoré ostensiblement), c’est-à-dire distinguer plusieurs usages du selfie et n’en accuser qu’un d’entre eux de dérive narcissique (pas d’accord avec vous cependant pour en réserver l’usage aux ados).
C’est ça ou j’ai tout faux?
En passant, on pourrait vous faire le même reproche quand vous excluez les commentaires qui ne vous arrangent pas pour pouvoir traiter tous les lecteurs d’OC de crétins, ainsi que vous venez de le refaire (ah, c’est sûr, avec de l’ironie et un smiley, ça passe tout de suite mieux. Allez, je tente: « Vous avez donc été le 1er à publier en français que le selfie est une mode, avec les caractéristiques que cela implique. Je m’incline devant cet apport capital pour la sociologie. » ;) ).
Une chose continue de me chipoter : vous assimilez un peu vite, il me semble, chronologie et causalité. Ce n’est pas parce que qqch se passe avant autre chose qu’il en est la cause. Est-ce que parce que les médias ont condamné le phénomène que l’usage du mot selfie a explosé? C’est possible, et il faudrait le démontrer, mais pas obligatoire. C’est là dessus qu’on vous reproche le manque de données objectives, pas sur l’usage du selfie, comme vous faites semblant de mal le comprendre. Et si les médias en avait dit du bien? Ils auraient aussi contribué à propager le mot.
Enfin, bref, je veux bien convenir que le sujet est plus intéressant que ne laissaient supposer l’article de l’Obs et le billet d’OC. Mais j’aurais salué votre honnêteté intellectuelle si vous aviez reconnu qu’il y a deux-trois faiblesses dans le raisonnement et qu’on ne peut pas à la fois se faire mousser dans des médias grand public et ensuite se plaindre que les gens jugent votre travail sur cette interview et pas sur vos articles.
Je crois que j’ai démontré et justifié pas mal de choses. Cela ne suffit toujours pas – en tout cas pas pour vous éviter de voir la paille plutôt que la poutre… L’article de L’Obs n’est pas parfait, mais il a intéressé pas mal de gens de bonne foi, qui y ont trouvé matière à s’interroger sur le discours qu’ils lisaient un peu partout sur les selfies. Même cette discussion n’aura pas été inutile, car elle m’a donné l’occasion de clarifier plusieurs points. Notez bien que ce n’est ni à vous ni à moi d’apprécier l’utilité de mon article. Rendez-vous dans quelques années pour constater s’il aura été cité par d’autres chercheurs, contredit ou au contraire confirmé par d’autres analyses… Ainsi vont les sciences – où les controverses et les désaccords ne sont pas rares. Mais avec peu de respect et de curiosité, on fait des miracles…
Prendre au premier degré un article de l’OC, c’est quand même se tirer une balle dans le pied dès le départ… Que ce ne soit pas votre type d’humour, soit, mais j’espère que vous en avez assez cependant pour reconnaître qu’il (je parle de l’humour, mais de l’OC aussi) peut avoir un potentiel subversif assez explosif, plus important à mon avis que les selfies.
Je serais aussi assez curieuse d’entendre ce que vous entendez au juste par « subversif ». Si vous ne mettez derrière cet adjectif que ce qui part d' »en-bas » pour s’opposer aux puissants, excusez-moi mais c’est naïf. Et puis, que font facebook, Google ou les agences marketing de tout ce que les gens postent d’eux-même sur le net, vous croyez? Inciter les gens à faire la révolution? A être libres de leurs choix?
Par contre, si vous voulez dire par là « incite les gens à se faire leur propre opinion sur les choses et à ne plus se laisser manipuler ni par l’autorité en place (politique, mais aussi intellectuelle -« lol »), ni par la pression de groupe, ni par quoi que ce soit d’autre », c’est un peu plus intéressant, quoique toujours discutable. Je me fiche des selfies comme de l’an quarante, et puis ce n’est pas moi qui étudie le phénomène, mais il y a certainement matière à réfléchir sur le sujet.
N’empêche, je serais plus intéressée par une analyse du troll et par la panique morale qu’ils provoquent, eux. Rien que de s’entendre sur la définition promet d’être édifiant, sur le chapitre de la subversion et de la répression (pas seulement de la part des élites…) qu’ils tendent à susciter…
Ahhh je crois que j’entends venir les objections… Que je confond polémique et subversion… Et bien j’attends une explication sur les liens qu’entretiennent ces deux concepts avec impatience quand même.
Amusant de constater que l’emploi du terme « subversion » paraisse aussi …subversif. Pour ma part, j’en use selon les définitions courantes (voir p. ex. Wikipedia), qui y voient le renversement des valeurs établies. Ce que n’ont visiblement pas compris Odieux ou ses lecteurs (sans doute trop préoccupés de second degré), c’est que ce n’est pas moi qui décide si le selfie est ou n’est pas subversif. Simple observateur du champ culturel, je me borne à relever les réactions qui le jugent irrévérencieux, contraire aux normes de la bienséance, voire dangereux. C’est ce corpus qui est en tant que tel constitutif du phénomène de “panique morale” (voir Wikipedia).
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